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L’Algérie et la Loi “Cadres”

Hydrocarbures en Afrique

 

L’Algérie, pays pionnier dans la formation des cadres techniques 

Le Bâtiment central de l’INHC de Boumerdès où était installé en 1962, le GPRA. Nos salles de cours et toutes les Chaires de l’INHC se trouvaient dans ce Bâtiment central. Tout à fait au bout du Bâtiment central se trouvait le mythique espace «  Sénégal-Midi ». Les étudiants sénégalais de l’INHC se retrouvaient tous les jours après le déjeuner à la cantine au lieu-dit «Sénégal-Midi »
De grandes discussions et de grands débats étaient organisés à «  Sénégal-Midi »…

La grande fresque réalisée par un artiste de l’ex-URSS qui a su représenter, à merveille, l’Algérie et les richesses de son sous-sol (pétrole et gaz entre autres).

Bâtiment central de l’INHC

L’expérience algérienne dans le domaine de la formation aux métiers de l’industrie du pétrole et des hydrocarbures en général a été remarquable et elle le demeure. Cette expérience devrait être mieux connue et partagée.
Au lendemain de l’indépendance de l’Algérie, après la signature des “Accords d’Evian’’ en 1962, l’Algérie a créé, en 1964, le Centre africain des Hydrocarbures et des Textiles (CAHT), sur le site même de Boumerdès, une ville située à quarante-cinq (45) kilomètres à l’Est d’Alger, la capitale. La superficie de Boumerdès, ville qui appartient à la Grande Kabylie, est de 1.456 km2 avec 100 km de profil littoral. Les premiers ingénieurs algériens du pétrole et du gaz ont été formés au sein du CAHT.
Le premier ingénieur géophysicien sénégalais formé au CAHT a été feu Séga Sow ; il a exercé les fonctions de directeur technique de la SONAFOR, à son retour au Sénégal.
A la demande de SE l’Ambassadeur du Sénégal en Algérie, Charles Delgado Freire, (ci-contre) qui venait d’être nommé en Algérie par le président Léopold Sédar Senghor, feu Séga Sow avait accepté de rentrer au Sénégal et de se mettre au service de son pays. Paix à ces belles âmes.
L’Algérie a su développer des systèmes de coopération très riches et très originaux avec l’ex-URSS pour le CAHT devenu, en 1974, l’INHC, et la France, avec la création de l’Institut algérien du Pétrole (IAP) en 1965 qui a formé également de nombreux ingénieurs sénégalais en Géophysique, en Chimie industrielle, en Raffinage-pétrochimie.
Plusieurs ingénieurs sénégalais ont été formés à l’INHC dans différentes spécialités : la géologie pétrolière, le raffinage du pétrole et du gaz, la synthèse pétrochimique (pétrochimie), l’automatisation et la régulation, l’économie pétrolière, la géologie minière. Les premières promotions d’ingénieurs sénégalais issues de l’INHC, après celle du CAHT, sont sorties en 1979.
L’Algérie a formé des ingénieurs du pétrole et du gaz en provenance de nombreux pays d’Afrique et du Moyen-Orient : le Mali, le Congo, le Tchad, le Niger, la Mauritanie, la Guinée, le Sénégal, l’Angola, la Tunisie, le Gabon, la Palestine, le Bénin, le Burundi. Mais aussi en provenance de la Roumanie, du Vietnam, de Cuba. Un système de bourses algériennes avait été mis en place et il fonctionne toujours.
Comme rappelé récemment au cours d’un Forum qui s’est tenu à Dakar, lorsque l’Algérie a nationalisé les ressources de son sol et de son sous-sol, le 24 février 1971, le Centre africain des Hydrocarbures et des Textiles avait eu le temps de former, avec la coopération russe, les premiers ingénieurs algériens du pétrole et du gaz sur le sol africain et la relève des ingénieurs étrangers sur les champs pétroliers et gaziers du Sud algérien a été assurée par les ingénieurs formés au CAHT à partir de 1964, et ceux de l’IAP à partir de 1965, dans différentes spécialités : le forage des puits de pétrole et de gaz, la géologie, la production des hydrocarbures, l’exploitation des gisements de pétrole et de gaz, la mécanique des chantiers pétroliers, la chimie du pétrole, la chimie industrielle, etc…
La relève a été assurée sur les champs de pétrole et de gaz de Hassi Messaoud, de Gassi Touil, de El Borma, de Hassi Chergui, de Nezla, de Hassi R’Mel (gaz naturel), des usines de liquéfaction de gaz naturel de Arzew, des raffineries de pétrole de Hassi Messaoud, d’Alger, etc… La raffinerie d’Alger a été inaugurée le 15 avril 1964. Il faut rappeler que la raffinerie de Dakar (SAR) a été inaugurée le 27 janvier 1964 par le président Léopold Sédar Senghor.
L’Algérie a construit le premier oléoduc de 805 km entre Haoud El Amra et Arzew (port d’exportation du pétrole brut) ; la SONATRACH qui a longtemps assuré la tutelle du Centre africain des Hydrocarbures et des Textiles (CAHT) devenu en 1974 l’INHC a été créée le 31 décembre 1963. Il s’agit de la société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures (SONATRACH).
L’Algérie, grâce à tous ces outils, dispose d’une grande maîtrise de l’ensemble de la chaîne des opérations pétrolières. Un grand laboratoire national de la SONATRACH a été créé à Boumerdès et il couvre les analyses de toute la chaîne pétrolière, de l’amont à l’aval. L’histoire pétrolière de l’Algérie et son expérience mériteraient d’être plus amplement connue et partagée.
Il faut rappeler, et peu d’africains le savent, que Boumerdès (ex-Rocher Noir), a accueilli sur son sol le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) après la signature des “Accords d’Evian’’ le 18 mars 1962. Le Bâtiment administratif de l’INHC (ex-CAHT) abritait précisément le GPRA en 1962… Il est classé au patrimoine national ainsi que la célèbre “Salle des Actes’’ dont la façade a accueilli la grande fresque réalisée par un artiste de l’ex-URSS qui a su représenter, à merveille, l’Algérie et les richesses de son sous-sol (pétrole et gaz entre autres).
Les anciens étudiants et stagiaires sénégalais en Algérie ont été les premiers en Afrique à se doter d’une organisation, l’Association des Anciens étudiants et Stagiaires sénégalais en Algérie (l’AAESSA), qui a été créée en 1991.
Le projet de création d’une Association africaine qui regrouperait les associations de chaque pays est toujours à l’étude : il sera réalisé afin de respecter les vœux formulés dans le poème du président Léopold Sédar Senghor en 1945 :« Et donne à leurs mains chaudes qu’elles enlacent la terre d’une ceinture de mains fraternelles ». Qu’il nous soit permis d’écrire : “des mains fraternelles pétrolières et gazières’’…

 

Vovo Bombyx
6/12/2023