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Gouvernement : Matamores & Co

Gouvernement

Silence, tigres en papier

Le gouvernement Sonko en plein cirage continue les bravades au lieu de se taire : la pléiade de stars qui le compose vaut certes tous les défis de… tigres en papier obligés finalement de faire appel à la pige avec des spécialistes pour mieux cerner l’amplitude du travail à effectuer. À l’analyse, le discours du nouveau gouvernement traduit un grand désarroi et anticipe sans doute sur les prochaines crises à l’Assemblée nationale, par exemple, et le prochain réajustement de l’attelage ; il se susurre en effet que certains pourraient jeter l’éponge sous peu, rappelant un fâcheux précédent sous Idrissa Seck en l’An 2000 déjà.
Le Premier ministre Ousmane Sonko cherche encore ses marques et finira sans doute par lasser le président : l’intimité dont il se prévaut dans ses épanchements publics devrait être plus mesurée, plus discrète qui traduirait la distance et le statut dus au président de la République ; de même, des finances au parolat en passant par l’agriculture, le ton Matamor devrait céder le pas à plus d’humilité quand, au fond, il traduit plus un errement paradigmatique : le discours lénifiant tenu lors des assemblées des institutions de Bretton Woods n’a aucun rapprochement avec Lénine, encore moins avec Marx. S’il sert à maintenir le momentum avec des populations délitées prêtes à écouter tout texte gauchissant, il commence à lasser ceux qui veulent vivre honorablement et dont le ventre ne se remplit pas encore avec des slogans creux : faire face avec le peu dans les caisses pour soulager les populations vaut mieux que ce charabia du nouveau converti qui jure de déplacer le mont Kilimandjaro au Sénégal, à côté de la montagne du Fouta Djalon.

La foi du nouveau converti présente l’attelage gouvernemental auréolé et transfiguré en alchimiste transformant le plomb des anciennes dispositions en dorures pour des populations éreintées et indignées, plus réceptives aux attentes les plus démesurées et avec lesquelles on joue trop avec le cœur et pas assez avec la tête. D’autant que les partenaires techniques et financiers centenaires maintiennent la situation pire que celle de 1960, facilitant ainsi la résurrection d’un Mamadou Ndoye Mendoza spécialiste de vocables anciens de “bourgeoisie comprador, Tiers-Monde, etc” ; même Mamadou Diop Decroix se recycle, se sentant dans son élément dans la phraséologie gauchiste du nouveau pouvoir.
Les menaces du porte-parole du gouvernement par rapport à une éventuelle motion de censure renvoient à une situation inversement proportionnelle avec la prestation du Premier ministre Amadou Bâ sauvé par le gond des Libéraux qui avaient déjà faussé la cohabitation entrevue avant les législatives de juillet 2023, après le succès relatif des municipales de janvier 2023. La constitution du gouvernement ramène les démons de la division entre les Libéraux de Me Wade et Pastef, après pourtant la danse endiablée du 3 février quand la coalition autour du candidat Karim Wade a apporté son soutien à Domaye2024 après avoir accusé le candidat de la majorité d’avoir soudoyé deux membres du Conseil constitutionnel pour écarter la candidature de Karim Wade. Un soudain rapprochement orchestré apparemment depuis le sommet mettait sur les rails le parti de Me Wade, Pastef et une partie de la majorité irritée par le choix de Amadou Bâ finalement vaincu.

La soudaine complaisance des écrits quotidiens vient en aide à un pouvoir qui ferait mieux de se taire pour travailler beaucoup et parler peu : laissez les autres parler ; comme avait dit l’autre : à la place de Diomaye a dit, préférons Diomaye a fait.

 

Pathé MBODJE