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Ramadan 2021 : clients et commerçants en accord parfait ? Et si chacun se mettait à la place de l’autre ? Chérifa Sadany SOW

Avril n’est pas le mois du poisson, mais celui des légumes. Une aubaine pour ce mois de Ramadan et pas qu’un peu !

Ce n’est pas évident, plonger dans plusieurs crises : sanitaires comme politiques et en sortir sans conséquence. Les Sénégalais sont dans la débrouillardise depuis longtemps. Ils ne vont pas supporter une quelconque hausse du prix des denrées de première nécessité pendant le Ramadan. Aux commerçants alors de faire gaffe.

Le Ramadan est un mois béni où sont prônés la solidarité, le partage et la bienfaisance. Ce qui laisse espérer que le marchandage entre les clients et les commerçants sera fructifié.

Depuis deux semaines, une forte disponibilité des légumes est ressentie dans les marchés. Le prix des légumes par exemple a quasiment baissé. 300 francs le kilogramme. Une baisse qui concerne les légumes frais : chou, carotte, aubergine, navet, tomate, citron, piment, poivron, betterave… et qui coïncide avec le mois de Ramadan. Ce n’est pas du hasard ! En se basant sur le calendrier des fruits et légumes du Sénégal, on se rend compte que ces légumes sont en période d’abondance au mois d’avril, ce qui justifie la baisse. Mais quoi qu’il en soit, les ménages en profitent, et pas qu’un peu.

« Je me suis ravitaillée en légumes avec trois mille francs seulement et je ne manque de rien. Au marché Gueule Tapée, tu peux voir des étalages de légumes dont le prix commence à partir de cent franc CFA alors qu’au début, le kilo de carotte ou chou était de cinq ou six cent francs. Du coup, les légumes que j’ai achetés, je pourrai les utiliser pendant vingt jours durant le mois de Ramadan puisque je gère une petite maison qui ne contient que cinq personnes et que je ne cuisine pas souvent du riz », informe Codou Ndao, jeune ménagère.

Le Ramadan représente un fort potentiel commercial pour les supermarchés, les Auchan. Ces derniers, victimes de saccages lors des manifestations en mars 2021, n’ont pas carrément repris leurs activités. Par exemple au magasin Auchan de la cité Soprim, la signature du violent saccage y est toujours marquée. L’Auchan est fermé et sa fermeture attriste Madiyou Laye Diop.

« L’accessibilité de la charcuterie m’attirait à Auchan. J’y venais avec mes frères tous les dimanches matin, pour faire des courses pour une semaine pendant le Ramadan. Cette année, avec ce problème qui nous a couté sa fermeture, je risque de me rabattre sur les marchés qui ont une grande différence avec Auchan. C’est vrai qu’il existe d’autres encore ouverts, mais leur emplacement est loin de là où j’habite, et c’est aussi un problème. »

Il n’y a pas que la nourriture qui compte pendant le Ramadan, les vaisselles aussi. Les carafes, tasses et corbeilles à pain sont des ustensiles qui rassurent le plus à quelques minutes de la rupture du jeûne. Tous les marchés en approvisionnent, notamment le marché de Grand-Yoff. Là-bas, le prix y est plus accessible. C’est pour cette raison que Modou Sarr en profite pour faire son propre business.

« J’ai une dame qui me donne des marchandises à des prix accessibles et je les revends dans mon quartier. Par exemple, si elle me vend les tasses à cinq cents francs, je les revends à six cents francs. Bien sûr que les gens l’achètent, ce sont de bonne qualité et ils savent faire le bon choix », dit-il persuasif.

La plupart des Sénégalais font du mois de jeûne un temps fort commercial où tous les produits : alimentaires, électroménagers, etc. se vendent et s’achètent. Ce qui fait que durant le Ramadan, le budget alimentaire des familles musulmanes augmente, preuve que le mois du jeune fait toujours recette.