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Tabaski-Le “peuplé Dakar” s’est vidé Le partage en famille

Tabaski-Le “peuplé Dakar” s’est vidé

C’est la ruée vers les régions

pour y passer la fête en famille

La veille, le jour et le lendemain de la Tabaski sont uniques pour Dakar : la capitale se vide ; les ressortissants sont tous retournés à leur région d’origine pour y passer la fête. Dans les gares routières et pour les partances des régions du pays, les bus et  et autres voitures de transport en commun débordent de passagers. Ils quittent Dakar pour aller rejoindre leur famille afin de passer une Tabaski harmonieuse. Un tour dans les garages laisse voir que toutes les personnes qui se réveillaient à Dakar n’y habitent pas.

Par Khadidiatou GUEYE Fall,

Cheffe du Desk Société

Aux Parcelles assainies, à la première intersection de la route prolongée du rond-point Case-bi, vers la destination de Cambérène, des bus se garent sur le trottoir. On l’appelle Mbarou Serigne Mourtalla. Des passagers s’installent sur des bancs en bois sous la grande tente. En face d’eux, deux bus surchargés de sacs de voyages, d’autres objets, laissent leurs portes ouvertes. Les passagers sortent et rentrent dans le bus. A travers les vitres, on aperçoit des passagers qui se sont déjà installés, commencent à se perdre dans leur sommeil.
A l’arrière du bus, un jeune se détend sur une natte étalée à même le sol. Il attend le feu vert du gérant des bus pour prendre le volant. Interpellé, il confie que depuis mardi, il n’a pas dormi une nuit entièrement : ” Je suis entre Dakar et Diourbel depuis mardi, c’est durant ces moments que je profite pour dormir un peu pour me concentrer sur la conduite“. Ce jeune homme de la trentaine est le chauffeur du bus. Son temps de travail est encore plus chargé quand les fêtes de ce genre se préparent. “En général, ce sont dans ces moments que l’on sent réellement notre travail de chauffeur. Nous sommes trop sollicités durant cette période. Et Dieu merci, quoi que le trajet puisse être long, on gagne vraiment beaucoup d’argent'”, soutient le monsieur étalé sur la natte.

Cette femme retrouvée sur le banc d’attente préfère garder l’anonymat. Touba est sa destination. Mais le bus est déjà plein. Elle est obligée d’attendre l’arrivée de l’autre bus qui se trouve à hauteur de Mbour, ou aller à la gare de Baux maraichers de Pikine pour arriver à destination avant la nuit.

D’après notre interlocutrice, une femme ménagère à la cité Soprim des Parcelles assainies, la fête de Tabaski et le Magal de Touba sont les deux fête qu’elle ne rate jamais sans aller à la ville sainte de Khadimou Rassoul : ” La korité et la tamkharit je les passe chez ma patronne mais pour la Tabaski et le Magal, il est hors de question pour moi de ne pas les fêter avec ma famille. Le travail est important mais aussi nous ne devons pas oublier que la famille est sacrée. C’est pourquoi je prépare la Tabaski avec beaucoup de d’enthousiasme”.
Son apparence ne disqualifie pas qu’elle a préparé la fête : de jolies tresses, des sourcils bien tracés et de faux cils en rajout mettent en exergue son envie de paraître belle le jour de la fête. Elle n’est pas la seule. De loin, on voit une dame accompagnée de deux jeunes filles, en tresses traditionnelles avec un sac de voyage, un sac à main. S’approchant, la belle dame au teint clair nous notifie de son petit voyage vers Kolda. “ Je suis vendeuse couscous, thiakry. Je vis ici avec mon mari et mes filles en location. Pour la Tabaski, nous allons chez la grande famille et c’est une occasion pour que toute la famille se retrouve. Certains frères de mon mari sont à Yeumbeul, d’autres  à Bakel pour leur travail. Celui qui est à Bakel a une grande maison là-bas, mais pour cette fête, tout le monde revient à la maison familiale. C’est la grande retrouvaille” fait-t-elle savoir avec l’accent peulh.

Malick Ndiaye est un étudiant. Il passe tout son temps à Dakar même pour les fêtes de fin d’année ;  il reste à Dakar chez sa grand-mère maternelle. Pour lui, les trois jours offerts par la Tabaski qu’il passe chez ses parents à Touba éveillent une certaine nostalgie. Il signale que ces moments de retrouvailles sont uniques.

A Notaire, un espace fait office de garage des bus en partance vers Kaolack. Mame Thierno est originaire de cette ville. Contrairement aux précédents interlocuteurs, les quelques jours de fête de l’année lui permettent d’aller retrouver ses parents, sa femme et sa fille. “Nous sommes venus à Dakar parce que tout est ici, on travaille juste à Dakar ;  maintenant il est impératif de rejoindre la famille pour vivre la fête pleinement“, affirme Mame Thierno, évoluant dans le montage des meubles importés.

La capitale est presque dépeuplée. Les arrêts de bus ne reflètent plus son image quotidienne. Les voitures circulent correctement sans bouchons. Seuls les marchés ont maintenu leur ambiance d’antan. Sauf que ce vide n’est que passager ; il ne faut que deux jours après la Tabaski pour que tout redevienne comme avant.