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Présidentielle : Piégé, Amadou Bâ ?

Présidentielle

Le cadeau empoisonné

de Macky Sall à Amadou Bâ 

Rassuré au double plan administratif (Premier ministre) et politique (candidat à la Présidentielle) malgré la résistance à l’interne, Amadou Bâ reste le principal atout intérieur et extérieur ; si Macky Sall a été la tête des politiques appliquées avec succès depuis 2012, Amadou Bâ en est le bras : maîtrisant par exemple le programme “Sénégal émergent” du bout des doigts, il a été le premier à en démontrer la substantifique moëlle en allant le défendre urbi et orbi et avec succès ; le choix opéré en 2022 s’expliquerait, selon certains analystes, par le caractère posé et loyal de celui qui a été gardé entre 2020 et 2022 pour la fine bouche qui l’a choisi Premier ministre. Enfin, sa désignation comme candidat de la majorité devrait convaincre des convictions fortes de Macky Sall dans ses relations avec Amadou Bâ ; les émouvants témoignages de ce mercredi 07 février dernier en Conseil des ministres en révèlent un bout.

Certes, Macky Sall ne l’aurait choisi que “contraint et forcé“, selon certaines confidences qui voulaient justifier leur opposition au choix ; cela devrait suffire à prouver la stature internationale du candidat de la majorité plus convaincante que celles des autres postulants. Au demeurant, au jeu de cartes, Amadou Bâ aurait la masse, même si, à l’analyse, beaucoup le pensent victime de Macky Sall : le président de la République devait savoir la lame de fond qui monterait des Apéristes chauffés à blanc contre cet ancien ministre de l’Économie et des Finances, surtout que lui-même avait peint le tableau plus en noir qu’en blanc. Le président n’aurait pas digéré le bras de fer du remaniement de 2017; depuis, d’ailleurs, les rumeurs les plus folles ont été distillées sur la vénalité du Premier ministre, “corrupteur avec lequel on siège au Conseil des ministres” selon les rumeurs post-03 février nées de démissions et d’opposition parlementaire contre le renvoi de la Présidentielle du 25 février.
Les dissensions internes nées en septembre-octobre au sein de la majorité ne reposaient pas seulement sur le viol d’une procédure de sélection interne à l’issue de laquelle le candidat choisi ne faisait pas bonne figure : Amadou Bâ ne serait pas sorti primus des entretiens menés par Moustapha Niass et le refus de certains caciques vient de confidences mêmes du patron que beaucoup d’Apéristes ont adoptées à la lettre en rejetant pour une fois la voix du maître.
Certes, sous sa silhouette si effacée qu’un fantôme semblait habiter le petit palais, Amadou Bâ serait un manœuvrier de grande classe. Il se veut cependant loyal et fidèle à son patron dans les missions à lui confiées. On sent les mêmes dispositions chez ses conseillers. Les récentes démissions trahiraient cependant une guerre des tranchées depuis la présidence même qu’elles traduisent et prolongent ; on l’accuse ainsi de vouloir tirer les marrons feu en ayant plusieurs fers dans le brasier : certaines gorges profondes proches de l’entourage de Macky Sall font ainsi de Amadou Bâ le porteur d’eau de certain candidat retenus à la surprise générale. Lui, le premier à défendre le programme “Sénégal émergent” qu’il maîtrise du bout des doigts sait apprécier la direction du vent : la sérénité qu’il affiche révèle cependant une sourde inquiétude pour la suite des événements ; “Le grand Saturne ou Cronos, père des dieux olympiens, s’apprête à dévorer l’un de ses enfants. On retrouve le mythe de Saturne dévorant ses enfants dans divers manuscrits à la fin du moyen-âge” (Wikipedia).

 

Pathé MBODJE