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Poésie : La fée de Niayes

Poésie

La fée de Niayes

La fée habitait ces contrées depuis des temps immémoriaux.
Elle n’était pas la belle au bois dormant et avait pour compagnons nos alizés et dunes mouvantes.
Sa musique était le souffle du vent à travers les filaos échassiers du rivage Atlantique.
Les paysans de Lompoul et Djogo, ses compagnons, écologistes avant l’heure, ne l’avaient jamais blessée ni dégradé son environnement dans cette nature fragile.
Un jour zircon et ilménite y ont fait leur apparition pour le malheur des Niayes.
Ni champs, ni lacs et encore moins pâturages ne furent épargnés.

Tout fut ravagé par les engins maléfiques d’une entreprise venue des forges de Vulcain.
Tous les jours, comme un anaconda géant, un train à la longueur infinie allait et venait, amenant une partie de son âme féerique au port pour être chargée dans les géants des mers en partance pour d’autres mondes.
Depuis, désespoir et errance parasitent sa vie et celles de ses amis qui vivent cloîtrés entre quatre murs au bord de la grande route.
Ils ont oublié lacs, filaos et alizés.

Il ne leur en reste plus que de vagues souvenirs qui s’estompent avec le temps.
La fée, elle, est partie se réfugier dans de lointaines constellations, perdues dans l’immensité cosmique.

Ababacar Sadikhe
Dakar 18 janvier 2024