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Tabaski-Marinades et Nokoss A quelle sauce se vouer ?

Tabaski-Marinade et Nokoss de la viande commandés par les femmes

Elles modernisent la fête

avec du prêt-à-consommer

A quelle sauce se vouer ?

La Tabaski se fête en général avec tout ce qui est oignon, pommes de terre, huile, épices, etc.. Le rituel accompli laisse place aux femmes de s’occuper du repas et ce qui s’ensuit. Mais depuis quelques années, la fête de Tabaski a été modernisée sur le côté de la cuisson : les femmes utilisent d’autres méthodes pour gagner du temps afin de se mettre dans leurs belles tenues le soir.

 

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

Les femmes sont  les génies de la cuisine. Comme à chaque fête, elles consacrent leur journée à préparer les meilleurs plats et à concocter des rafraîchissements à base d’oseille ou de pain de singe. Malgré la fatigue qui les accable, le soir, elles s’habillent avec prestance pour demander pardon au voisinage. Ceci commence à se moderniser s’il ne l’est déjà.

Les femmes font maintenant recours à des prêts à consommer. Des businesswomen ont détecté l’oisiveté et le manque de temps de certaines dames pour mettre sur le marché des sauces et mélanges d’épices prêts à être utilisés pour leur repas.
Sokhna Diarra Bousso est l’une des femmes conscientes de ce constat qui profitent de la Tabaski pour mener son business. A une semaine de la fête, elle cible ses clients et leur fait part de son produit qui consiste à donner un goût exceptionnel à la viande et qui ne demande pas de préparation. “Une semaine avant, je lance les messages. Après confirmation, je fais mes calculs et énumère le nombre de kilogrammes à acheter pour chaque ingrédients. Une fois fait, je m’y mets. Je commence les livraisons à trois jours de la Tabaski. C’est un business que j’ai commencé depuis 2020“, fait savoir le cordon bleu. Sokhna Diarra fait divers mélanges. Il y a ce qu’elle appelle sauce verte faite avec les oignons, les piments verts, les poivrons verts. Il y a le nokoss qu’elle prépare avec du poivre, du piment, de l’ail, du paprika, de laurier et autres épices. “Chaque mélange a son utilisation qui lui est propre ;  le nokoss, comme nous le savons tous, est inséré à l’intérieur de la viande. Je fais aussi de la marinade qui peut être utilisée durant ou après la cuisson” nous a-t-elle expliqué.

En fait, Sokhna Diarra souffle que les femmes ne veulent plus se fatiguer à mouler le poivre et le piment : “Mes clientes sont en majorité des femmes avec des enfants, des femmes qui sont dans les grandes familles, celles qui ne savent bien cuisiner, celles nouvellement mariées et qui doivent aller passer la fête chez la belle famille et qui celle qui veulent paraître belles toute la journée“.
Ndiémé est dans la dernière catégorie. Elle vit avec son mari, une belle-sœur et ses trois enfants. L’apparence compte pour Ndiémé le jour de la Tabaski. C’est la raison pour laquelle elle commande tout pour que son maquillage ne s’éclipse pas ; par contre, elle se donne du temps pour la grillade tout en mettant un miroir sur sa pochette : ” Le fait d’utiliser le mortier et le pilon pour moudre le poivre ou à couper les oignons, ça me met hors de moi. Je préfère passer une commande pour y gagner du temps un peu”.

Si Ndiémé ne veut pas que l’odeur de l’ail et de l’oignon demeure sur ses habits toute la journée et encore moins que son maquillage ne déferle avec la sueur, des femmes comme Penda Fall préfèrent que tout soit fait ailleurs. Penda ne dissimule pas son oisiveté d’entrer dans la cuisine : ” Je n’aime pas la cuisine et Dieu merci mon mari me comprend sur ce côté. Premièrement je n’ai pas de cuisiner, deuxièmement je vis seule avec mon mari. Rien ne m’oblige à faire comme les autres maisons :  laisser l’odeur de la grillade embaucher toutes les pièces de la maison. J’ai un traiteur qui ne fait que ça ;  après le sacrifice, il m’envoie un employé qui passe récupérer le moutons. Il fait tout là-bas, vers 14 heures, il me livre mon méchoui avec les accompagnants. En parallèle, je commande des jus naturels chez une tante qui me les livre la veille de la fête. Tout est devenu facile maintenant que l’on manque de temps, certaines femmes aiment se fatiguer à chercher du charbon par-ci, faire du feu pour la grillade, laisser l’odeur de la grillade aspirée par les murs“.

Il faut que l’odeur de la grillade se répande pour sentir réellement la Tabaski“, riposte Mame Diagna, une septuagénaire résidant en France pour des raisons médicales. La vieille dame explique que la fête de Tabaski a sa particularité :  “les préparatifs, aller au marché, acheter de l’oignon, veiller pour couper les oignons, le jour-j toute la famille se retrouve dans la cour pour s’entraider à préparer les sauces, les jus, l’odeur se dégage et embaume le quartier. C’est ça la tabaski. Je ne comprends pas les femmes qui amènent leur moutons à la dibiterie et qui achètent le nokoss alors qu’on peut le faire chez soi. Ce sont ces choses qui enlèvent à la Tabaski sa particularité” laisse entendre, au téléphone, la dame nostalgique de passer une fête de Tabaski au Sénégal.

La Tabaski garde sa vocation première d’accomplir le sacrifice mais perd son ambiance de regrouper la famille en s’occupant de la grillage et de la sauce. Certaines femmes préfèrent acheter les accompagnants plutôt que de perdre un temps pour éplucher et mélanger les épices à l’aide du mortier. La prestance et le paraître belles toute la journée prennent le dessus sur la fête.