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Amilcar Cabral, libérateur de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert: Un chantre du panafricanisme Par Mohamed Bachir DIOP

Le 20 janvier 1973, Amílcar Cabral était assassiné à Conakry par la police politique portugaise. Elikia M’Bokolo, historien congolais, revient sur le décès et l’engagement de l’homme politique bissau-guinéen, entre panafricanisme et anticolonialisme.

S’il y eut, dans les luttes de libération de l’Afrique, un intellectuel capable de combiner la profondeur et le brio des choses de l’esprit avec l’engagement concret des combats sur le terrain et la vision stratégique à l’échelle panafricaine et globale, c’est bien Amílcar Cabral.

Panafricain, il l’a été dès les premiers instants de son engagement. À l’évidence, il fallait à ses yeux briser le mur séparant l’archipel du Cap-Vert et la « Guinée portugaise », dans une stratégie qui lierait d’abord les colonies africaines du Portugal, pour déboucher sur des formes et des niveaux d’intégration continentale. Un rêve qu’avait aussi nourri le Ghanéen Kwame Nkrumah, exilé à Conakry dès 1966.

Il fallait à ses yeux briser le mur séparant l’archipel du Cap-Vert et la « Guinée portugaise ».

Un idéal panafricain centré sur la culture.

Panafricain de cœur, Amílcar Cabral l’était aussi dans l’action et l’organisation concrète de la lutte pour l’indépendance. Jeune insulaire aux dons multiples, né de parents cap-verdiens sur la terre ferme de la Guinée-Bissau, il débarque à Lisbonne pour des études universitaires à l’âge de 21 ans.

Passionné des lettres et de culture, il choisit d’étudier l’agronomie pour être au plus près des masses paysannes. Lisbonne sera pour lui ce que Londres et Paris ont été pour les premières générations du panafricanisme.

Lisbonne sera pour lui ce que Londres et Paris ont été pour les premières générations du panafricanisme.

Son panafricanisme est d’abord politique, résolument anticolonialiste, adepte de la lutte armée, seule alternative face au régime dictatorial de Salazar. Contre le mythe laborieusement forgé du « lusotropicalisme », Cabral et ses camarades fondent la Casa dos Estudantes do Império, où se retrouvent, entre autres, les Angolais Mário de Andrade et Agostinho Neto, et les Mozambicains Eduardo Mondlane et Marcelino dos Santos.

C’est pourquoi la culture occupera une place centrale dans sa pensée et son action. Il se préoccupe d’histoire : celle de « la culture africaine [qui] a survécu à toutes les tempêtes, réfugiée dans les villages, dans les forêts et dans l’esprit des générations victimes du colonialisme ». Marxiste il est, mais loin des querelles russo-chinoises, assez proche des innovations castristes.

 

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