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La Ligne du Devoir

Apr : Un roseau nommé Amadou Bâ

La tempête s’éloigne, et les vents sont calmés.
La forêt, qui frémit, pleure sur la bruyère ;
Le phalène doré, dans sa course légère,
Traverse les prés embaumés.
Que cherches-tu sur la terre endormie ?” 

Alfred de Musset, “Pâle étoile du soir”, Premières poésies (1829-1835), Paris, Charpentier, 1863, pages 176-202.

 

“Cependant que mon front, au Caucase pareil,
Non content d’arrêter les rayons du soleil,
Brave l’effort de la tempête.
Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr”.

(Jean de La Fontaine, Le chêne et le roseau, Livre premier, fable XXII).

“Vent de contestation” contre Amadou Bâ

Tout est Zéphyr

Amadou Bâ a tenu au milieu de la tempête, tel le roseau de la fable, alors que les réseaux sociaux le disaient esseulé, abandonné du président de la République et d’une Alliance pour la République incapable de mobilisation et spécialiste des guerres de clans et autres querelles de tendances et de clochers.

Depuis mardi 12 mars, officiellement depuis mercredi 13, la meute est lancée en faveur du candidat de Benno Amadou Bâ : Macky Sall a libéré tout le monde avec pour seule préoccupation la campagne pour Amadou Bâ. On ne devrait plus a priori noter certaines absences diplomatiques qui avaient égayé la campagne de la majorité et qui avaient fait dire que la formation du président de la République luttait par le boycott contre le chef de l’État et son candidat. À priori, sauf si le naturel reprenait le dessus et si quelques exceptions confirmaient la règle.
L’absence de soutien de l’Alliance pour la République pour Macky Sall et son choix ne saurait cependant servir de mesure quand elle a toujours démontré son manque d’unité autour de Macky Sall même, a fortiori autour ses choix : depuis la présidentielle de 2012, les différents cadres de l’APr se sont fait investir sur d’autres listes, accélérant par la bande une coalition forcée.
Ceux qui hier justifiaient l’origine licite de sa fortune en fonction des pistes occupés le combattent sur ce terrain en lui demandant de justifier l’origine de ses milliards ; cette position nouvelle est visible chez ses admirateurs d’hier qui veulent aujourd’hui tout simplement prendre sa place comme candidat de la majorité. Les pistes explorées ont été rapidement abandonnées, la comparaison montrant qu’il n’y a pas photo à ce propos ; et puisqu’on ne prête qu’aux riches, tous noircissent le tableau en en faisant le “fossoyeur de la société, de notre économie et de notre démocratie”.

En cette dernière semaine de campagne, la tempête s’éloigne momentanément donc pour celui que les réseaux sociaux ont affublé de tous les noms d’oiseaux, de tous les péchés d’Israël. D’avoir su se mettre en perspective le 12 mars dernier devrait aider à mieux voir le candidat Amadou Bâ : ol plie, mais ne rompt pas.

Pathé MBODJE