Le chef de l’Etat a fait faux bond aux sinistrés de Keur Massar: Jeudi dernier, le président n’était pas dans une forme de représentation symbolique et n’a toujours pas conscience de la pleine mesure de la situation Par Fanny Ardant
Le paraître est très important en politique. Mais le président Macky Sall semble s’en soucier peu. Sinon comment expliquer que le père de la Nation, pour se rendre au chevet des sinistrés de Keur Massar, se mette sur son 31 ?
Décryptage avec Momar Thiam, conseiller en communication.
C’est avec le costard et les chaussures bien serrées que le président Macky Sall s’est rendu à Keur Massar pour constater les dégâts causés par les pluies diluviennes. Un habillement qui n’aurait pas attiré l’attention de l’opinion publique et des observateurs politiques si c’était dans une rencontre institutionnelle ou à ces rencontres de la CEDEAO auxquelles il aime bien assister.
Sapé de pied en cap, le chef de l’Etat a fait faux bond aux sinistrés de Keur Massar. Macky Sall a fui les eaux des pluies en refusant de se frotter avec les sinistrés. Et pourtant, ces derniers l’attendaient pour s’enquérir de leur situation ; au finish ils n’ont vu que l’ombre du président de la République. Ce qui fait dire à Momar Thiam, conseiller en Communication, que le chef de l’Etat, « dans son habillement et son comportement, n’était pas dans une posture de chef des Armées pour donner des directives et instructions pour que la question soit réglée ».
« Effectivement, Macky Sall s’est rendu à Keur Massar en costume et pas en costume cravate. Ce qui n’est pas forcément un habillement de circonstance quand on va dans des zones inondées. Parce que dans les zones de tensions, on dit souvent que le président de la République c’est le chef des Armées et que, dans certains pays, il s’habille même en tenue militaire », analyse le sieur Thiam.
Poursuivant, il rappelle que pourtant quand il s’agissait « de ce fameux tuyau de la Sde qui avait éclaté vers Kayar et que Dakar est resté sans eau potable quasiment depuis une semaine, le président s’était rendu à l’époque accompagné de Aminata Touré, en tenue militaire. Ce qui avait attiré l’attention des observateurs et de l’opinion pour faire dire que le président s’en va en guerre. Et donc du coup, quand il se met dans cette représentation militaire, on sent nettement qu’il prend la pleine mesure de la situation et qu’il est venu non seulement pour constater mais pour donner des directives et instructions pour que la question soit réglée ».
Mais tel n’était pas le cas avec cette visite de Macky Sall : non seulement une solution dans l’immédiat n’a pas été proposée, mais le chef de l’Etat s’est permis, face aux grands maux des sinistrés, de les inonder de promesses et s’en est allé. En effet, à la place d’une solution conjoncturelle, le chef de l’Etat a annoncé l’érection de Keur Massar en département après avoir constaté de visu les inondations dans les bas-fonds de la zone.
Ce qui fait dire à notre interlocuteur que le président était en quelque sorte « en balade, d’autant plus qu’on lui avait aménagé l’espace », avant de souligner que « c’est la raison pour laquelle qu’à chaque fois qu’il y a des inondations et qu’il se rend dans ces zones en costume, les observateurs ont le droit de se dire que le président n’est pas dans une forme de représentation symbolique qui, par ricochet, interpelle l’opinion sur la pleine mesure de la situation qu’il a prise ; pour tout analyste de la scène, Macky Sall était jeudi quelque part en balade, d’autant plus qu’on lui avait aménagé l’espace. Qui est tout à fait conforme au protocole. D’autant plus que c’est au moment où il s’envolait au sommet de la CEDEAO justement qu’il a eu les fortes pluies : l’opinion est en droit de se dire quelque part que le président néglige plus ou moins la situation. Et donc on se rend compte qu’il ne s’agit pas en termes de communication d’aller sur place et d’avoir la représentation symbolique ».
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