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Éditorial : Détruire Carthage

Éditorial

Désigner Amadou Bâ et Bassirou Diomaye Faye pour mieux les combattre serait digne de Machiavel.

Les agneaux du sacrifice

Par Pathé MBODJE, M. Sc

Amadou Bâ et Bassirou Diomaye Faye ont été désignés pour descendre dans la fosse aux lions. L’un a été élargi de prison ce lundi 29 janvier à titre précaire et révocable. Bassirou Diomaye Faye avait a été arrêté le 14 avril dernier pour outrage à magistrat, diffamation et actes de nature à compromettre la paix publique à travers un post sur les réseaux sociaux, pratiquement pour les mêmes raisons qui ont mis Ousmane Sonko hors de course pour cette Présidentielle. Son choix peut donc ressembler à un appel du pied vers le pouvoir, comme Sonko a lancé un appel au secours durant la crise née en 2021 qui l’a emmené derrière les barreaux.
Un os à ronger qui peut devenir un os dans la noce.
En direction de la Présidentielle, le pouvoir en petit Poucet a distillé de faux espoirs comme cette commission parlementaire, comme cette liberté conditionnelle, faux espoirs qui peuvent être révoqués à tout moment.
Mutatis mutandis, le candidat de la majorité est dans les mêmes trames en milieu hostile ouvert : la contestation y est organisée, de la désignation à la campagne, entre des dissidents du parti et les snipers de l’intérieur.
La morale est que, d’un côté comme de l’autre, l’agneau désigné devrait aider à sacrifier le veau gras biblique.
La prudence extrême de l’un a pu faire douter de sa capacité à convaincre, quand on ferme les yeux sur une dissidence interne voulue et entretenue. En même temps, l’on distille des informations sur la capacité à rassurer : la majorité a manœuvré pour mettre son champion à mal. La force de Amadou Bâ repose sur l’enseignement du Christ qu’il chante en chœur de tendre l’autre joue : ses appels itératifs à l’unité se vérifient au niveau national, au sein des comités électoraux mis en place, comme une supplique à taire la division née d’un choix qu’il faut finalement porter à la victoire, nolens volens. Par la méthode Cauet tropicalisée.
De l’autre côté, la politique de contournement du pouvoir a produit une multiplication des points d’appui, entre un plan B dédoublé par des candidats devant d’abord jouer les utilités avant de se croire vernis par Dieu pour emmener le peuple sénégalais vers la terre promise. La querelle de préséance et de légitimité qui en découle laissera des traces vivaces dans les rangs dispersés et clairsemés. Les promesses de désistement le seront du bout des lèvres, les recalés de la dernière liste s’estimant tout aussi valables que Bassirou Diomaye Faye qui n’a ni l’aura ni l’envergure de Ousmane Sonko.

Macky Sall et Ousmane Sonko veulent détruire Carthage. A Amadou Bâ et à Bassirou Diomaye Faye de déjouer les plans.