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Mois de la femme : Même marmite, même sauce

Mois de la Femme

Les mêmes revendications toujours à l’ordre du jour

L’autorité parentale, la principale

Le mois de mars ne passe jamais inaperçu : comme chaque année, au Sénégal, ce mois dédié aux droits de la femme fait parler. Les revendications des femmes de l’année passée sont celles de l’année actuelle. Dans les entreprises et structures englobant en leur sein des femmes, le mois y est célébré. Cette année, la donne a changé. En effet, le mois consacré aux droits des femmes vient dans un contexte plutôt particulier. La période de crise et pré-électorale donne à ce mois une autre perception des revendications.

Par Khadidiatou GUEYE Fall,
Cheffe du desk Société

Cette année, pour célébrer leurs droits, les femmes ont changé de pied. Le ton a aussi changé en prenant de la hauteur. Le rythme du plaidoyer a pris l’ascenseur. C’est par le sens du poil qu’elles caressent. Aujourd’hui, elles tapent sur la table et haussent le ton. Elles exigent une ratification de la Convention 190 de l’Organisation internationale du travail (Oit), une révision de l’autorité parentale, le droit de pension pour les enfants de la défunte, la solidarité entre femmes est mise en avant.

De part et d’autre dans le monde et particulièrement au Sénégal, des femmes engagées portent le combat. Lors d’un panel dénommé “Talataye Nder” organisé le 7 mars par les femmes de l’ex-Pastef, l’activiste Yolande Camara n’y est pas allée par deux chemins. Elle a listé toutes les formes de discriminations basées sur le genre que les femmes subissent dans la société sénégalaise. Yolande a dénoncé également l’inégalité salariale dans la mesure où dans les entreprises, les hommes perçoivent plus que les femmes qui pourraient avoir les mêmes compétences et les mêmes diplômes. A l’instar des autres femmes panélistes, le plaidoyer a été axé aussi sur l’autorité parentale. Dans son allocution, l’activiste Yolande Diatta a mis l’accent sur l’autorité parentale et le manque de solidarité entre les femmes. Selon Yolande, une femme devrait pouvoir sortir du territoire sans avoir recours à une autorisation du père de famille.

Dans cette même logique, une autre femme juriste liste les revendications qui tiennent plus à cœur. D’après la juriste Amy Fall Ndiaye, le 08 mars est une journée de rassemblement à travers le monde et l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes. « Saviez-vous que même face à un père démissionnaire, ce dernier est le seul détenteur de l’autorité parentale, ce qui entraîne l’obligation pour la mère d’acquérir une autorisation signée par le père pour quitter le territoire national ? », interpelle la juriste Mme Ndiaye.
Notre interlocutrice déplore le folklore qui est mis en exergue lors du mois de la femme mais salue l’initiative de la minorité qui revendique ses droits. « Traditionnellement, les groupes de femmes militantes préparent des évènements partout dans le monde pour fêter des victoires et les acquis mais aussi pour faire entendre leurs revendications. C’est sur ces revendications là que je voudrais attirer l’attention de toutes les femmes Sénégalaises. Nous cotisons le même montant que les hommes au Fonds national de retraite et, après notre décès, ni nos époux, ni nos enfants ne bénéficient de cet argent sous forme de pension ; la question que je me pose est de savoir où va cet argent », s’indigne Mme Ndiaye.
La juriste interpelle les femmes sur cette forme de discrimination flagrante.

Pour Fat Mbengue, une Lougatoise faisant la navette entre Dakar et Louga, les femmes sont exposées à l’agression, aux violences et au harcèlement. « Les femmes subissent au jour le jour des violences. Que ce soit les femmes professionnelles ou les ménagères, elles en sont victimes à la moindre occasion. Le cas le plus patent est sur le net. Combien de femmes ont été brutalisées durant les manifestations pour ne citer que ces scènes visibles ? Dans les foyers, les femmes vivent la violence au jour le jour. Les harcèlements, n’en parlons pas. Pour vous, dire que jusqu’en 2024, les femmes sont victimes de violences », déplore-t-elle.
La commerçante pense que cela doit cesser : « Parfois, c’est à elles de s’armer de courage pour que cela cesse. Elles doivent se battre pour leur sécurité, mais aussi elles doivent se battre pour sauvegarder ce niveau une fois franchi. Le tout dans la solidarité entre femmes, c’est juste ce qui nous manque pour atteindre nos objectifs dans ce combat ».

La clé de la motivation pour gagner ce combat a été soulevée par Fat Mbengue. Il s’agit de la solidarité entre femme : la solidarité serait certainement la clé qui donne accès à toutes les portes derrière lesquelles les femmes ont longtemps patienté.

Khadidiatou GUEYE Fall