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Sénégal : Sortir de l’impasse politico-judiciaire

Sortir de l’impasse politico-judiciaire

Pathé Ndiaye veut aider à sortir des ornières et pose au moins quatre conditions :

Nécessité d’accepter le principe du Dialogue ;

Créer une organisation ad hoc neutre chargée de l’organisation et de la direction du Dialogue ;

Ne pas poser de préalables à satisfaire avant le Dialogue ;

L’engagement du Président de la République à appliquer ou faire appliquer toutes les décisions consensuelles issues de ce dialogue.

Pathé NDIAYE

Président du Parti pour le Développement et la Renaissance du Sénégal (P.D.R.S).

Membre de TAKHAWU SENEGAL.

Email : pathe55ndiaye@yahoo.fr

 

Il faut reconnaitre que nous sommes dans une véritable impasse politico- judiciaire ou judiciaro-politique, c’est selon… !

Depuis mars 2021, le Sénégal est dans une situation sociale perturbée par des procès civils, « interpersonnels » que sont des accusations de viol et de diffamation en principe faciles à régler dans le temps en principe. Mais « indénouables » du fait de l’intrusion de la politique politicienne et du régime ou pouvoir en place, pour ne pas dire l’État.

L’implication d’hommes politiques du régime actuel dans les procédures de ces deux procès ne peut être niée !

Depuis deux ans, le Sénégal vit dans une tension latente permanente qui va crescendo et devient plus intense dès qu’on s’approche d’une audience fixée : magasins et commerces fermés, de même que les écoles, lycées, universités, les services publics à l’arrêt ou au ralenti, sur plusieurs jours !

 Le niveau de l’activité économique aura baissé évidemment ! les effets sur notre PIB et le taux de croissance de l’économie se manifesteront sans aucun doute de manière négative !

Comment en finir avec cette situation délétère, à 9 mois des élections présidentielles !

Allons rester dans cette situation jusqu’à quand ?

Même si des élections se tiennent dans ces conditions en février 2024, il n’est pas sûr que nous sortirons de cette impasse !

A ces procès devenus politiques , de par l’implication évidente du « politique » , s’ajoutent :

        • Le débat sur la constitutionnalité du 3e mandat du président Macky Sall ;
        • L’absence de consensus sur le projet d’amnistie de Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall ;
        • L’opportunité de maintenir le système de parrainage actuel voire le parrainage lui-même ;
        • L’opportunité de l’audit du fichier électoral ;
        • Les problèmes créés du fait de la courte période d’ouverture de l’inscription sur les listes électorales.

En somme, jusqu’à présent, les conditions de préparation et d’organisation des élections du 24 février 2024 ne sont pas définies, ou allons-nous y aller dans les mêmes conditions qu’en 2019 ?

Toutes ces questions ne sauraient être laissées telles quelles sans solutions consensuelles qui régiraient les élections de février 2024 !

Et à mon avis ce sont ces questions essentielles, avec peut-être d’autres qui pourraient s’y rajouter, qui devraient faire l’objet d’un dialogue entre les partis politiques !

Le problème est que le président Macky Sall a lancé un appel, une invite au dialogue assez vague, sans préciser depuis lors le contenu, laissant libre cours à des divagations sur le contenu, les objectifs, les modalités de ce dialogue.

Chaque leader de parti ou candidat déclaré y est allé avec ses idées, ses préjugés, son vécu et ses expériences des dialogues précédents qui, il faut l’avouer, n’ont pas abouti à grand-chose. Les questions ci-dessus sont restées en l’état.

Ainsi, le refus d’aller au dialogue est l’opinion de la majorité de la classe politique.

Un bon nombre de ces leaders de partis ou candidats estiment qu’il y a des « deals » ou accords secrets entre le pouvoir et certains leaders qui ont déclaré répondre favorablement à l’invite au dialogue du président Macky Sall.

On se parle par media interposés ! Et les media y vont aussi de leurs analyses et interprétations plus ou moins crédibles des déclarations des responsables de partis et leaders d’opinion.

En somme, nous sommes dans une situation de manque de communication et de blocage du processus qui devrait aboutir à un règlement consensuel des questions et problèmes qui sont un obstacle à des élections démocratiques, inclusives, et transparentes.

Pour sortir de cette impasse, je me permets de faire les propositions suivantes :

  • Nécessité d’accepter le principe du dialogue :

Dans toutes les démocraties, le dialogue est une institution reconnue, une méthode de régulation sociale et politique qui permet de régler bien des problèmes sur la base d’un consensus.

Répondre à une invitation de dialogue n’est pas se compromettre, ni renier ses convictions politiques, ni rejoindre le camp du pouvoir ou « transhumer » !

L’engagement à répondre à une invitation au dialogue ne signifie pas accepter tout d’avance. On y va pour trouver des solutions consensuelles à des problèmes politiques sérieux qui ne doivent pas être tranchés par la force.

S’il n’y a pas d’accord consensuel, chaque partie est libre de se retirer.

Il est nécessaire de lever ce préjugé de compromission sur le dialogue !

  • Créer une organisation ad hoc neutre chargée de l’organisation et de la direction du dialogue :

Cette organisation ad hoc serait chargée d’arrêter les termes de références du dialogue, après échanges et concertation avec toutes les parties. Puisque le contact direct entre les différentes parties est difficile voire impossible actuellement, vu les tensions politiques et sociales.

A notre avis, il serait préférable que cet organisme ad hoc chargée de l’organisation et de la direction du dialogue soit composé d’hommes et de femmes proposés par les principaux groupes à inviter au dialogue, soit BENNO, YEWWI ASKANWI, le PDS et ses alliés le F24 sur la base des critères ci-dessus à respecter par chaque groupe dans leur choix, à savoir :

  • La neutralité, non appartenance à un parti politique ;
  • La notoriété et l’intégrité morale de la personne reconnues ;
  • Une expérience professionnelle et un parcours méritoire reconnus ;

Des personnes (hommes et femmes) satisfaisant ces critères, engagés sur les problèmes de société, existent dans notre pays.

  

  • Ne pas poser de préalables à satisfaire avant le dialogue : Comme le renoncement au 3e mandat, l’arrêt des procès plus politiques que judiciaires contre Ousmane Sonko, la libération des détenus politiques, etc. Toutes ces questions jugées préalables par certains partis pourraient et doivent être discutées au cours du Dialogue pour aboutir à des décisions consensuelles.
  • Il revient au président de la République, initiateur du dialogue, de concrétiser son invite, en mettant en place cette organisation ad hoc et en proposant à cette dernière un projet de termes de référence à faire examiner par les autres parties, et trouver un consensus.

A notre avis, il nous faut éviter la forme de dialogue vécue en 2019, présidée au palais par le président de la République lui-même qui avait choisi lui-même les invités et les thèmes à débattre.

Actuellement, le président de la République, étant à la fois chef de parti, de coalition ou de groupe politique, est concerné, et partie aux débats.

Et il s’agit surtout de questions pré électorales et électorales présidentielles !

Il ne serait pas judicieux qu’il soit juge et partie !

  • L’engagement du président de la République à appliquer ou faire appliquer toutes les décisions consensuelles issues de ce Dialogue.

VIVE LE SENEGAL !