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Karim, Khalifa, Sonko: Le menu salé de Macky… Par Mame Gor NGOM, Rédaction centrale, Le Devoir

C’est le statu quo : Karim Wade condamné par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei) reste inéligible ; Khalifa Sall condamné à la suite d’un rapport de l’Inspection générale d’État (IGE) est dans la même situation. Même si tous les deux ont été graciés dans des conditions rocambolesques, leur statut n’a pas changé. Quid de Sonko ?

Ces derniers temps on a beaucoup disserté sur la possibilité d’une amnistie de Karim Wade et de Khalifa Sall mais les conclusions du dialogue national censées trouver une solution à ce problème sont muettes. C’est donc à Macky Sall, président de la République, de trancher. Seront-ils amnistiés pour pouvoir participer à la prochaine présidentielle ? Il est clair que le leader de Benno Bokk Yakaar qui cherche à ratisser large aimerait qu’au moins un de ces deux leaders le rejoigne. Ce n’est pas par hasard si à Thiès il a évoqué non sans humour “Gloria” qui devrait rendre plus agréable le “Mburu ak Soow” en référence à une expression si chère à Idrissa Seck à la suite de son ralliement.

Khalifa Sall toujours intransigeant

Khalifa Sall sur qui pesaient à tort (?) des soupçons, a laissé entendre qu’il n’a aucune raison d’aller vers Macky. “Je suis allergique au lactose”, affirme-t-il ce samedi 10 juillet. Des précisions faites de Fatick, fief de Macky. Tout un symbole. Une mise au point après la visite du président chez lui pour des condoléances suite au décès de sa mère.

L’ex-maire de Dakar est sans doute conscient que même s’il n’est ni électeur ni éligible, il peut peser lourd sur la balance lors des prochaines joutes électorales : Dakar reste le bastion de sa coalition “Taxawu Sénégal”, même s’il a beaucoup perdu de ses lieutenants. Et une coalition avec Ousmane Sonko et avec ce qui reste du Parti démocratique sénégalais (Pds), incarné par Karim Wade, pourrait être fatale pour le camp présidentiel.

L’incertitude Karim Wade

Justement, quelle est la posture de Karim Wade dans tout ce brouhaha ?

Exilé au Qatar, leader d’un Pds diminué et souvent absent sur le terrain, il n’a lui non plus aucun intérêt à retrouver son bourreau. Sera-t-il de la partie ? Des prochaines échéances ? Sans doute, le Pds sera au cœur des locales et des législatives. Et pour la présidentielle 2024 ? Si Karim n’est pas amnistié, la logique voudrait qu’il soutienne un opposant à Macky Sall. A moins que le Pds ne fasse comme en 2019 en boycottant l’élection. Ce qui a été une aubaine pour Macky Sall.

Sonko se radicalise

Ousmane Sonko affiche de jour en jour son statut de leader de l’opposition. Les événements de février-mars 2021 ne l’ont pas tué. Ils l’ont engraissé donc. Le voilà qui attaque frontalement le président et se radicalise. Convaincu que son salut réside dans la “résistance”. Sur la lancée des “tournées économiques” du président de la République, Sonko veut poursuivre ses “nemeku tour”, sorte de campagne électorale avant la lettre à l’image des déplacements présidentiels.

Les locales sont en perspective mais aussi les législatives et plus tard la présidentielle de 2024 aux multiples enjeux. Sous contrôle judiciaire à la suite des accusations de viols et de menaces de mort, il a besoin d’un procès, le plus vite possible, d’une relaxe, ou d’un classement du dossier sans suite, pour être à l’aise.