Poème-Le Dernier Nègre (A Aimé Césaire)

Le Dernier Nègre
(A Aimé Césaire)

Le dernier Nègre s’en est allé
Avant lui Léopold Sédar Senghor
Avant lui Léon Gontran Damas
Il a dénoncé avec des mots d’acier
Avec ses tripes, son cœur, l’histoire
Ecorchée de son peuple meurtri.

Oui, il a fermé les yeux sur un monde nouveau
Car son écriture aux éclats tranchants a lacéré
Le tissu de honte étalé par l’orgueil blanc
Devant la face des sans voix figés de terreur
Lorsque l’oppresseur hausse le ton
La verge haute, horrible et sans pitié.

La Négritude, aspiration du Noir à s’enraciner
Dans sa culture, cette culture si belle, si harmonieuse
Qui unit le cœur à la raison, le spirituel au temporel
Oh toi Nègre, Césaire n’est pas mort, Césaire vit en toi
Ses mots seront toujours le viatique qui te soutient
La parole qui t’élève, et élève ta voix dans la dignité.
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Il s’en est allé le Dernier Nègre
Parcourir les prairies chatoyantes de l’Eden
Retrouver ses amis Senghor et Damas
Et inlassables, livrer leur dernier combat
Comme témoins irréductibles et implacables
Devant Dieu dans l’ultime procès du monde.