Vent d’Est en Ouest : Aquilon ou zéphyr ?

Afrique

Vent d’Est en Ouest

Aquilon ou zéphyr ?

 

La Côte d’Ivoire et le Sénégal entrouvrent la porte de la paix et de la cohésion en Afrique de l’Ouest après une quarantaine d’années d’irrédentisme et 20 ans après Marcoussis.
Tel le Vent d’Est et ses tables rondes nationales de 1989, 2022 sera-t-elle un bon cru pour l’ouest-africain ?
Aquilon sur nos frêles épaules ou zéphyr pour nos baobabs ?

La plaie prendra du temps à cicatriser entre « l’étranger » et le « boulanger » d’Abidjan mais l’essentiel est fait : après 20 ans de crise et une accalmie de dix ans, la Côte d’Ivoire s’engage dans la voie de la tolérance et de la “cohésion sociale” avec la grâce accordée ce 6 août au président Laurent Gbagbo par son homologue et successeur à la présidence, Alassane Dramane Ouattara.

D’autres cas devraient suivre, dont principalement pour l’homme des accords de Marcoussis qui, en 2002, a plongé la Côte d’Ivoire dans une inimaginable et impardonnable séparation entre le nord et le sud ; la sortie de crise de mars 2007 a consacré Guillaume Soro affublé de tous les honneurs et finalement rattrapé par son passé.

Les tentatives de réconciliation au pays des Hommes intègres avec la demande d’absolution de beau Blaise revêtent encore l’uniforme kaki qui fausse les relations internationales avec le Mali et la Guinée-Conakry. Là aussi cependant, quelques frémissements rappellent que la paix et sécurité de l’occident-africain mettront certes du temps à se parfaire mais aboutiront à des négociations autour d’une table à l’interne et/ou avec le concours intéressé des pays de la sous-région qui tirent 40 pour cent de leurs substances de la locomotive ivoirienne.

 

“L’Afrique de l’ouest va exploser

en cas de 3e mandat pour Macky Sall”

(Prof. Mamadou Diouf)

Invité de l’émission Objection de Sud Fm (privée) ce dimanche, l’historien, Mamadou Diouf a déclaré que «si le président Macky Sall se présente pour un 3e mandat, l’Afrique de l’ouest va exploser».

Selon lui, l’implosion ou non de la sous-région ouest-africaine repose aujourd’hui sur les épaules du président Macky Sall. «Si le président Macky Sall décide de se présenter pour un troisième mandat, la région ouest-africaine va exploser. Ça c’est évident. Ça va être une explosion terrible », a précisément soutenu le Professeur d’Histoire.

A en croire l’Historien, un troisième mandat de Macky Sall serait une crise de trop dans une région déjà très instable aussi bien sur le plan politico-institutionnel que sur le plan économique.

Le Devoir, 2 août 2020

 

Deux jours auparavant l’acte du président Alassane Dramane Ouattara pour son prédécesseur, le Comité provisoire des Ailes politiques et combattantes du MFDC signait l’accord de paix et de dépôt des armes à Bissau avec le Sénégal, sous l’égide du président en exercice de la Cedeao, le Bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló.
Ici aussi, la mayonnaise pourrait tarder à prendre : le président Macky Sall qui a longtemps négocié avec le MFDC sous Me Wade connaît le syndrome zimbabwéen lorsque Mugabe s’engagea à occuper autrement les combattants de la liberté que par l’usage des armes ; les accords de Lancaster House butèrent sur la redistribution des terres et l’Angleterre fit ce que la France et l’Union soviétique ont fait avec Sékou Touré de Guinée-Conakry : l’asphyxie pour un pays dirigé par une Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-Pf) majoritaire.
Il est clair que faute d’occupation sérieuse, les bandes armées disséminées hors cantonnement de part et d’autre des frontières du Sénégal se livreront sporadiquement à quelques opérations de survie. La mise déroute des combattants indépendantistes les prive certes d’une base mais pas d’espace : Sénégalais, ces guerriers ne sauraient vivre ailleurs ; il faut faciliter leur réinsertion après l’échec des cantonnements et le succès militaire de mars.

P. MBODJE