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Et de trois, Antoine Félix Abdoulaye Diome ! Par Habib KA, Bureau régional de Matam, Thilogne

Karim Meïssa Wade, Khalifa Ababacar, Ousmane Sonko sont trois damnés qui ont un bourreau commun : Antoine Félix Abdoulaye Diome !

Depuis son élection en mars 2012 à la tête de l’État du Sénégal, Macky Sall est habité par un esprit enchanteur qui le rend addicte de pouvoir. Ce qui le conditionne à ruser, à rouler son discours dans le flou et l’ambiguïté, à se dédire autant que c’est nécessaire, après avoir déclaré urbi et orbi qu’il réduirait son mandat de 7 ans à 5ans, après avoir dit qu’il est, avec ce mandat en cours, à son 2ème et dernier mandat. À ruser pour faire croire que c’est contraint d’être en phase avec l’esprit des lois et de la Constitution, qu’il s’est obligé de faire 7 ans, comme s’il n’y avait aucun recours, aucune “astuce” juridique possible qui permettrait de faire 5 ans.

Par ailleurs, le président Macky Sall s’est révélé aux Sénégalais en dépit de son embonpoint électoral, ses moyens colossaux, être un lutteur qui a la phobie des grands combats, du “sëg bëre”, préférant éviter de croiser les poids lourds de l’arène politique. Karim Meïssa Wade en est un, Khalifa Ababacar, un autre, Ousmane Sonko l’est devenu aussi.

Les deux premiers ont connu la prison, le dernier est sur le point d’y être puisqu’il est à deux pas du seuil de la citadelle. Et tous les trois damnés ont un bourreau commun Antoine Félix Abdoulaye Diome, substitut du procureur près de la Cour de Répression de l’Enrichissement illicite (CREI) dans le procès de Karim Wade, condamné à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs cfa d’amende pour enrichissement illicite, une privation de ses droits civiques et une confiscation de ses biens.

Antoine Félix Abdoulaye Diome, c’est l’agent judiciaire de l’État dont la plaidoirie valut au maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall cinq ans de prison ferme, un milliard 800 millions de francs cfa à rembourser, plus une perte de ses droits civiques.

Antoine Félix Abdoulaye Diome, c’est enfin, pour le moment du moins, le ministre de l’Intérieur face à Ousmane Sonko, président du parti Pastef/les Patriotes accusé par la jeune dame Adji Sarr de viols répétitifs avec menaces par deux armes à feu.

Avec la criminalisation du délit de viol, si les faits incriminés au leader du Pastef sont avérés, Ousmane Sonko est bon pour cinq ans de prison, assortis d’une amende pécuniaire et de pertes des droits. Ousmane Sonko dans ce cas pourrait mettre une croix sur sa carrière politique.

Finalement le président Macky Sall n’a pas bonne presse auprès des populations, pour ce qui concerne ses adversaires politiques les plus représentatifs qui sont toujours dans son viseur, pour les envoyer quand l’occasion se présente en prison. Surtout que son ministre de l’Intérieur est dans une position de confrontation, refusant la concertation, le dialogue social : pour quelque 125 millions de francs cfa récoltés en quelques heures de temps de la matinée, le Pastef se voit brandir à 02 h du matin une amende de dissolution.

Derrière ce mince voile de mœurs, de coups en bas de la ceinture, bouillonne une grave crise de refus de musellement, de bâillonnement, de privation de liberté. Ousmane Sonko et le Pastef étaient sur la ligne de mire du pouvoir pour réduire ses chances de se présenter à l’élection présidentielle de 2024.

Adji Sarr la masseuse, une briseuse de carrière

Tout ce qui précède ne fait que confirmer les propos du chef de l’État qui déclarait : “Je réduirai l’opposition à sa plus simple expression”, par l’inféodation de leaders de parti dans la mouvance présidentielle et la traque des cadres de l’opposition dite radicale, celle qui dénonce la gestion de son gouvernement et son obsession de prétendre briguer un 3ème mandat.

Ousmane Sonko est dans la nasse politico-judiciaire, la même qui avait pris Karim Meïssa Wade et Khalifa Ababacar Sall.

Karim Meïssa Wade a été ciblé par la CREI parmi 21 autres dignitaires du Parti démocratique sénégalais (PDS) dont certains ont rejoint les rangs du pouvoir, d’autres dans l’antichambre, qui les lave de tout soupçon et sont devenus aussitôt fréquentables.

Oumar Sarr et Aïda Ndiongue concernés par le dossier des produits phytosanitaires avec Aïda Ndiongue, Samuel Amet Sarr, Wadiste éternel, ancien ministre de l’Energie, Ousmane Ngom ancien ministre de l’Intérieur de Abdoulaye Baldé, maire de Ziguinchor, Madické Niang, candidat malheureux à la dernière Présidentielle et qui dit avoir renoncé à toute activité politique sont tous dans les bonnes grâces du président de la République, sans être inquiétés par quoi que ce soit.

Khalifa Ababacar Sall était le potentiel rival sérieux à la Présidentielle de 2019 ; des mesures expéditives prises ont permis de  le condamner et de lui faire perdre tous ses droits civiques, même après avoir montré sa capacité de cautionner le milliard 800 millions correspondant au montant de la somme qu’il lui était reproché d’avoir détournée, pour recouvrer sa liberté et retrouver ses droits civiques ; la stratégie, c’était de le mettre sur le banc de touche, pour ne pas avoir d’adversaire coriace devant.

Karim Wade éliminé, de même que Khalifa Ababacar Sall, Idrissa Seck arrivé 2ème à la Présidentielle enrôlé dans la majorité présidentielle, il ne reste que le sort de Ousmane Sonko, leader de Pastef/les Patriotes à sceller pour ouvrir un large boulevard à Macky Sall pour la présidentielle de 2024.