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Sagar ou morceau, Laye est un prodige

 

Sagar ou Morceau

 

Pape Abdoulaye Seck, 

un prodige

Auteur/Réalisateur, producteur sénégalais, Pape Seck de son surnom est le fondateur de la maison de production « SangomArt Original ». Une boîte d’incubation et de production cinématographique gouvernée par une équipe énergique.

Entretien dirigé par

Chérifa Sadany Ibou-Daba SOW,

Cheffe du Desk Culture

 

Pape Abdoulaye Seck, « Sagar »est-il votre premier court métrage ? Est-ce que vous pouvez revenir sur les métaphores de ce brillant film ?

« Sagar » est mon 3ème court métrage et mon 2ème fiction après mon film « Attente latente ». Avant Sagar, j’ai fait un documentaire, court-métrage qui s’appelait « Sory – Loin », sur les histoires de vie de couple à distance de migrants vendeurs à la sauvette à Marrakech.
« Sagar » est le film qui m’a effectivement révélé dans le monde du cinéma africain. Pour les métaphores, en gros j’ai utilisé un langage qui m’a été offert par le cinéma grâce à l’image et au son, pour relater de la manière la plus fidèle possible les ressentis qu’une personne incapable de donner un enfant peut ressentir, surtout dans un contexte social qui est là, présent et pressant. C’est un peu ce que j’ai essayé de retranscrire à travers la mise en scène.

Pape Abdoulaye est un cinéaste à la quête de l’humanisme ; pourquoi ce choix ?

Je ne suis pas sûr que ce soit un choix. Pour moi, c’est comme ça parce que déjà le bon Dieu qui nous a créé préfère l’humain de tout ce qu’il a créé à la base ; donc comment ne pas mettre l’humain au cœur de tout ? Je crois donc que c’est quelque chose que j’essaye d’assumer quelque part dans mon cheminement spirituel parce que pour moi aussi faire du cinéma,  c’est aussi une forme de cheminement spirituel et tant que j’ai l’humain au cœur de ce cheminement spirituel, peut-être que je trouverai la clé de la porte de cette universalité éternelle.

Parlez-nous de vos projets. Dans quoi Pape Abdoulaye entreprend-t-il ?

Disons, qu’à « SangomArt original », c’est une panoplie de projets qui sont développés par toute une équipe dynamique avec une team créa, un team technique, une team admin/Prod & communication, et ce qu’on appelle la team des gangStarts (Ceux qui démarrent) entre guillemets, (rire…) ; donc ce sont tous ces artistes qui sont là avec un talent de beatmaker, de musiciens, de peintres-plasticiens,… avec lesquels on essaye de réinventer les choses, développer de nouvelles formes d’Arts. À travers ces projets, il y a beaucoup de petites pépites qui sont en train de germer.
La formation et le partage d’expérience étant des maillons essentiels dans notre métier, nous avons lancé en fin juillet dernier le Lël Ciné, une session de formation en pratique cinématographique pour 20 jeunes, pendant 3 mois.
Il y a aussi le projet documentaire Commandanté Titina “Victoria Certa” de Samba Diao qui raconte l’histoire d’une femme forte qui a lutté pour les indépendances de son pays la Guinée-Bissau et le Cap-Vert avec le PAIGC d’Amilcar Cabral. C’est un des projets qu’on a incubé et qui est aussi sélectionné au Ouaga Film Lab de cette année 2022. En parallèle aussi, j’avance sur mes projets d’écriture de films et autres…

Quelle est la corde qui vous aide à toujours grimper dans le monde du cinéma ?

Je ne sais pas si on peut l’appeler corde (rire)…je dirais ça reste Dieu. C’est Dieu qui est au contrôle, il y a aussi cette envie qu’IL nous donne. S’IL ne nous l’avait pas donnée, cette envie de raconter des histoires, de conter le monde dans un point de vue africain (parce que c’est important), je ne pense pas que j’aurais eu autant de motivation à continuer surtout que le chemin n’a pas du tout été facile à plusieurs égards.
Me voilà doté d’une mission guidée par Celui qui m’a assigné à ces tâches donc je ne fais qu’écouter là où IL m’envoie puisque c’est LUI la véritable voie, le Meilleur des Guides…

Quelle est selon vous la référence à suivre pour percer dans le cinéma ?

Pour moi, pour percer dans le cinéma, il faut juste assumer son regard et être le plus honnête possible avec soi-même. Il est important de comprendre pourquoi nous avons le devoir de parler. C’est un privilège de pouvoir parler pour soi et pour les autres. Il faut donc savoir le faire de la manière la plus honnête possible. Tant qu’on on est en phase avec ce concept, il y’a pas de raison de ne pas aller loin.

Divers : si vous aviez des choses à dénoncer, à annoncer, à mettre en garde, ça serait quoi ?

Je ne suis pas sûr d’avoir une chose à dénoncer. Je crois que je suis déjà assez bavard dans mes productions, dans les films que je réalise, dans la manière dont je mets en scène. Je ne pourrais pas avoir autre chose à dénoncer par autre moyen que le cinéma… Même s’il arrive parfois qu’on soit révolté face à des choses… La prise de conscience est de se demander quel impact finalement ça a eu de dénoncer de la manière dont on le fait sur les réseaux à travers les plateaux. Est-ce qu’il n’y a pas une forme beaucoup plus puissante de dénoncer les choses en agissant avec une réelle positivité, vers d’autres types de possibilités sans en attendre personne ? Mais tout en s’attachant la lourde tâche de répandre le pardon, la paix et l’harmonie. Je pense qu’en étant positionné comme tel, d’autres pourrons prendre référence sur vous et il suffit que d’autres copient ce modèle pour que les choses aillent de l’avant très vite. En conclusion, je laisserai ce message aux lecteurs du Devoir et vous remercie très sincèrement pour cet échange.