GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Présidentielle : Par A et B

Présidentielle

Macky Ba Campagne

Le revirement spectaculaire de l’Alliance pour la République en faveur du candidat de la majorité et l’implication subséquente du président Macky Sall devraient convaincre du souci de la majorité de conserver son bien, quitte à poursuivre la pacification de l’espace socio-politique après le 24 mars.
Certes, malgré la valse-hésitation de l’Apr, le chemin de croix du candidat de Benno fut parsemé de démonstrations de force dans ses pérégrinations vers le Nord avec de belles démonstrations des leaders locaux, surtout au Fouta : alliés convaincus (Cheikh Omar Anne) ou de circonstance (Abdoulaye Daouda Diallo) ont réussi une mobilisation encore jamais atteinte. C’est comme illuminé d’ailleurs par le Podor que Amadou Bâ a rompu la glace en affirmant à Abdoulaye Daouda Diallo qu’ils gagneront et géreront ensemble ; du même souffle, le candidat d’une majorité retrouvée se fend d’une main tendue au Parti démocratique sénégalais aujourd’hui dans la tourmente, les militants se dispersant sans attendre le mot d’ordre du patriarche.

Le début chahuté de la campagne du candidat de Benno avait suscité plus d’inquiétudes des observateurs que de certitudes, moins sur la capacité du candidat à faire face que par crainte de sanction interne à la formation majoritaire. Le ralliement de certaines vedettes et autres patrons d’entreprise indique peut-être la direction du vent à ceux qui cherchent le vent. La décision du président de la République d’envoyer tout le monde au charbon renseigne peut-être sur la volonté de Benno d’arriver enfin à l’unité.
Macky Sall dans la bataille doit conduire à la victoire ; Amadou Bâ doit désormais placer son discours un peu plus loin, un peu plus haut, un peu plus fort et balayer vers le futur, vers l’unité des Sénégalais traumatisés et un nouveau deal ou contrat social à la Rousseau.
Dans leur grande dignité et sagesse, les Sénégalais n’ont pas forcément besoin de pain dont la recherche incombe à chaque responsable mais de Paix et de conditions d’unité et de cohésion : la solidarité de Elisabeth Diouf est un puissant levain ; elle est à date un slogan qui a résisté à l’usure du temps, même si le partage semble équivoque depuis l’arrivée des Libéraux ; pour l’ancienne Première dame de la balle au panier, il s’agissait simplement de rompre ensemble le pain quotidien. Il n’en demeure pas moins que les années 90 à 2000 sont celles où le maître mot était “Ensemble”, base de la société et vérifié aussi bien en Europe qu’aux États-Unis : de Nicolas Sarkozy à cet homme coloré qu’est Donald Trump, le “nous” conjonctif était de mise. Comme cette image d’un François Mitterrand portant un enfant dans ses bras avec un lever de soleil derrière : Abdou Diouf l’a également utilisée ; depuis, chaque candidat se croit obligé d’ouvrir la voie à l’avenir.

Les politiques prennent d’assaut la ville abandonnée par l’électeur chassé par la faim, la soif, la promiscuité et l’absence de sécurité, entre autres, au profit de la campagne.

La victoire est signée : il suffit de la rendre belle.

Pathé MBODJE