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Le piège diplomatique ukrainien

Le piège diplomatique ukrainien

La guerre en cours entre la Russie et les Occidentaux (ou l’OTAN) par l’Ukraine interposée est un supplice infligé à l’humanité et tous les pays en sont victimes, directement ou indirectement.

Le plus éprouvé étant sans doute l’Ukraine pays dans lequel se déroulent les hostilités avec leurs cortèges de destructions, de souffrances et de malheurs. Seuls peuvent se réjouir, de cette dérive meurtrière de l’humanité ceux qui ont eu ainsi l’opportunité de tester, en conditions réelles de guerre, leurs nouvelles armes, systèmes de collecte et de transmission d’informations, etc...,
et aussi une occasion d’affaiblir un adversaire voire un ennemi potentiel.
Il est essentiel de se rappeler que ce qui se passe est quasiment une guerre civile au sein l’ancien espace soviétique et comme dans tout conflit de cette nature il y’a des déchirures humaines, notamment d’ordre familial, d’où encore une pénibilité morale supplémentaire.
Nul ne peut exclure des manipulations par les services secrets de certains pays de groupes qui, par des manœuvres de déstabilisation, ont écarté l’équipe gouvernementale de ce pays qui avait choisi la coopération avec la Russie. Rappelons qu’à l’époque, face à la crise financière de l’Ukraine, la Russie était disposée à apporter à son voisin une aide multiforme dont une à dimension financière.
Cette orientation n’était pas du goût de tous.

Révolution ou coup d’État 

Toujours est-il que l’équipe issue des élections fut évincée en février 2014 par des activistes qui ont bénéficié ouvertement du soutien des Occidentaux, malgré des accusations de crimes racistes dont ils sont l’objet et autres méfaits comme le développement de réseaux nazis avec tout ce que peut symboliser cette idéologie dans ces zones où les sévices des adeptes de l’hitlérisme ont laissé des souvenirs de terribles souffrances.
Le souhait du général de Gaulle d’une Europe allant de l’Atlantique à l’Oural était en voie de concrétisation avec le développement des échanges et de la coopération.
Toutefois, cette perspective n’était pas favorablement vue par certains pays qui peuvent être identifiés en  rappelant  leurs positions et attitudes face aux projets majeurs de coopération russo-européenne. Cette hostilité était très perceptible à propos  du gazoduc Nord Stream 2.
Les accords de Minsk de septembre 2014 préconisant la neutralité de l’Ukraine et l’autonomisation de ses provinces orientales, majoritairement peuplées de russophones objets de discrimination et de mauvais traitements, ont été remisés à l’initiative des occidentaux.
Aujourd’hui, le piège se referme sur l’Europe qui est dans une situation de tension, d’insécurité grandissante et d’une récession économique qui risque de perdurer.
Par ailleurs, alors que de nombreux pays européens sont confrontés à des problèmes sociaux primordiaux comme le logement, l’emploi des jeunes, le dérèglement climatique, le dysfonctionnement des systèmes de santé etc…., un consensus des politiques semble privilégier l’augmentation des dépenses militaires.
Bien entendu, les équipements qui seront achetés dans ce cadre seront acquis auprès des industriels américains de l’armement, appartenance à l’OTAN oblige, une réalité qui indique clairement la fin des projets européens dans ce domaine.
La France, qui a suivi l’OTAN sans la moindre réserve et rompant ainsi avec une longue tradition gaulliste, pourrait voir son industrie de l’armement se réduire comme peau de chagrin et perdre une partie de son indépendance militaire.
Le président ukrainien apparaît régulièrement sur les médias occidentaux pour se réjouir des coups portés contre l’armée russe. Les autorités européennes en font de même et annoncent périodiquement de nouvelles sanctions contre la Russie.
Des événements particulièrement graves se sont récemment produits et qui semblent donner une irréversibilité à la rupture quasi-totale des relations entre l’Europe occidentale et la Russie.
Il s’agit du sabotage des deux gazoducs qui acheminaient le gaz russe vers l’Ouest auquel il faut ajouter la destruction d’une portion du pont de la Crimée, ouvrage symbolique et d’importance majeure pour la Russie.
Ces faits semblent indiquer une évolution vers une guerre totale qui pourrait aboutir à l’engagement d’armes nucléaires ne serait-ce tactiques.
Voilà où le manque d’anticipation et clairvoyance des Européens a conduit le monde.
En ce qui concerne l’Afrique, nous avons vu le ministre des affaires étrangères ukrainien y mener une tournée en passant par le Sénégal auquel il a été reproché une abstention lors d’un vote a l’ONU sur le conflit en cours.
Certainement l’objet de cette visite est nous pousser à nous ranger du côté de l’Ukraine.
Y répondre favorablement serait tomber dans un piège diplomatique qui obèrerait nos véritables intérêts.
Objectivement, cette abstention est justifiée car la meilleure attitude est de ne pas prendre partie dans ce différend et rester disponible pour participer à toute initiative qui pourrait conduire à l’apaisement.
À ce propos nous saluons la sagesse de autorités sénégalaises.

Ababacar Sadikhe DIAGNE

Ingénieur diplômé de l’Ecole Nationale de

l’Aviation Civile (ENAC) Toulouse France

et du Massachusetts Institute of Technology (MIT) Cambridge, USA.