Livre : Homère Seck, chapitre 7
Livre-Pathé Mbodje : Abdourahmane Seck Homère. Le passé décomposé-Mémoire et souvenirs. Juillet 2020. (Épuisé).
Chapitre septième
La Tombe Inconnue Du Soldat Ou
La renaissance du soldat inconnu
En juillet 2019, Abdourahmane Seck Homère a subi la douleur de l’évocation. La mémoire avait enfoui ce qu’il fallait bien évoquer pour exorciser la douleur ; ce fut une période terrible pour ce lutin qui mit près de cinq mois à assumer son burn out : tant qu’il s’est contenté des anecdotes et souvenirs de sa vie, Abdourahmane Seck Homère a répandu la bonne humeur autour de lui ; de lire sa vie l’a plongé dans une émouvante méditation sur le sens de la vie, plus dans son acception symbolique, philosophique, que synchronique.
En juillet 2019, il reçoit le premier draft du présent ouvrage et change littéralement. D’abord, comme à l’accoutumée, il se rend aux Lieux Saints de l’Islam. Mais ce pèlerinage 2019 est consacré exclusivement à la mémoire de ses parents pour lesquels il formule des prières particulièrement émouvantes. Puis il s’enferme comme une huître, tout entier en proie à sa fièvre de l’évocation. Quatre mois après, on pouvait encore sentir les trémolos dans sa voix, davantage quand il s’est agi d’aller visiter la tombe de son ancien combattant de paternel.
Il n’y pas de soldat inconnu ; tout élément du corps, quel que soit son genre, est sorti d’un nid d’amour pour honorer un moment d’unité autour d’un drapeau pour défendre un territoire au nom de la dignité humaine. Il est vivant à travers les générations.
La tombe de l’ancien combattant Saliou Seck est plus dans les cœurs ; elle n’est pas celle du contingent de la classe 98 parachuté à la hâte en Guinée-Bissau de Ansoumana Mané avec une formation bâclée de 6 mois ramenée à trois. Ce combattant est sans matricule : pendant les deux ans qu’il est resté au front, il a été payé sur le numéro de son arme. Il en sera ainsi pendant dix ans. Il sera libéré sans pension, lui qui percevait cinq cents francs par jour.
En guise de conclusion
Homère Transfiguré
Par Le Siècle
Le second pôle de Dakar était prévu à Bambylor ; c’est le plan directeur de “Dakar 2025” dont Abdourahmane Seck Homère a parlé : les techniciens de l’époque n’auraient jamais proposé de créer une ville dans une zone secouée et déséquilibrée par la faille géologique Sébikhotane-Yenn. On prétendra par la suite que l’aéroport était un choix de Me Wade. Acceptons.
L’étude du second pôle aurait disparu entre les administrations Diouf, Wade et Macky Sall, c’est-à-dire à chaque alternance qui en chasse une autre, et on n’aurait jamais songé solliciter un brain-storming avec des intervenants par un appel à contribution autour du projet. La proximité entre l’ingénieur devenu président de la République et le beau-père n’a donc pas opéré en l’espèce avec le choix de Diamniadio, logique, à l’analyse. Diamniado, dépendant des terres de Bargny, était en effet une halte, un lieu de transbordement et d’éclatement avant terme (croisement Diamniadio) pour le nord ou le sud, ce qu’il est encore resté : en faire une aire de rassemblement, de jonction, de brassage et de dispersion le renvoie bien à sa perception sociale.
L’histoire du développement du Sénégal se décline par ères successives mais non cumulatives, renvoyant bien à « La structure des révolutions scientifiques » de Thomas Kuhn : chaque mémoire trouve son fagot dans la période Blaise Diagne, Galandou, Lamine Guèye, Senghor, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade et Macky Sall, compartimentant ainsi et excluant ensuite ; c’est « Le Sénégal de … » qui a vu en 2020 ce qui ne s’était jamais vu depuis deux cents ans d’histoire. De la sorte, des pans entiers de l’histoire du Sénégal disparaissent ou s’interprètent selon les tendances politiques du moment. S’effacent alors des efforts de développement de la période 70-90 qui expliquent les activités de Abdourahmane Seck Homère.
On le perçoit uniquement à la faveur de l’alternance de 2012 qui a grossi l’individu et non l’agent transfiguré au service de la Nation. Agent compétent, il a servi plus par amour que par devoir. Ainsi par exemple du projet de route Dakar-Saint-Louis des années 80 ; le nom, “La route de Malaw”, est révélateur d’une volonté de justice et d’indépendance qui explique a priori la rencontre dix ans plus tard avec Iba Der Thiam : le champion de la problématique du Parrain posait un acte d’un nationalisme pur revenant sur la surimposition d’une force coercitive et réhabilitant ainsi le patrimoine historique sénégalais.
Malaw, c’est, pour ceux qui ne savent pas, le cheval du Héros national Lat-Dior Diop Ngoné Latyr qui s’était opposé à la présence étrangère symbolisée par une voie de chemin de fer que l’animal refusait de franchir. La chanson de geste est d’autorité culturelle : Malaw n’a pas vu les rails du chemin de fer.
Senghor et Pacheco avaient tablé sur l’An 2000 pour établir au moins la rampe de lancement du Sénégal ; Abdourahmane Seck Homère et ses contemporains, plus techniques, ont demandé au milieu des années 80 une rallonge de 25 ans avec le Projet “Sénégal 2025”. La haute administration sénégalaise retiendra 2035 ; les vues développées, en plus de la Stratégie de lutte contre la pauvreté, corrigent le plan « Yonou yokouté » du candidat Macky Sall arrivé au pouvoir en 2012 avec le Plan « Sénégal Émergent » diversement apprécié aujourd’hui mais que le Fonds monétaire international fait valider par les nouvelles autorités, même sous le vocale de “Projet pour le Sénégal émergent”.
Le XXème siècle sénégalais a débuté avec l’indépendance ; les acteurs de l’époque avaient compris leur devoir historique devant Dieu et les hommes. Ils ont mis toute leur technicité au service d’un État qu’ils se sont engagés à servir avec honneur, loyauté et amour. Ils ont jeté les bases d’une amélioration de la vie de leurs concitoyens qui sont encore aujourd’hui le substrat sur lequel s’appuie chaque administration. Ils ont été l’État dans sa continuité quand le politique a imposé des ralentisseurs pour justifier la prégnance du politique sur le scientifique.
Les trois dernières sourates du Saint Coran suffiraient, dit-on, pour exaucer toutes les prières : Ikhlass, Falakhi et Nass. Le troisième verset de Ikhass consacre l’unicité de Dieu dans la verticalité et l’horizontal. On précise toutefois que le Créateur a son Élu, Mahomet, le Prophète (Paix et Salut sur Lui) ; quelques exégèses avancent aussi que Dieu a ses protégés, les orphelins, qu’il couvre. Il en serait de même pour Abdourahmane Seck Homère : sous plusieurs aspects et en divers moments du territoire professionnel, des hommes de Dieu lui sont apparus, du vieux Diouma Bâ de la période de la rénovation de Saint-Louis, à l’inconnu de Bambey qui a expliqué le choix de Maïmouna comme marraine d’une de ses filles, aux tout-derniers moments de sa vie professionnelle, de Saint-Louis à Diourbel, avec l’honorable Demba Khol, le vénéré Thierno Dieng de Darou Khoudoss, des membres éminents des familles religieuses au Chérif que Abdourahmane Seck Homère refuse de nommer. Ces rencontres doivent donner matière à réflexion.