Couple indépendant ou couple dans la grande famille, un choix à assumer: La tradition va-t-elle sombrer des mains de la jeune génération ? Par Sadany SOW
Le mariage sénégalais est comparé à un filet de poisson. Tout le monde y a droit. Seulement la décision finale sur n’importe quel problème revient souvent aux couples. Réussissent-ils à prendre les bonnes ?
De plus en plus, la jeune génération devient réticente face à l’idée de vivre avec la belle-famille. Pourtant, la société traditionnelle aurait souhaité que la mariée aille vivre avec son mari et l’ensemble des membres de sa famille. Mais cette culture a tendance à se raréfier voire même à disparaître du moment où certains couples la trouvent archaïque. Ils préfèrent donc occuper leur propre espace pour plusieurs autres raisons. Parmi les plus remarquées, jouir à fond de leur intimité et échapper au joug des belles familles.
Le bien-être des enfants, le souci d’offrir un cadre agréable à ces derniers et de les éduquer dans de meilleures conditions, poussent d’autres à effectivement quitter la maison familiale. C’est le cas de M. Ndiaye qui, après 12 ans de mariage, reconnaît avoir fait un excellent choix en louant un appartement à son épouse.
« Je voulais être plus responsable et à l’aise dans mon foyer pour pouvoir mieux prendre soin de ma famille. J’ai voulu suivre les pas de mon défunt père qui avait très tôt été responsable », dit-il avec fierté.
Dans un immeuble des Parcelles assainies, unité 3, vit le couple Sané. La jeune mariée, étudiante, nous confie qu’ils ont fait le choix depuis le début : « Les parents de mon époux n’habitent pas à Dakar, je ne pouvais rester vivre avec eux, mon mari non puisqu’il travaille en ville » ; elle ajoute : « On a tout de même eu quelques différends avec eux concernant notre départ de la maison familiale mais, à mon avis, plus loin des belles-mères, mieux je m’épanouis. »
Dans la trentaine, Boubacar Diba, marié depuis deux ans, explique qu’il y a des inconvénients à vivre seuls en couple. Pour lui, le premier problème commence au moment où les parents travaillent et confient l’éducation de leurs enfants à la bonne. Il préfère vivre en famille car même si ce choix présente des inconvénients, ses avantages sont beaucoup plus visibles. « Vivre en famille aide financièrement le couple, parce que tout le monde participe aux dépenses. S’il y a problème aussi dans le couple, on pourra compter sur le soutien de la famille pour la bonne réussite du mariage ».
La remarque qui est faite ces dernières années est que ce sont maintenant les hommes qui décident de vivre indépendamment avec leurs épouses. Pour ce genre de décision, d’habitude, ils étaient influencés par les dames. Mais la tendance s’est renversée entre-temps. Pour anticiper sur les problèmes familiaux : la préférence entre les frères, la zizanie entre coépouses « péthiorgos », les discordes entre belle-mère et belle-fille, ces jeunes ‘’ kilifeu ’’préfèrent payer trois mois de caution, plutôt que de subir
Les repères sont-ils brouillés ? Sinon vivre avec la belle-famille, aussi compliqué qu’il puisse être, a toujours été exigé aux couples par les traditionnistes (les parents). C’était un examen à passer, sauf que cette nouvelle génération semble ne pas se préoccuper d’être ajourné. Ce qui compte pour eux, c’est d’avoir leur indépendance afin de pouvoir vivre leur mariage comme ils le sentent, et cela à l’écart de tout reproche et de toute remarque.
Par ailleurs, ceux qui se sentent épanouis en vivant avec la grande famille ne sont pas majoritaires à l’heure actuelle, au Sénégal. Ainsi, il faut noter que parmi ceux rencontrés, quelques-uns sont fiers de leur choix. D’autres, obligés de rester à la maison familiale par manque de moyens, sont d’accord avec l’adage : « Ne pas avoir le choix est un choix ».
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