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Maternité/Vie professionnelle : Le Congé Au Débat

Maternité/Vie professionnelle-La rallonge du congé           

de maternité, le vrai combat

Entre travail et progéniture, les femmes se perdent

 Le congé de maternité de trois mois ne suffit pas pour un bébé qui, en dehors du lait maternel, a besoin de la présence maternelle

Pendant le mois de mars, les femmes ont listé leurs doléances ; mais les trente jours du mois ne suffisent pas pour revendiquer tout ce qu’elles réclament. Il est constaté que la question du congé de maternité revient de plus en plus et met les femmes dans une position inconfortable car devant choisir entre le travail et le bien-être de leur bébé. Pour certaines femmes, le combat est de rallonger le congé de maternité de six mois pour la quiétude de la mère et le bien-être de l’enfant.

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

La question du congé de maternité était très peu abordée lors des séances de revendications des droits de la femme. Pourtant, c’est un sujet assez sensible qui devrait être au centre des revendications. Étant de trois mois, la durée du congé de maternité ne suffit pas pour un bébé qui, en dehors du lait maternel, a besoin de la présence maternelle. Certaines femmes, après trois mois de congé, se détachent difficilement de leur enfant, et reprennent le travail de peur d’être licenciées.

Ce genre de discrimination agit sur la conscience de la femme qui préfère prendre le travail au-dessus de son enfant. Non seulement elles souffrent de ce détachement, mais elles rencontrent également des problèmes pour la garde de leur enfant.

Mame Fama Ndiaye est animatrice de projet à Fimela. Accouchée il y a deux mois, elle reprend le travail malgré elle. Affectée hors de Dakar, sa région d’origine, elle a dû amener son bébé avec elle pour la tranquillité de sa conscience. Pour Mame Fama, la situation est insoutenable car elle cumule le manque de sommeil avec les nuits blanches de son bébé, le travail au bureau et les tâches ménagères de son appartement. « Si ça continue ainsi, je risque de craquer et de perdre mon boulot. Les femmes comme moi doivent mener le combat à se niveau», explique Mame Fama Ndiaye.

Sokhna Aïcha, mère d’un petit, est passée dans la même situation que Mame Fama. « Moi, j’avais un emploi qui me permettait de faire du télétravail. Même pour le télétravail, c’était difficile : je vivais seule avec mon mari et mon bébé sans une aide-ménagère. Donc je devais m’occuper de la maison, de la cuisine, de mon enfant, du travail et de mon mari dès son arrivée à la maison. Si j’avais un congé de six mois, cela m’aurait permis de gérer un enfant beaucoup plus mûr qui irait à la crèche. A mon avis, un enfant de deux ou trois mois n’a de place qu’à côté de sa mère et non à la crèche », raconte Sokhna Aïcha. Elle avance que les féministes doivent axer leur combat dans ce sens. Sokhna Aïcha poursuit : « Normalement, si la loi le prévoit, on peut laisser les femmes prendre suffisamment de temps pour la maternité avant de retourner au boulot sans avoir peur de perdre leur travail ». En comparaison avec la situation en France, Sokhna Aïcha fait savoir que les femmes peuvent disposer d’une indisponibilité d’un an et après reprendre le poste ; l’entreprise embauche juste une vacataire en attendant. Notre interlocutrice dénonce la situation professionnelle des femmes sénégalaises qui, de plus en plus, ont la trouille de tomber enceintes en début de contrat par crainte d’être licenciées. Selon Sokhna Aïcha, « la question du congé de maternité est le combat que les féministes doivent mener parmi tant d’autres. On n’a pas droit à des indemnités de maternité, ni des allocations santé, on n’est pas protégées dans le milieu professionnel, on n’a pas l’autorité parentale, etc.. ».

En Afrique, certains pays ont adopté cette loi permettant à la femme d’assister son enfant pendant un an.

Marie Annick Thiam travaille au Maroc depuis plus de quatre ans. Elle s’y est mariée avec un Sénégalais avec qui elle a eu un petit garçon. Marie Annick n’a jamais su qu’au Sénégal, son pays natal, la durée du congé de maternité n’y est pas prolongée. Contrairement, au Maroc, « nous avons la possibilité de prendre jusqu’à une année entière » signale Marie Annick Thiam. « Cette pression sociale, elle est réelle et très pesante…. Le mariage sénégalais est plus que difficile, tu dois tout faire selon ta belle-famille, chercher leur approbation dans tout ce que tu fais, et sérieusement, je me dis que les femmes sénégalaises sont des robots avec leur travail d’à côté et le devoir de compenser la journée de son enfant parce que tu étais partie au travail », dénonce-t-elle.

La force déployée pour se faire entendre sur les questions de l’avortement en cas viol ou d’inceste, le partage de l’autorité parentale et autres doit être exercée sur le sujet du congé de maternité. Beaucoup de femmes abandonnent leur emploi au profit de leur enfant ; certaines d’entre elles souhaitent qu’il y ait des crèches dans les entreprises pour le maintien de la gent féminine en milieu professionnel.

Pour rappel, en 2022, un pas a été franchi sur le travail de la femme enceinte avec l’adoption du projet de loi n° 31/202. Avec le nouveau régime, l’espoir est permis aux femmes de bénéficier d’un congé de six mois.

Khadidiatou GUEYE Fall