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Présidentielle américaine: Vote populaire dans l’élection Par Ibrahima DIENG,

Chroniqueur international,

Le Devoir

Le vote populaire dans la présidentielle américaine désigne la somme des votes de chaque citoyen américain. Les citoyens de chaque État des États-Unis votent pour désigner les Grands électeurs de leur État, et l’ensemble des Grands électeurs constitue le Collège électoral. Seul le vote du Collège électoral compte pour désigner le ticket à la Maison Blanche.
Le vote populaire, lui, désigne donc le nombre total de citoyens ayant voté pour tel ou tel candidat par l’intermédiaire des Grands électeurs auxquels ils ont apporté leur suffrage.

Discordance entre l’élection par les Grands Electeurs et le vote populaire

Ce sont donc les Grands électeurs, désignés ce 3 novembre 2020 au travers du « vote populaire » État par État, qui, au mois de décembre, élisent à la majorité le « president-elect », le prochain président des États-Unis.
De ce fait, le président choisi par ces Grands électeurs peut différer de celui qui aurait été désigné si les institutions américaines avaient prévu non un suffrage universel indirect État par État, mais une élection directe du président au niveau de l’ensemble des États-Unis.
C’est pourquoi on oppose parfois le résultat théorique de ce vote populaire (c’est-à-dire la somme des votes individuels en faveur de tel ou tel candidat) à celui résultant de l’élection par la majorité des Grands électeurs.
La discordance entre le résultat d’une élection présidentielle américaine fondée sur le vote des grands électeurs et celui qui résulterait d’un « vote populaire » peut être considérablement accrue par la règle dite « winner-take-all » selon laquelle la totalité des voix des Grands Eéecteurs d’un État est acquise au candidat vainqueur dans cet État. Cette règle s’applique en effet dans tous les États des États-Unis à l’exception du Maine et du Nebraska, qui répartissent leurs Grands électeurs sur une base proportionnelle.
Ainsi par exemple, selon cette règle du « winner-take-all », le candidat à l’élection présidentielle arrivé en tête en Floride obtiendra les voix des 29 Grands électeurs de l’État, qu’il gagne par deux millions de voix d’écart ou seulement par vingt voix.

Portée du vote populaire

Il se peut qu’un président américain élu sans avoir « remporté » le vote populaire soit considéré comme « mal élu ».
En effet, le vote populaire ne donne pas d’indication sur le résultat qu’auraient pu obtenir les candidats à la présidence si l’élection avait été réalisée par suffrages directs.
S’il y avait un cas de suffrages directs, les stratégies électorales des candidats seraient complètement différentes, car dans le système actuel, les candidats concentrent leurs efforts dans les États où ils sont au coude à coude (« Swing States »), car remporter la victoire dans un État revient à emporter la totalité des Grands électeurs de cet État, selon la règle dite « winner-take-all ».
Dans un système à suffrages directs, les candidats feraient campagne dans tous les États (alors qu’en 2016, par exemple, environ 90 % de leurs efforts de campagne se sont concentrés sur une douzaine d’États) et les électeurs républicains domiciliés dans un État acquis aux Démocrates (Californie, NYC,…) iraient voter en plus grand nombre, alors que beaucoup s’abstiennent car ils savent que leur État sera démocrate (et vice-versa).

Un mode de scrutin simultané

Le mode de scrutin actuel a été profondément modifié au cours des 46 élections qui ont précédé celle de George W. Bush en 2004.
Jadis, les grands électeurs votaient séparément pour le président et le vice-président : le premier candidat à obtenir une majorité devenait président et celui qui avait obtenu, après lui, le plus de voix devenait vice-président.
Ce principe pouvait entraîner la « cohabitation » forcée d’un président et d’un vice-président de deux partis différents. Par deux fois, il est arrivé qu’aucun candidat ne reçoive la majorité et c’est alors la Chambre des Représentants qui a désigné le président. Après plusieurs modifications des lois électorales, fédérales et étatiques, on est arrivé au mode de scrutin actuel de l’élection couplée du président et de son vice-président, ainsi qu’au vote bloqué des Grands électeurs.
Des associations cherchent toujours à modifier cela pour passer à un scrutin proportionnel au niveau des États, voire pour l’éliminer complètement et ne conserver que le vote populaire.
Même si les citoyens américains n’élisent pas directement leur président, le choix des Grands électeurs est déjà déterminant quant à l’issue du scrutin.
En général, les autorités des États organisent plusieurs scrutins en même temps que l’élection présidentielle. C’est le très grand nombre (souvent plusieurs dizaines) de scrutins simultanés qui oblige à recourir à des moyens électromécaniques ou électroniques pour enregistrer les résultats. C’est ainsi que, pour ce scrutin du 3 novembre 2020, les Américains se déplaceront pour élire en même temps un nouveau gouverneur, leurs représentants au Sénat notamment.
Cette année, l’« Election Day » coïncide avec les élections sénatoriales dans 35 États, les élections des représentants, les élections de gouverneurs dans 11 États et deux territoires, ainsi qu’avec de nombreux scrutins ou référendums locaux.

Le vote du Collège Electoral pour l’élection du président américain

Le premier lundi qui suit le deuxième mercredi du mois de décembre (le 14), c’est au tour des Grands électeurs de voter directement pour le président. Les Grands électeurs se réunissent dans chacun des États pour élire officiellement le président et le vice-président des États-Unis.
Le dépouillement de leur vote aura lieu quinze jours plus tard (le 29 décembre 2020) au Sénat à Washington. Les voix sont ensuite comptées devant une session conjointe du Congrès début janvier.
C’est à cette date que le candidat vainqueur est déclaré à condition qu’il remporte au moins 270 voix de Grands électeurs sur les 538.
Si aucun candidat ne recueille la majorité absolue des votes des Grands électeurs (égalité ou dispersion des voix), c’est la Chambre des Représentants qui élit le président et le Sénat qui désigne le vice-président en vertu du XIIe amendement.
Chaque État y a alors une voix, peu importe son nombre d’habitants ou de représentants. Ce vote unique est déterminé à la majorité de ses représentants. Cette procédure fut utilisée en 1800 pour l’élection de Thomas Jefferson et en 1824 pour l’élection de John Quincy Adams.
L’élection présidentielle américaine est un scrutin indirect permettant l’élection du Collège électoral qui choisit le « ticket présidentiel ». Ce processus est régi par des règles inscrites dans la Constitution.
La désignation des Grands électeurs et le choix des candidats font l’objet de règles établies par chacun des États d’où sont issues des traditions plus ou moins formalisées. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, ce processus prend environ un an.
Tous les électeurs américains ne votent pas toujours en même temps. A cause de la rigidité du calendrier électoral qui impose une date de scrutin en semaine, certains États organisent des votes anticipés ou par correspondance et mobilisent ainsi les votants qui travaillent.
A l’issue du scrutin du 3 novembre 2020 et le vote des Grands électeurs le 14 décembre 2020, le résident et le vice-président seront officiellement nommés.
Le résident élu va prêtre serment (une main sur la Bible), et fera ensuite son discours d’investiture devant le Capitole, le 20 Janvier 2021 à midi lors de l’Inauguration Day. C’est ainsi qu’il prendra officiellement ses pouvoirs et ses fonctions à la Maison Blanche pour un mandat de 4 ans.
Qui de Donald Trump ou de Joe Biden remportera la confiance des Américains ce 3 novembre 2020 ? Wait and see.