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Comprendre le Fouta: Corriger les ruptures territoriales pour favoriser les retrouvailles Intérim

Le projet route bitumée Oréfondé-Dembancané n’intéressera pas l’axe Nawel-Matam. Une hérésie née d’une bataille entre un Nord et un Sud artificiels entretenue à dessein pour mieux diviser les populations.

Deux rencontres politiques organisées au Fouta entre Matam (21 mars) et Podor (début avril) ont suscité l’ire de populations qui refusent d’être du « bétail électoral » transhumant et à utiliser à intervalles définis par les joutes électorales. Ces deux meetings ont connu des perturbations, même si les responsables ont réussi à mobiliser massivement.

Les jeunes ont demandé plus de considération à ces responsables déserteurs, apparaissant au gré des événements, laissant ensuite les populations à leur triste sort dans une zone qui manque de tout.

Un responsable de Matam déplore la forme et le fond, avec près de cent millions dépensés en une fin de semaine. Mais Almamy Bocoum va encore plus loin, dans ses explications de la page 5 qui dévoile l’antipathie de responsables d’une même zone qui se font la guerre : « La situation elle est bizarre. Quand un homme politique dit qu’il a trouvé deux mille emplois pour la seule commune de Agnam et qu’à côté la commune de Thilogne n’a que deux ASP (Agence d’assistance à la Sécurité de Proximité) et que cet homme, ce président responsable politique départemental et même régional dit, et c’est vérifié : « Ce sont les Agnemois qui m’ont élu, donc quand je trouve des postes, je les donne aux Agnemois », en terme plus clair, les autres ils n’ont qu’à se débrouiller ».

Cette division morale qui crée des animosités entre quartiers est aussi physique, née de l’Acte III de la décentralisation, dans ce qui semble une anomalie pour les populations elles-mêmes, dans le Daande Maayo. Comme avec Berlin et le découpage de l’Afrique, le technicien n’a pas pensé à une cohérence d’ensembles viables en concevant la nouvelle carte administrative du Sénégal : il faut revenir sur l’Acte III pour réconcilier les Sénégalais avec leur environnement physique et moral. Le Daande Maayo en offre l’exemple le plus négatif entre un nord (de Horéfondé à Matam), et un sud, la dorsale qui part de Nawel (Matam) à Dembancané : « Les lignes de démarcations sont fantaisistes, les cloisons artificielles et les autorités administratives doivent rectifier cette anomalie lourde de conséquences néfastes, dans les délais les meilleurs », insiste notre correspondant à Matam.