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3ème mandat-Le fantôme de Wade hante Macky

Présidentielle 2024

À chacun son Johnie Carson

Carson, l’original

L’acharnement de Pasquet Gauthier contre le président de la République participe de la même logique que celle de l’Américain Johnie Carson de 2011 contre Me Wade : celle de présenter le chef de l’Etat comme le pire ennemi du Sénégal et de la démocratie qu’il faut sauver. Sur l’objet principal, notre « confrère » repend le même cheminement qui annonçait le départ de Senghor avant l’annonce officielle ; sauf que celui qui se présente sur les réseaux sociaux comme journaliste et que d’autres assimilent à une barbouze comme d’autres grands reporters de la presse française a un amour particulier pour le président Macky Sall qu’il poursuit à longueur de journée autour d’une image à dévaloriser et d’une survie à limiter. Bis-repetita pour 2024 pastiche de 2011 ?

L’honorable Johnie Carson reprend du service sous les traits de Pasquet Gauthier pour écourter la vie de Macky Sall à la tête de l’État : dans différents tweets de la dernière semaine de septembre, il prétend que le président sénégalais a rassuré son homologue français de son prochain départ et sur son candidat préféré pour 2024, désigne Amadou Ba comme le dauphin, conjugue Macky Sall au passé en essayant de détruire son image sur le continent.
Il n’y a là, à la vérité, rien de nouveau sous le soleil des tropiques ; la réaction à hauteur du nombril au post du 27 Septembre démontre cependant combien le Sénégal tient à Macky, même si une certaine presse semble convaincue du départ prochain de l’actuel locataire du palais de Roume qui préparerait ainsi sa succession (quotidien L’Observateur no 5598 du 29 septembre : la division de l’opposition et la bataille de succession en 2024, Une). La réponse à Pasquet Gautier fut en tous les cas timide sinon nulle si on fait le parallèle avec 2011 pour Me Wade. Peut-être parce que le président de la République doit être vacciné : il a participé au jeu entre 2009 et 2011.
Curieux retour du balancier en effet : entre 1988 et 2011, les Occidentaux étaient aux petits soins avec l’actuel président sénégalais avec décoration ici en pleine bisbille avec Wade avec un diplomate qui n’a jamais caché son amour infini pour le Pape du “Sopi”, manifestation festive là-bas à Paris pour célébrer l’événement à l’Assemblée nationale, intoxication avec un photo-montage pour faire croire à une audience avec Obama, mais, surtout, une profession de foi valant programme euro-africain avec la fameuse prestation de haute facture du 29 novembre 2011 à l’Institut français des Relations internationales (Ifri).
Le texte fondateur prononcé en la circonstance fait plus que le programme d’accession au pouvoir : dans une synthèse en sept points, le futur successeur de Me Wade campe une situation nationale et internationale d’une plus grande originalité et d’une plus grande concision que l’opinion publique internationale. Macky Sall se présentait auprès de ses amis étrangers comme un véritable chef d’Etat avant terme qui tient à rassurer, surtout que des études pointues le donnaient face à face avec le président sortant, les majors étant empêtrés dans leurs querelles byzantines qui, comme les ides de mars, leur furent fatales en 2012.

Le 18 février 2011 déjà, la transition sénégalaise s’est alors jouée aux Usa : l’inévitable Johnie Carson, chargé des Affaires africaines au Département d’État américain, regroupe plusieurs personnalités sénégalaises, des professeurs d’université, des diplomates sénégalais, des hommes d’affaires et d’autres citoyens sénégalais à une rencontre où seuls Me Wade et son régime ont été épinglés comme sources de corruption, de violation des droits de l’homme et des Libertés dont il fallait se débarrasser au plus tôt.
Les tournées entamées dans la zone de l’Afrique de l’Ouest en janvier 2012 par Hillary Clinton en Côte d’Ivoire, précédée d’Alain Juppé en “tournée africaine” en Mauritanie (10-11 juillet 2011) et du Premier ministre François Fillon à Abidjan le 14 juillet, en sautant tous, diplomatiquement, l’étape du Sénégal : les croisés des temps jettent une nouvelle compréhension de la nouvelle démocratie occidentale qui veut déterminer et profiler la nature et la durée des régimes du continent noir.
En 2011, l’Occident a multiplié les coups bas et affiché ostentatoirement son désir d’écourter la vie de la famille Wade : la visite de Laurent Fabius au mouvement “Y en a marre”, premier acte officiel en terre sénégalaise en juillet 2012, avant même la rencontre avec le président nouvellement élu, devrait donner à réfléchir sur la compréhension nouvelle de l’Occident de ses relations avec les anciennes colonies. Apparemment, Macky Sall n’amuse plus Paris et Washington. Légalement, constitutionnellement ou pour d’autres raisons ?

P. MBODJE


Voir aussi

Pathé Mbodje : Ruffin et Co secouent
le cocotier de la République,
02 septembre 2015