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Le président face à sa pire crise: Comment Macky pourrait s’en sortir Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

Les graves événements qui ont suivi l’arrestation d’Ousmane Sonko, ont fortement perturbé la “quiétude” du président Macky Sall. Il doit changer de fusil d’épaule pour s’en sortir.  Un changement dans ses cordes. Vouloir, c’est pouvoir.

Sûr de son fait, Macky Sall affirmait le 31 décembre 2020 qu’il ne voulait même pas voir les “morceaux de tissu rouges”, moyens de contestations en vogue sous Wade. Une illustration de son opposition à toute opposition ? Nous étions nombreux à le penser. Les manifestations violentes particulièrement meurtrières de mars ont eu raison de son engouement synonyme d’excès de confiance.

Pourtant, le  quatrième président de la République du Sénégal, devait avoir une claire conscience du mécanisme familier, qui a favorisé son avènement. N’est-il pas plus élu contre Abdoulaye Wade que pour lui-même ?

C’est en cela que les déficits et urgences qui sont en réalité comme le creux de son triomphe avaient pour noms : bonne gouvernance, indépendance de la justice, redressement de l’économie, reprise en main du système éducatif, de la santé, du foncier et, par-dessus tout, le nécessaire réajustement des relations avec le peuple dans le sens du respect strict de sa souveraineté. Hélas, la rupture tant prônée, la “gouvernance sobre et vertueuse”, la “patrie avant le parti” ont été des slogans très chahutés.

Sall réélu en 2019, a pris l’option de supprimer le poste de Premier ministre, moins d’un an après, avant de “remercier” des “figures de proue” de son régime comme Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Ba, Oumar Youm et Matar Cissé. Sans passer sous silence les “victimes” du troisième mandat à l’image d’Aminata Touré, de Moustapha Diakhaté, Me Moussa Diop. Ceux-ci vont-ils revenir ? Une forte probabilité.

Faire… pour se parfaire…

Les conséquences de cette “histoire privée” de viol devenue publique et mondialement connue, ont été une vraie piqûre de rappel, qui bien décryptée, peut permettre au président de la République de se ressaisir. Comment faire pour parfaire son image et sortir haut les mains en 2024 ?

Grillé par la crise Macky Sall semble être conscient que la décrispation est la voie idéale pour s’en sortir.  La libération d’Ousmane Sonko à la fin de sa garde-à-vue a été un acte apaisant. Celle des “prisonniers politiques” devrait consacrer la désescalade. Sur un autre registre, si le Chef de l’État explique à une délégation de la Société civile qu’il n’a jamais affirmé qu’il ferait un troisième mandat, on note une évolution de son discours.  Annoncer dans les prochains jours qu’il n’est nullement question pour lui de se représenter à une élection présidentielle, pourrait “relâcher” la pression et lui permettre de mieux se consacrer à ses multiples projets pour l’épanouissement des Sénégalais. Dès lors, la suppression d’institutions budgétivores telles que le Conseil économique, social et environnemental (Cese) et le Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), pourrait être une mesure forte.

Des têtes devraient aussi être “coupées”. Celle du ministre de l’Intérieur qui n’a pas su prévoir les choses mais qui s’est surtout singularisé dans une gestion approximative de la crise. Celle du ministre de la Justice au cœur des choses. Au-delà du factuel, ces deux départements stratégiques doivent être occupés par des personnalités de la société civile “chargées d’élaborer des réformes ambitieuses, comme le note une contribution d’intellectuels qui vivent en France.  Un changement au ministère de la Justice “viserait à en garantir l’indépendance vis-à-vis du pouvoir exécutif et à assurer un meilleur accès des citoyens à une justice équitable. Celle du ministère de l’Intérieur concernerait la police nationale et aurait pour but, entre autres, d’améliorer la formation des agents et de fournir un cadre permettant de sanctionner les bavures”.