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Poème : Résonances-Rimbaud ne vint pas au rendez-vous

Rimbaud ne vint pas au rendez-vous

Ce texte (Résonances) je l’ai écrit à Paris il y a quatorze ans… (2008) ; je crois beaucoup aux « résonances »…
Le texte nous changera un peu des « grandes réflexions et analyses » des dernières semaines…
«  La poésie ne rythmera plus l’action, elle sera en avant… », a écrit le poète qui passa devant Zanzibar une nuit ou un jour (?) sans « poser le pied » ou plutôt « la main » sur l’île…
J’ai fait un peu comme le poète en 2017 : je me trouvais à Dar ès-Salam en mission et ma réservation pour Zanzibar avait été faite. Au milieu de la nuit, j’ai pris seul la décision de faire annuler mon « voyage à Zanzibar »…

Je voulais me rendre à Zanzibar parce que j’étais persuadé que le poète Arthur Rimbaud, qui voyagea en Abyssinie, sur la côte orientale de l’Afrique, avait fait le « voyage de Zanzibar »….
À mon retour à Dakar, après une longue escale à Addis Abeba, je devais apprendre, au détour de mes lectures, que finalement Arthur Rimbaud ne s’était pas arrêté à Zanzibar…
« Résonances » ?

Résonances…

Mon cœur raisonne et ma raison étonne…
Entrer en résonance ou entrer en religion ; le message à recevoir ou à transmettre est toujours le même, il vient des confins du système solaire, là où recommence la vie solitaire, la vie sans les autres…
Le message reçu appartient toujours à un autre ; il change de main avant d’être transmis.
Au-delà du message, il y a les signes à décrypter et à comprendre ; le sens des mots échappe souvent à toutes les raisons, première ou dernière…
Viennent ensuite dans le désordre noms et prénoms, visages connus et inconnus, âge réel ou imaginaire ; les siècles se suivent mais les messages reçus sont différents d’un homme à l’autre, d’une main à l’autre, d’une image à l’autre, d’un roi mage à l’autre…
Recevoir le signal émis et le transformer en image ; le son est souvent (sous le vent ?) absent du message à relayer, le silence sidéral enveloppe le message et son contenu.
La source du signal ne se dévoile jamais ; les relais de la mémoire fonctionnent comme des relais hertziens, c’est à prendre ou à laisser, c’est apprendre à l’essai, rien n’est sûr dans le message sauf le sens caché, le sens abscons aurait dit l’autre…
À quelle source sonore se fier aux aurores, à l’heure de la retransmission ? Le son est absent et l’image est à double sens : sens propre, sens figuré, il faut absolument se méfier du contresens !
Image et son ; dans le monde réel, les deux coexistent mais dans le monde opposé, celui du rêve, toutes les voix sont “off’’ ; seule compte la voix du philosophe…
Toute résonance est un écho lancé à l’assaut de la raison ; les demeures sont vides au premier regard mais le silence- encore lui- habite les coins et les recoins de la mémoire des lieux.
Etat des lieux ; à l’entrée comme à la sortie, le bilan des messages reçus et transmis se fait par l’écriture et il faut savoir compter jusqu’à dix, les dix commandements, le sermon sur la montagne, les cinq sacrements de l’église et toutes les sources dignes de foi et de raison..
Avoir raison ou avoir tort ; la raison s’invente et le tort évite le pardon…
Toute lumière doit être retransmise en même temps que son ombre ; le cavalier suit son ombre…
Entrer en résonance ou entrer en dissidence : le parti est vite pris, le parti des autres est ma patrie, ma voix est celle des autres ; la voie neuronale est tracée comme un sillon perdu dans les sables du désert…
Entrer en résonance c’est tendre sa plume à l’orage magnétique
Le chant – celui du poète –dérive d’un potentiel…

​Vovo Bombyx
Paris le 07/08/08