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Presse : Les mêmes mots, les mêmes maux

Journée mondiale de la Presse

Particularité : précarité

Les mêmes mots pour les mêmes maux

 

Le 03 mai est la date dédiée à la Journée mondiale de la Liberté de la Presse. Dans le monde entier, cette journée est une occasion de signaler les manquements du secteur de la presse. Au Sénégal, le rapport publié par la Convention des Jeunes reporters du Sénégal donne un aperçu sur la précarité de la presse et les conditions de travail de certains journalistes et techniciens de médias;  celui de Reporters sans frontières en donne un autre sur un autre angle. Les acteurs de médias interpellés par ces associations confirment les manquements dans ledit secteur au Sénégal.

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

La journée mondiale de la liberté de la presse est une occasion pour les acteurs et les médias sénégalais de faire le point sur les progrès qui ont eu lieu et les choses à améliorer.

Au Sénégal, la période préélectorale a prouvé que la liberté de la presse n’est pas totalement acquise : des vidéos montrant des journalistes brutalisés dans l’exercice de leur fonction ont fait le tour du net. Dans le rapport de Reporters sans frontières (RSF), le Sénégal quitte la 103ème position. Les études menées offrent au Sénégal la 94ème place parmi les 180 pays concernés dans le classement mondial. Reporters sans frontières a abordé dans son rapport les arrestations fréquentes des acteurs de la presse entre 2022 et 2023.

D’après RSF, “si 2022 a été marquée par une recrudescence des arrestations et de la violence – menaces verbales et physiques – contre les professionnels des médias, au moins une dizaine de journalistes ont été arrêtés en 2023. Tous ont obtenu une liberté provisoire ou une amnistie”. Le Reporters sans frontières a signalé une insécurité grandissante pour les journalistes locaux et internationaux. Il indexe les forces de l’ordre et les acteurs politiques sur la provenance de cette insécurité. L’organisation en question refuse de cautionner ces dangers qu’encourent les acteurs de la presse alors qu’un arsenal juridique favorise l’exercice de la profession de journaliste. Pour Reporters sans frontières, la protection de la liberté de la presse ne pourrait être moins qu’une loi sur l’accès à l’information.

Dans l’aspect économique, la Convention des Jeunes reporters du Sénégal partage le point de vue de Reporters sans frontières : En dehors des médias du secteur public et de quelques groupes de presse privés, un modèle économique pérenne fait défaut pour les médias au Sénégal. La vente des journaux ne règle pas les coûts de fonctionnement, l’aide à la presse n’est pas suffisante et la publicité reste mal répartie, avec une importante part captée par les médias publics”, lit-on dans le rapport de Reporters sans frontières.

Cette analyse confirme les études menées par la Convention des Jeunes reporters du Sénégal sur les conditions de travail des journalistes et techniciens de médias. Il est précisé dans le rapport : “Alors que c’est l’une des conditions obligatoires pour qu’on puisse parler de contrat de travail, l’enquête a révélé que 31,5% des travailleurs ayant répondu au questionnaire n’ont pas de salaire. 68,5% sont rémunérés“. Ceci montre le niveau de précarité dans laquelle sont les acteurs de la presse. Au-delà des disparités notées sur la rémunération, il y a le phénomène de l’exploitation des stagiaires qui afflue de jour en jour dans les médias sénégalais. Le manque de prise en charge médical est encore un autre souci.

Il est précisé dans le rapport que 86% des travailleurs dans les médias n’ont pas de prise en charge médicale. En parallèle, le rapport révèle 31,7% des acteurs qui ont répondu au questionnaire ne sont pas des salariés. Ce qui conforte l’existence d’une exploitation dans le secteur.

Par ailleurs, les journalistes et techniciens de médias déplorent les horaires de travail qui dépassent parfois les 8 heures de temps convenues à la convention collective.

La liste étant exhaustive, ce sont de nombreux problèmes dont souffre le secteur de la presse au Sénégal. Cette journée de liberté est précédée par la journée mondiale du travail, l’occasion pour le secrétaire général du Synpics, Bamba Kassé, d’interpeller le président Bassirou Diomaye Faye sur la précarité du secteur de médias. Le secrétaire général du syndicat des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (Synpics) a profité de la cérémonie de remise de cahier de doléances pour lister tous les maux des médias. Pour les acteurs, la prise en compte des manquements afin d’y remédier fait partie des plus urgents.

Khadidiatou GUEYE Fall