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Maïga : Pour toutes les bourses

Société-Le Maïga dakarois pour nantis et pauvres

De la gastronomie à bon prix

Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du desk Société

Dans la banlieue de Guédiawaye, à 22 heures, la rue est animée. Des voitures stationnées sur les trottoirs font dévier les piétons. Avec ces derniers, les véhicules partagent la route.

Sur l’allée de Ndiarème Limamoulaye, une odeur épicée embaume les alentours. Le flair des gourmands est titillé. C’est un endroit bien connu des jeunes et de certains vieux. Communément appelé “Maïga“, la place attire par son odeur. De loin, on aperçoit les raffoleurs de maïga juste à l’entrée.
À travers le rideau fait de tapis multicolore, des clients passent leur commande, d’autres ont déjà terminé leur assiette. L’odeur panachée à l’étroitesse du lieu se refoule dans les parages.
Des étagères remplies de pain font le décor des murs. Une table en bois au milieu bordée par des bancs sur les trois côtés accueille les clients.
En face de la porte, un jeune homme s’affaire à la cuisson. Des pots de lait concentré sucré, des brochettes de viandes, des œufs, des frites de pomme de terres, de l’oignon découpé, des assiettes et des épices remplissent la table.
Des clients viennent s’installer autour de la table. L’un d’entre eux passe sa commande : frites, spaghetti, brochettes et omelette.
Manipulant son téléphone, ce client semble bien être à l’aise dans cette petite gargote. À peine servie, notre cible commence à se remplir le ventre tout en glorifiant les mets du vendeur de maïga. C’est au tour d’un autre client qui vient d’être servi.
En effet, la particularité de ce lieu et celle des plats vendus sont une énigme pour certains.
Après avoir terminé son plat, le sieur est prêt à discuter. Interpellé sur le choix de ces genres d’aliment, il répond : “Le goût est unique chez les maïgas. En plus de la rapidité du service de cuisson, tout le monde peut se l’acheter. En tout cas, je n’ai pas 10.000 fr pour m’acheter du dibi, mais j’ai mes 1.000 fr pour m’offrir un luxe.”
Notre interlocuteur nous fait savoir que la nourriture vendue chez les maïgas n’est pas mieux que celle vendue dans les restaurants et fast-food. ” C’est juste le prix et le cadre qui diffèrent”, soutient-il en rotant.
À côté de ce dernier, un vieux savoure gracieusement ses brochettes de viande avec de la moutarde et de la mayonnaise. Le vieux, du nom de Gorgui Dieng, est un habitué des lieux, mais par circonstance : il est célibataire et vit en location dans la banlieue de Guédiawaye. Après ses dures journées de labeur dans les rues de Dakar en tant que marchand ambulant de produits insecticides, il se donne le bonheur de manger de la viande aussi petite soit-elle en quantité chez le maïga. “Au temps, entrer au maïga était un luxe que les pauvres se procuraient mais maintenant c’est devenu trop cher et les classes moyennes et les aisés y font des commandes”, avance le vieux Gorgui.
Perlant de sueur, le propriétaire du maïga nous balance une information malgré les petites cuissons : “Beaucoup de nos clients disent : “Je veux du maïga ” ; en effet, la nourriture ne s’appelle pas maïga. C’est plutôt le vendeur qui s’appelle Maïga”, affirme le vendeur de maïga. Il poursuit : “Les vendeurs de ce type d’aliment qui se sont installés en premier dans la capitale dakaroise avaient comme noms de famille Maïga. C’est au fur du temps que le nom de famille Maïga s’est répandu et est attribué à la nourriture vendue par les Maïga”.
Que le milieu soit appelé maïga ou la nourriture elle -même, le maïga est apprécié dans la banlieue surtout par les jeunes. On lui donne même la patronyme de Tangana.

 

Khadidiatou GUEYE Fall