Portrait : Wade, faiseur de roi
Portrait
Un faiseur de roi nommé Wade
Chronique de notre correspondant en France
Cogiter sur Wade et Mandela reste un exercice très plaisant quant au parcours et à la ressemblance des deux hommes pour le combat et la longue résistance. Ceci est un rappel historique pour les jeunes générations, fondé sur l’éthique et la morale. En effet, lorsque, Nelson Rolihlala Mandela, avocat, écrivait : « Être libre, ce n’est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; c’est vivre d’une façon qui respecte et renforce la liberté des autres », il y avait à l’autre bout du monde El Hadj Abdoulaye Wade, un autre avocat qui, comme pour lui marcher sur la langue, s’insurgeait contre les inégalités en poussant son peuple vers la démocratie et la prospérité. Et cet autre Africain disait en ces termes : « Par le travail, autrement dit par notre travail, nous pouvons développer et construire le Sénégal ; mais les fruits de notre travail devraient aller aux Sénégalais ». Lorsque l’histoire d’un pays se narrait quelque part, dans un livre intitulé «Un long chemin vers la liberté », ailleurs, dans un livre analogue, on parla de « La longue marche du Sopi ». Quand, quelque part, un ancien chef d’État était accueilli triomphalement par un pouvoir, paradoxalement et bien ailleurs, on réservait un accueil dédaigneux à un ancien devancier. Lorsqu’un leader né en 1918 fut emprisonné pendant 26 ans, un autre géant naquit en 1925 et dans d’autres circonstances fut 26 ans durant, claquemuré dans une prison à ciel ouvert mais galvanisant son peuple comme le porte-étendard de la lutte des masses, tout en étant accablé de souffrances de toutes sortes.
Leurs partis à eux deux s’écrivaient par extraordinaire respectivement en trois lettres : ANC et PDS. C’était, comme si le hasard voulait encore consigner dans les registres de l’histoire africaine ces grands héros, dont les noms de guerre s’écrivaient étrangement en son six lettres : Madiba ou Gorgui.
Leur sagesse et leur loyauté, doublées d’une générosité infinie, avaient donné à leurs pourfendeurs innommables du fil à retordre.
Ces deux grands panafricanistes, à l’image de leurs devanciers, avaient été des baobabs debout dans toutes les batailles pour honorer le continent africain.
Deux présidents qui se ressemblaient jusqu’au bout des ongles ou presque, en donnant deux fils dont les noms étaient épelés en cinq lettres : Mbeki et Macky, mais somme toute trop différents. Car, ici-bas, il y avait des hommes généreux et fidèles qui menaient au zénith du jour, et d’autres méchants et revanchards qui gouvernent dans l’obscurité la plus profonde de la nuit.
Pour cause : quand l’un vénérait celui qui l’avait forgé et lui avait tout appris, l’autre, malheureusement, vouait aux gémonies celui qui lui avait tout donné. L’une de ces deux icônes était partie en géant. Dieu fasse que la seconde vive encore longtemps parmi nous… !
Tidiane SÈNE,
Toulouse