Communication: Ousmane Sonko cherche chaussure à son pied P. MBODJE
Une communication outrancière plus proche de la parole donneur pour un fonctionnaire exploitant les informations à disposition, une vision manichéenne réductrice à souhait, une offre peu diversifiée bâtie dès l’origine autour du complot, une fixation sur Macky Sall qui occupe injustement la place qui est lui due, Ousmane Sonko n’est pas parti de la matrice fondatrice qu’est sa radiation pour différencier la conquête de la gestion d’une parcelle de pouvoir à élargir en ménageant son image et sa monture : il a galopé trop vite vers des salons de beauté pour se refaire une santé physique et morale qui le fuit désormais.
Ousmane Sonko cherche chaussure pour prendre son pied. La force du massage a dû désarçonner le cavalier servant : Ousmane Sonko est moralement affecté par l’affaire Adji Sarr et, depuis sa conférence de presse at home du début de l’affaire, en février, sa communication en a pris un coup : lui d’habitude si communicatif est devenu réservé, hésitant, cherchant ses mots, comme il promène les yeux en guise d’approbation ou de secours moral ; lui d’habitude si dogmatique s’est renfermé davantage dans ses certitudes qu’il verse dans un manichéisme que dénoncent les analystes : sa vision en noir et blanc manque de couleurs, celles de la tolérance, de hauteur, celle des intérêts d’un Etat, celle d’un homme d’Etat.
Sur un plan plus personnel, sa fixation sur Macky Sall tourne à la folie. Déjà, le 8 mars dernier, les billets qui ont circulé durant sa diatribe contre le président de la République ont cherché à le ramener à un plus juste équilibre. En vain, apparemment, ce qui atténue son discours dans sa thématique, dans sa symbolique, dans sa déclinaison.
Certes, il bénéficie encore d’un préjugé favorable auprès d’immenses pans des populations sénégalaises revenues de leur penchant pour le pouvoir de la seconde alternance qui épouse bien sa thèse du complot pour une victime qui a tout fait pour se préparer au rôle : sa radiation pour manque de réserve survenue le 29 août 2016 en pleine affaire Sadibou Ndiaye qu’il conduisait a donné naissance à la théorie du complot, à l’injustice d’un pouvoir qui cherche à réduire à néant toute forme de résistance interne, d’où la base fondatrice de sa carrière politique : le syndicaliste exploite les documents à sa disposition et se mue en lanceur d’alerte récompensé par une tribune au Parlement grâce au plus fort reste.
Et là se vérifie l’inconstance du discours non renouvelé avec le tournant 2018-2019 : les ukases contre les anciens présidents connaissent des revirements, le rapprochement avec Me Abdoulaye Wade du parti démocratique sénégalais ne donne la suite escomptée avec la condamnation du patron des Libéraux dès le départ de l’affaire Adji Sarr ; mais pas la fixation sur la fonction de président, seule station, demeure la seule référence. La stratégie d’approche qui a donné une tribune de choix au Parlement à Ousmane Sonko n’a pas évolué pour adopter une stratégie de gestion et d’amélioration de la parole : il n’a pas su gérer son image pour tomber dans les lupanars et s’est empêtré davantage dans sa thèse première du complot par le premier des Sénégalais qui est injustement à sa place.
La défaite du Rassemblement national de Marine Lepen et de la République en marche aux dernières élections régionales du 27 juin en France amène à réfléchir sur le système Macky Sall-Emmanuel Macron de l’invité-surprise de la Présidentielle qui semble montrer des signes d’essoufflement.