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Amadou Bâ : Le jeu de l’ombre

Gouvernement

Le jeu de l’ombre

” Continuez Amadou Bâ “, suggère le Fonds monétaire international à Diomaye-Sonko

 

Le satisfecit du Fonds monétaire international à l’issue de son séjour au Sénégal (25 avril-3 mai) devant la prestation du gouvernement Amadou Bâ rappelle les mêmes félicitations de la même institution en 2017, lors de la migration du même Amadou Bâ des finances aux Affaires étrangères (Pathé Mbodje : Ne tirez pas sur le Pianiste Amadou Bâ,16 avr. 2019) : ” Amadou Bâ s’est en effet montré d’une compétence telle que ses pairs l’ont élu meilleur banquier de l’Afrique de l’Ouest en mai 2017, trois ans à peine après son arrivée au ministère de l’Économie, des Finances et du Plan. C’était lors de la 11ème cérémonie des African Banker Awards, tenue en marge des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Ahmedabad, en Inde. Comme justificatif, le jury a félicité et reconnu «le leadership et les compétences de son équipe qui ont permis de redynamiser l’économie du Sénégal, malgré une conjoncture difficile ».
On croit entendre les mêmes propos dans le discours du 3 mai dernier, au point de se demander ce qui a pu changer le 24 mars dernier et pourquoi toutes ces ruses des hommes politiques quand ils prouvent à la fin et confirment qu’eux seuls passent, les institutions demeurent : le fameux “Projet” à l’origine du passif social des années 2021-2023 n’était rien d’autre que le Programme Sénégal émergent de Macky Sall qu’on prétendait combattre pour le bonheur des Sénégalais. C’est la suggestion du chef de délégation du Fmi : continuez Amadou Bâ !
Le même Amadou Bâ aurait été au centre de discussions secrètes, 21 avril dernier, entre Emmanuel Macron et Macky Sall reçu à dîner (Afrique Intelligence du 23 avril 2024).
La discrète visite en France au lendemain de la Korité et de petit pèlerinage aux deux Lieux Saints s’est prolongé avec un long séjour à l’étranger qui a pris fin avec l’hommage du Fmi et la visite durable à Dubaï. Pour entamer un nouveau protocole, comme le Sénégal en est friand chaque fois que le pouvoir veut se tirer d’affaire, entre Rebeuss, Dubaï, l’Elysée, Cap Manuel,… ?
Il semble en effet établi aujourd’hui, encore moins que demain, que des pourparlers ont eu lieu à l’ombre avec un pouvoir plus soucieux de sa famille que de la patrie ou du parti coalisé, négociations que tout le monde devinait, qui affaiblissaient le candidat de la majorité sans pour autant donner une belle image populaire au nouveau tandem que les populations s’obstinent à placer à la tête de l’Etat. Surtout avec cette sorte de “section bleue” de Pastef qui se révèle au fur et à mesure des nominations avec ou sans appel d’offres et que l’on invite à la délation légalisée.
Plutôt que de verser dans la propédeutique avec ces marchands de chimères étrangers qui frappent à nos portes à chaque alternance et qui font perdre près de deux ans, le pouvoir devrait essayer d’asseoir une politique de la compétence avec une préférence nationale. Il est en effet frappant de constater cette logique dans la trame des réflexions entamées depuis quelque temps dont certaines versent dans la dérision (Le Quotidien No 6357 du 06 mai dernier) tant elle semble inviter à poursuivre la détente entamée sous Macky Sall et qui pourrait faire grâce à un timide gouvernement d’union.
Aujourd’hui, tous regardent le pouvoir de haut, du Parti démocratique sénégalais à la coalition majoritaire sortante et encore forte à l’assemblée et qui promet une partie de plaisir au cours de la présente législature, au point de susciter des pistes sur une éventuelle dissolution pour permettre au pouvoir de voir venir.
Après les bravades du pouvoir gêné dans ses entournures, Diomaye-Sonko a prouvé, toute honte bue, que le ticket a vendu du vent, comme durant la période 2021-2023, comme tout bon manipulateur dont la communication a été bien pensée, tournant, pour l’essentiel, autour de limaginaire au pouvoir. En omettant de préciser à des populations affamées que l’imaginaire n’est pas vraisemblable pour être confondu au vrai ; il renvoie à l’idéologie, construction d’un idéal-type à la Weber. À force d’enfoncer des portes ouvertes, Diomaye séparé ici de Sonko retarde sa transformation et fait verser dans des généralités autour d’une chimère dénommée “Projet” et que les bons économistes rapprochent du plan d’actions prioritaires du Pse (Meïssa Babou, Obs 6176 du 6mai, page 3). Ce qui fait dire que le ticket Diomaye-Sonko se repose sur le duo Macky-Amadou.

Pathé MBODJE