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Entretien exclusif avec Père Ouza: ’’Salaam’’, la paix ! Seulement la paix ! Entretien dirigé par Ndèye Fatou DIONGUE

« Sénégal Jamm rek mofi wara am » (Il ne doit y avoir que la paix au Sénégal)

L’affaire « Sweet beauty » a connu une ampleur démesurée qui a mené le Sénégal ces derniers jours à de nombreuses manifestations. De ces dernières beaucoup de jeunes en ont perdu la vie, d’autres gravement blessés et des entreprises et supermarchés pillés et brûlés. Et une population qui nage dans la psychose des dégénérations entre policiers et civils. Une première dans l’histoire du Sénégal !

Le Devoir est allé au domicile de M. Ousmane Diallo alias Père Ouza (Artiste, auteur et compositeur) qui lance un message de paix aux autorités et à la population sénégalaise.

Comment appréhendez-vous les évènements de ces derniers jours au Sénégal ?

« Avant tout, je tiens à présenter mes sincères condoléances aux familles des victimes où qu’elles se trouvent au Sénégal. Ces jeunes ont été tués et je souhaite que le bon Dieu les accueille dans son paradis ‘’firdawssi’’. Ils iront au Paradis inchallah, comme disent les Américains : « By force » (par la force), s’il plaît à Dieu. Je compatis également vis-à-vis des impactés, de tous ceux qui ont perdu des biens matériels, de ceux à qui leurs marchandises et maisons ont été brûlées.

Les chefs religieux, la société civile, notamment Alioune Tine, ont joué un rôle essentiel dans cette affaire et je profite de l’occasion pour les remercier. Je lance aussi un appel aux religieux afin qu’ils continuent ainsi dans cette entente durant le mois de ramadan et tout, afin qu’il n’y ait plus trois ‘’korité’’ (fin du carême musulman) mais un seul au Sénégal. Il est très important en cette période de dire des choses qui avancent le peuple.

Comment analysez-vous les deux discours (celui du président et celui du chef de l’opposition) ?

– Son excellence M. Macky Sall est le président de tous les Sénégalais. C’est indéniable ! Il a été élu démocratiquement pour ses deux mandats. Je fais partie de ceux qui l’ont élu.

J’ai beaucoup insisté pour qu’il fasse une déclaration. Après son discours, sérieusement, j’ai respiré très profondément, c’était un ‘’ouf’’ de soulagement. J’en suis très content.

J’étais sollicité de toutes parts pour parler de la situation ; ceux qui sont en Italie, aux États-Unis, de partout, m’ont appelé pour me dire : « Père wakhal, wakhal ! (Il faut que vous parliez) ». Je leur ai dit que je suis devenu sage et qu’il faut lancer un message de paix entre ces deux sans parti pris.

Mais vraiment, le discours du président a apporté un apaisement qui a sauvé le peuple. Et c’est comme cela que doit être le discours du père de la Nation. Quand j’ai regardé son discours avec son humilité et son look, cela m’a rappelé le Macky des années ‘’2012-2013’’. Et je prie qu’il continue dans cette lancée avec beaucoup plus de calme et de sérénité, de même que nous tous.

– Quant au discours de l’opposant, que j’appelle ‘’l’opposant radicaliste’’, c’est normal, c’est la jeunesse. Je le voyais venir. Moi je dis qu’il faut le comprendre, c’est la fougue juvénile. C’est différent de celui qui dirige le pays, car il cerne mieux les problèmes. Or l’opposant lui, il faut qu’il fasse un discours radical. Mais malgré cela, il est resté républicain en disant aux gens qu’il ne fallait pas aller cueillir le président au palais de la République.

Et je suis sûr et certain que même si cinq cent (500) personnes devaient mourir, ils iraient au palais ce jour-là. C’est pourquoi quand il s’est levé pour dire aux jeunes : « Rentrez chez vous, que personne n’aille au palais, nous sommes des républicains ! », c’est important ! Ce discours aussi qu’il a lancé à mes frères, mes amis de la Casamance, c’est très important aussi ! Et donc tout cela apaise. Pour ce qui est du reste, il faut le comprendre, il a toujours été radical dans ses discours.

C’était vraiment difficile, mais comme Dieu a ramené la paix, je pense qu’il faut y aller en douceur, avec sérénité et calme. Le Sénégal est incomparable aux pays de la sous-région et cela, la manière dont les sages de ce pays ont réglé la situation le prouve. Il faut que les politiciens le reconnaissent : si c’était dans les autres pays, en situation de crise, on aurait dit que mille (1.000) personnes ont été tuées ou que le président est démissionné, etc. Donc on remercie le bon Dieu de vivre au Sénégal.

C’est une première dans l’histoire du Sénégal ; ces manifestations peuvent elles conduire à un coup d’Etat ?

Ce qui s’est passé récemment est une première au Sénégal que l’histoire retiendra pour toujours. En 1968 certes c’était dur, mais ce n’était pas ainsi. En 1988, j’étais avec Abdoulaye Wade, il y avait des voitures piégées, etc., c’était devant moi mais ce n’était toujours pas pareil qu’en 2021. Le plus dur, c’est que nous ne sommes ni à la veille des élections, ni rien et cela se passe ainsi, c’est ahurissant pour tout le monde.

Je pense qu’il n’y aura pas de coup d’Etat dans notre pays, parce que nos généraux assurent la sécurité et règlent même des conflits sur le plan international, donc ils n’ont pas la tête à ça ! Nous avons des généraux et des hommes d’Etat. D’ailleurs même Ousmane Sonko l’a souligné lors de son discours : ‘’On ne m’a rien fait à la gendarmerie’’. J’en profite pour leur rendre hommage. Peut-être qu’il y a malheureusement eu des failles, des actes que les policiers ont commis et c’est un peu regrettable.

Surtout ce qui s’est passé aux Parcelles assainies, des homicides volontaires ; là, il faut que le président prenne des mesures draconiennes. Car même lorsqu’une personne vole quelque chose, on devrait viser le pied pour tirer et non la tête. Quand je l’ai revu dans l’émission « Balance » de Walf Tv, j’étais complètement sidéré, j’ai zappé la télé et je suis parti.

Avec la pandémie du Coronavirus et l’enjeu du pétrole, s’il n’y a pas une bonne gestion il n’y aura pas de paix dans ce pays.

Moi mon problème c’est entre le président et le chef de l’opposition, il faut que chacun sensibilise et maintienne le calme de son côté.

Il faut aussi aider les jeunes à l’insertion professionnelle et à l’apprentissage de métier dans des centres de formation.

Quel message souhaitez-vous lancer ?

Je lance un appel directement au président de la République au nom des relations cordiales qui nous lient pour que les prisonniers politiques soient libérés. Et que la paix s’installe définitivement au Sénégal.

Je sollicite aussi la première dame Madame Marième Faye Sall que j’appelle affectueusement ma nièce à intervenir, car, de par son charisme, beaucoup l’écouteront.

Je conseille aussi aux journalistes de ne pas mettre de l’huile sur le feu, car il  y a des fois beaucoup ‘’d’intox’’ (fausses informations) sur le net.».

Cependant, “Père Ouza” lance un cri du cœur et appelle le président de la République M. Macky Sall, le chef de l’opposition M. Ousmane Sonko et toute la population sénégalaise, particulièrement les jeunes au calme et à la sérénité. Car rien ne doit ébranler la stabilité de notre cher Sénégal (Pays de la téranga).

Le Devoir