GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

Macky Sall : Canal démission

Macky Sall

Canal démission

Ne poussez pas Macky Sall dans ses derniers retranchements : il promet une fumée blanche en partant le 02 avril, sous entendu que la Présidentielle aura lieu entre-temps et son successeur élu.
Certes, il a démissionné de l’essentiel en refusant de s’assumer, se réfugiant derrière un énième dialogue dont personne ne veut d’autres que les conspirateurs du 03 février. Du reste, son raisonnement hellène ne tient pas la route quand il prétend ramener un décret qu’il avait révoqué et que le Conseil constitutionnel a ramené de force le 15 février. Le Conseil lui rappelle Gide en effet  : “Mon œuvre est terminée, il suffit de l’écrire” ; autrement dit, l’élection est là depuis le 20 décembre, renforcée par le 15 février et subséquent : il suffit de l’organiser. L’électeur sur les nerfs n’a pas relevé l’évolution de son discours quand l’inclusiveté s’arrête aux participants au dialogue des 26 et 27 février. Sourire en coin, il s’interroge sur ceux qui n’y seraient pas. Ni le cadre, ni le format ne se prêtaient à la solennité des grandes décisions et le président de la République s’est plu à vendre la rumeur qui avait anticipé sur les points de l’entretien.

La décision 1/C/2024 du 15 février 2024 du Conseil constitutionnel précise en son article 2 que “La loi portant dérogation aux dispositions de l’article 31 de la Constitution, adoptée sous le no 4/2024 par l’Assemblée nationale, en sa séance du 5 février 2024, est contraire à la Constitution”. Et d’enchaîner subséquemment et conséquemment en son article 3 : “Le décret no 2024-106 du 03 février 2024 portant abrogation du décret convoquant le corps électoral pour l’élection présidentielle du 25 février 2024 est annulé”. Pourquoi convoquer ce qui est là déjà ?

Au total, un législatif et un exécutif censurés auraient dû s’autodissoudre : Macky Sall censuré le 15 février dernier par le Conseil constitutionnel aurait dû démissionner ; il aurait ainsi le choix de son successeur, Abdou Mame Diop, président de l’Assemblée nationale, et la date, six mois après le constat de la vacance du pouvoir. Surtout, il aurait la stature de ce grand homme, le général de Gaulle, qui, en pareille circonstance, avait mis Alain Poher en selle.

Prenant acte du résultat du Référendum constitutionnel français de 1969, de Gaulle annonce sa démission le 28 avril 1969 à minuit dix, par un communiqué laconique depuis Colombey-les-Deux-Églises :

« Je cesse d’exercer mes fonctions de président de la République. Cette décision prend effet aujourd’hui à midi ».

Last but not least, il aurait redonné un nouveau lustre au Sénégal : le pays a été largement chahuté par le plus petit roitelet sous-régional, régional, continental et intercontinental qui ont traité le Sénégal et son chef de tous les noms d’oiseaux.
Il faut dire que les Sénégalais eux-mêmes ont passablement desservi l’image de leur pays ces dernières, en menant visiblement des combats par procuration.
Ce qui s’est fait le 03 février avec le renvoi du collège électoral est le chant du signe du pouvoir et de tous ceux de la proximité du pouvoir : beaucoup estiment une alternance obligatoire pour la Présidentielle, Macky Sall ayant vendangé toute chance pour le candidat de la majorité, Amadou Bâ, désigné le 9 septembre et objet aujourd’hui de quolibets et de querelles internes à la majorité ; la dissidence organisée ou comme défiance est un signe de faiblesse du pouvoir à ordonner ses troupes : les départs après l’annonce du candidat de Benno, le 9 septembre, est un doigt d’honneur à Macky Sall dont la faiblesse dans la gestion des hommes a pu être interprétée comme une combine ailleurs.

Pathé MBODJE