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Éditorial : 2023, année Macky Sall

Éditorial

2023, année Macky Sall

 D’avoir su transformer le normal en pathologique, le religieux en profane et inversement a fait paradoxalement la force de Macky Sall président de la République. Aujourd’hui il quitte la tête dans les nuages, buvant du lait, mais à la fois Docteur Jekyll et M. Hyde, ange parmi les démons, loup dans la bergerie, éléphant dans un magasin de porcelaines. Le naturel revient d’ailleurs aux derniers jours avec ce ton bourru et la mine renfrognée qui lui avaient valu un célèbre surnom qui avait disparu le temps de la présidence : il part en effet comme il était venu, pestant et rageant contre ses amis qui l’ont toujours laissé seul, abandonné au milieu de la tempête.

Ses relations inutilement heurtées avec ses adversaires politiques en ont ainsi et par l’exemple fait l’ennemi d’une société perturbée au cours de ces trente dernières années par les pandémies et autres restructurations économiques avortées avec pourtant, au total, un bon bilan : sa politique plus béton et acier que culturel et administratif de ses prédécesseurs introduit le Sénégal dans la cour des grands et désole les partisans du mythe du bon sauvage. C’est ce qui explique que Macky Sall parvient cependant à toujours retourner la situation en sa faveur car tel semble être son destin depuis ses problèmes et déboires avec Me Wade qui en ont fait l’élu des cieux ; tel est encore son sort lorsqu’une analyse lucide l’amène à se conformer à la Loi fondamentale qui limite sa présence à la tête de l’État alors que son prédécesseur avait donné l’exemple d’une interprétation ad nauseamde la Constitution prise pour une baïonnette avec laquelle on pouvait tout faire, selon les mots du Grand timonier Mao Tsé Toung. 

Si Macky Sall cherche à dorer la pilule urbi et orbi, la vérité est des plus simples : devant la morosité de la situation sociopolitique accentuée par le phénomène Ousmane Sonko et les difficultés pour le président issu de février prochain, Macky Sall renonce le 3 juillet dernier à compétir. Amadou Bâ est prévenu : article 35 Ter qui a remplacé le Bis (bus ?) Abdoulaye Daouda Diallo, il vivra le même désamour qui frappe aujourd’hui son mentor.
Les réactions à travers le monde montrent la justesse d’une décision pourtant basée sur le droit positif. Macky Sall parvient de la sorte à faire d’une contrainte sociale un succès diplomatique à verser au panier d’un Sénégal démocratique qui a donné deux alternances dans ce monde agité, ce qui est une prouesse.
En quittant le pouvoir avec un bilan de la dernière génération, Macky Sall devient incontestablement l’homme de l’année 2023.

Noël : Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime – pax Christi !, disent les Evangiles.

P. MBODJE