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Volonté d’imposer Abdoulaye Sow à Kaffrine: Attention au Willane…blessé ! Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

Abdoulaye Willane est comme cet homme qui sent de sérieuses menaces sur sa vie…de maire de Kaffrine mais se donne les moyens pour ne pas “mourir”. Son futur bourreau Macky Sall a les cartes en main et un champion en la personne de Abdoulaye Saydou Sow. Willane est en mode résistance.

Le serpent de Khalifa Sall va-t-il mordre Abdoulaye Wilane ? Le maire de Kaffrine sent les choses venir. En homme politique averti, le-voilà qui « prévient pour ne pas guérir ».

 « Je ne peux pas être l’homme des grandes tempêtes et être en même temps l’homme des basses manœuvres », affirme-t-il, non sans courage, devant le président de la République venu inaugurer l’hôpital de Kaffrine qui porte le nom de Thierno Birahim Ndao.  Une allusion claire à la guerre ouverte entre lui et Abdoulaye Sow, ministre de l’Habitat et responsable très influent de l’Alliance pour la République (Apr) à Kaffrine. Willane qui ne veut pas “se laisser abattre” est conscient que Sall était aussi “chez lui” en tant que leader de la coalition Benno Bokk Yakaar (Bby) et de l’Apr pour adouber un membre de son camp. D’ailleurs, il n’a pas manqué d’insister, dans son discours, sur la nécessité d’une “union sacrée” pour une “victoire éclatante” aux prochaines locales. Sall a surtout tenu à expliquer, non sans regret, que si Abdoulaye Sow n’a pas pris la parole, c’est que le protocole ne le lui permet pas. Un clin d’œil appuyé à son poulain qui avait joué les grands rôles pour la “forte mobilisation inédite”.

Une “attitude partisane” dénoncée par le porte-parole du Parti socialiste (Ps) bien avant l’événement.

“Macky Sall ne se comporte plus en chef d’Etat, mais en chef de parti », avait-il martelé lors d’une rencontre locale avec des jeunes de son parti. Avant de renchérir : « Il a intérêt à discipliner ses ministres et ses fonctionnaires ».

« Trop c’est trop, Macky Sall : en ce qui nous concerne, il ne saurait être question d’accepter une telle chose. Parce qu’ils ont porté Macky Sall au pouvoir ».

De la résistance face à la toute-puissance…

Abdoulaye Willane pourrait-il sortir indemne d’une confrontation avec Abdoulaye Saydou Sow, le “champion” de Macky Sall ? Dans son discours de haute facture, lors de l’inauguration, Willane a réussi à dire “ses vérités” à Sall, en évitant de le froisser. Un exercice difficile qui a été possible grâce à sa maîtrise du contexte, des codes, du lieu et du moment. Le député-maire a ainsi essayé de se singulariser. Même ses militants, nous apprend-on, étaient habillés en vert, couleur de sa formation politique le PS. Histoire de montrer sa force et sa volonté “à faire face”.

« Les maires sont patrons de la coalition Benno Bokk Yaakar dans la commune », se convainc-t-il. Mais il est fort peu probable que cette logique soit respectée.

Le cas échéant, l’attitude à adopter devrait impacter sur Benno Bokk Yakaar. Willane compte sur la direction centrale de son parti pour “obtenir gain de cause”. Celle-ci est-elle prête à s’opposer à Macky Sall pour sauver un membre éminent de leur dispositif ? Difficile de ne pas penser à l’affaire Khalifa Sall qui avait fini par prendre ses distances d’avec ses camarades pour rester maire en 2014. Willane a certes le courage de croiser le fer avec le camp d’en face mais a-t-il pour autant les moyens de sa  témérité ? Face à la toute-puissance de l’État central qui se donne les moyens de donner des moyens à un candidat, il est presque désarmé.  C’est ce qui explique ses déclarations iconoclastes : à propos de l’hôpital considéré comme un bijou, il dit : « Cet hôpital manque d’équipement, n’a pas d’eau et le personnel n’a pas encore été affecté ».  Il poursuit dans son démantèlement : « La sphère administrative de Kaffrine, les travaux sont à l’arrêt depuis la visite du chef de l’Etat à l’occasion de sa tournée économique ».

Un Willane même blessé ou vaincu peut faire mal.