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Si vous êtes “Incompris” à Blaise Senghor

Théâtre sur scène à Blaise Senghor

” Incompris ” !

Cette fois-ci, les rideaux n’ont pas eu besoin d’être tirés ; le public est entré en salle découvrant les deux comédiens sur la scène, une cellule de 3 m2 au milieu de la salle de spectacle du Centre culturel régional Blaise Senghor. ” Incompris “, un spectacle inédit qui a mérité une pluie d’acclamations provenant du public exprimant sa satisfaction envers les comédiens: Balla Diop et Anael Nkeoua dit Prince Art. Le pitch étant : un citoyen d’Afrique centrale qui se retrouve incarcéré dans une prison de haute sécurité après des accusations de tentatives de meurtre. La rencontre avec son co-détenu change complètement sa vision du monde : malgré les accords et désaccords, celui qu’il croit être un tueur à gages n’est rien d’autre que l’inspecteur ripoux chargé de son interrogatoire. Il s’en sortira indemne parce qu’étant homme de conviction. Juste pour explorer les méthodes de collectes de données des services de renseignements, mieux redonner la gloire à la justice quand elle a tort. Logique qui nous a conduit à la transformation du dénouement avec la libération du détenu 2023.
L’interrogatoire se poursuit avec le dramaturge Anael Nkeoua et le metteur en scène par Samba Mbalo.

Entretien dirigé par Chérifa Sadany Ibou-Daba SOW,

Cheffe du Desk Culture

Incompris ? Expliquez-vous !

” Incompris ” est une pièce de théâtre écrite par un artiste passionné de l’art dramatique (Théâtre, danse, poésie et écriture). Ça parle de tout sauf de rien, c’est une panoplie de sujets qui entourent le monde (des arrestations arbitraires, conflits religieux etc…).

Qu’est-ce qui vous a inspiré à écrire cette pièce (” Incompris “) ?

Disons ce qui se passe actuellement dans le monde : les guerres, le racisme, l’immigration clandestine et puisque cela troublait mon inspiration, fallait donc déverser celà dans une feuille blanche et vierge pour qu’il soit utile en étant déviergé ,; qu’est-ce que je raconte ? (lol…)

Samba Mbalo, vous êtes le metteur en scène d’« Incompris » ; pouvez-vous revenir sur votre note d’intention ?

Quand l’auteur du texte m’a sollicité, j’ai dit oui sans avoir encore lu. Une marque de confiance que j’accorde à tous les jeunes auteurs dramatiques et comédiens. Deux jours plus tard, j’avais lu le texte et, plongé dans cette histoire carcérale, je me suis dit que les similitudes avec la situation actuelle du pays m’obligeaient à mettre en scène ce spectacle.

Comment le travail de mise en scène a-il-été organisé ?

Certes, l’idée de départ était magnifique, mais j’ai été confronté à un problème de réalité avec l’auteur qui mettait plus en avant des positions du point de vue de l’Afrique centrale destiné à un public ouest-africain. Les questions ethniques et religieuses n’ont pas la même portée au Sénégal et au Congo. Du coup, la case réécriture avec l’auteur s’imposait et a donné une version encore plus intrigante, notamment la fin. Un mois de travail aura suffit, avec mon assistant Willy Wandianga, le travail défini était de faire un traçage intégral, créer du rythme à partir des propositions de déplacement avant d’agir sur la direction des comédiens.

Un spectacle vivant, des dialogues, des répliques époustouflantes faisant rire inlassablement le public. Quelles astuces avez-vous utilisées ?

La lecture rapide, les actions introspectives et la logique parallèle sont les outils que j’ai utilisés pour installer le texte et le jeu dans cette grille. Les propositions de scénographie et de lumière ont bouclé cette conviction que j’avais au départ : permettre au public sénégalais de découvrir la psychanalyse du renseignement à travers l’histoire d’un agent double dans une cellule en plein désert. C’est donc mêler la question du Sahel à l’instabilité en Afrique centrale pour faire résonner la voix du peuple.

Vous avez certainement un but qui conditionne votre œil artistique et sensibilité, n’est-ce pas Samba ?

Effectivement ! Animé par un sentiment de révolte vis-à-vis de la gouvernance, il était important pour moi de conduire les comédiens sur quelque chose de drôle qui frôle la satire, là où le texte reste dramatique et parfois chaotique.

Dites-nous Prince, avez-vous choisi de jouer dans la pièce dont vous êtes le dramaturge ?

Oui, puisque je me voyais le principal personnage qui a le monopole de s’exprimer sur ces sujets. Et aussi qui déplore ces pratiques maladroites d’immigration clandestine. On a beaucoup à dire mais…

Et vous Samba, oú est-ce que vous trouvez les ressources permettant au public de vous comprendre dans votre intention ?

L’être humain devient humain quand il invente le théâtre ; alors, en tant que metteur en scène, je trouve les ressources dans la pensée des comédiens pour produire un condensé mouvements verbal et non verbal que le public perçoit comme logique ou cohérent.