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Tournées économiques: Thilogne Maayi ? De notre correspondant à Matam, Habi KÂ, Thilogne

Dimanche 14 juin 2015, lundi 14 juin 2021. Six ans après, l’histoire se répète sur les ruines d’une commune fantôme.

Décidément ! Serait-on tenté de se laisser convaincre que Macky Sall, avec tous les efforts sacrifiés, ne réserve à l’ancienne capitale administrative du Bosséa que misère et désolation.

14 juin 2015, suite à un point de presse organisé dans une enceinte privée, avec une autorisation accordée par le sous-préfet des Agnams, trois jeunes enseignants et un commerçant furent incarcérés trois jours, avant d’être présentés devant le juge du tribunal départemental de Matam pour être condamnés à six mois avec sursis, pour troubles à l’ordre public.

Le 15 du mois de juin ne fait pas bon ménage avec la ville de Thilogne. Ce jour-là, un giga-meeting de plus de 100 millions de francs cfa était organisé à sept kilomètres de là avec des avions et bus climatisés réservés, des lutteurs comme Eumeu Sène, Balla Gaye 2, des chanteurs-animateurs dont Mbaye Guèye Faye, plus de cent boeufs immolés, des retransmissions en direct sur deux grandes chaînes de télévision. Il se sussurait que le maître des lieux était en bisbilles avec le président de la République pour une nébuleuse à parfum d’escroquerie, selon un journal de la place, et qu’il était dans une stratégie de redorer son blason quand de petits poucets se sont mis sur sa route à brouiller sa stratégie de communication.

15 juin 2021, encore un quinze juin, le président de la République s’est laissé convaincre, par Farba Ngom et certains proches, que le département est dans leur poche, que tout baigne dans l’huile dans son titre foncier, alors que le malaise était patent et crevait les yeux.

Le potentat local était obligé d’envoyer à l’avance dans trois bus, les nervis faire le bon boulot, avant le passage du convoi. Thilogne, Boyinadji, la ville du ministre conseiller du président Macky Sall et maire de Nabadji Civol, que des pancartes attendaient pour dire qu’il dégage.

Le maire Moussa Bocar Thiam, actuel Agent judiciaire de l’Etat, n’est pas lui non plus logé à meilleure enseigne :  il est talonné par un certain Alassane Thiam de l’Artp et des jeunes de Fouta Tampi qui ne lui accordent aucun répit.

Les jeunes réclamaient d’être écoutés, d’être le porte-parole d’un jour des doléances légitimes des populations.

Doléances, du reste, en parfaite phase avec les programmes du PUDC et du PSE, et des conclusions du conseil présidentiel dédié à la jeunesse.

Dommage que Thilogne n’est pas Guédé Chantier, où le président Macky Sall a écouté pédagogiquement un représentant des jeunes, comme un fils ; ce qui aurait épargné à l’étudiant Abdoul Latif Aidara d’être arrêté et au musicien hip hop Al Daalal Ac, Abdoul Qadiri Mbow à l’état civil, brutalisé.