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Affaire Ousmane Sonko: La Section de recherches, le parquet, l’Assemblée Nationale… Fanny ARDANT

Une série de combinaisons ad hoc en Fast Track !

L’avenir politique de l’opposant Ousmane Sonko commence à assombrir. Cité dans une affaire de mœurs, le leader de « Pastef/ les Patriotes » est sous le coup d’une plainte pour « viols et menaces de mort ». La plaignante, sortie de l’anonymat, s’avère une jeune dame de 20 ans, masseuse de profession à « Sweet Beauty ». La machine judicaire mise en branle dans cette affaire. Ousmane Sonko sera vite convoqué à la Section de recherches. Mais le député refuse de répondre aux enquêteurs en vertu de son immunité parlementaire. Celle-ci qui pourrait cependant être bientôt levée à l’Assemblée nationale. Puisque que, ce jeudi 11 février, les parlementaires convoqués vont mettre en place une commission pour statuer sur la question. Sonko vers la guillotine avec ce fast tract opéré dans son dossier ?

Tout a commencé avec une plainte révélée par le journal « Les Echos » dans sa livraison du vendredi 5 février 2021. Dans sa Une, le canard affiche le candidat arrivé 3e de la Présidentielle de 2019, accusé de viols et de menaces de mort.  Adji Sarr, l’accusatrice, soutient dans une plainte adressée à la Section de recherches que Ousmane Sonko « se présente régulièrement en qualité de client pour des séances de massage, mais à la fin, il exige toujours des faveurs sexuelles (…) je n’arrive plus à vivre sous ses viols répétés. Je vis dans un stress perpétuel et un dégoût de mon corps », tels sont les propos inscrits dans la complainte.

L’accusation sonne mal avec l’image de « Robespierre et incorruptible » que l’opposant le plus « redouté » par Macky Sall s’est forgée jusque-là. Des soutiens pleuvent à son égard. Des opposants crient au complot du pouvoir. C’est le cas de l’ancien Premier ministre de Macky Sall, Abdoul Mbaye, Thierno Bocoum du mouvement politique Agir et ancien numéro 2 de Idrissa Seck, Mamadou Lamine Diallo du mouvement Tekki, Moustapaha Diakhaté, ancien président du groupe parlementaire BBY, entre autres leaders politiques.

Le candidat arrivé troisième à l’élection présidentielle de 2019, qui passe pour un homme farouche, un lanceur d’alertes à l’affût des dérives, en particulier financières, sera convoqué au cours du week-end de la plainte pour « viols et menaces de mort » déposée contre lui, le 2 février dernier. Diantre, Sonko convoque dimanche soir une conférence de presse pour apporter sa version des faits. Ainsi il reconnaît ouvertement avoir fréquenté ce salon de massage en raison de « douleurs cervicales ». Par cette même occasion, il nie les accusations de viols et de menaces de mort.  Mieux : il annonce son refus de déférer à la convocation des enquêteurs de la Section de recherches de la gendarmerie. Brandissant fièrement son statut de député.

Au lendemain de sa déclaration, les manifestations s’enchainent tout au long des artères de Dakar. Le domicile de Ousmane Sonko à Cité Keur Gorgui transformé en scène de théâtre. Des heurts entre policiers et sympathisants de Sonko. Des policiers ont été dépêchés sur les lieux, pour lever les entraves à la circulation et veiller à l’interdiction de rassemblements en raison de la Covid, justifient les officiers présents sur place et non pas pour arrêter Sonko.

N’empêche : les partisans de Sonko se sont mis à lancer des pierres sur les policiers, qui les ont dispersés à coups de gaz lacrymogènes. Des blessés ont été notés dans les confrontations. Plus d’une quarantaine de personnes arrêtées et placées en garde à vue.

Dans la journée, la Section de recherches boucle l’enquête préliminaire qui apparemment n’a pas duré qu’un week-end. Et trois auditions. La propriétaire du salon salon, son frère et une masseuse. Et le dossier est transmis au procureur de la République Serigne Bassirou Gueye, le lendemain des heurts, mardi 9 février. Ce même jour, le ministre de la Justice, Me Malick Sall, envoie une note à l’Assemblée nationale. Le patron de l’hémicycle Moustapha Niass à son tour convoque le bureau de l’institution pour statuer sur le cas de Ousmane Sonko, accusé de viols multiples et de menaces de mort par une masseuse du nom de Adji Sarr.

Une précipitation dans le traitement de l’affaire qui fait dire au bon nombre d’observateurs de la scène politique qu’une « liquidation » d’un opposant qui présente un danger majeur pour le gouvernement en place est enclenchée.