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La Ligne du Devoir

Poème-Couleur Safran

Couleur safran

Aborder l’Océanie, un souvenir australien flotte dans la mémoire, envahie d’étoiles de mer…
Aborder la rive innocente du fleuve Niger, un exercice ancestral sur les terres arides qui dérivent vers les jujubiers du Sahel vert.
Aborder la plaine somptueuse, l’onde lumineuse roule sur les crêtes de la dune couverte de sucre d’orge.
Aborder le silence des poètes perdus, la complainte du lamantin monte au ciel de Simal…
Aborder l’espoir, la trajectoire finale du livre ouvert à la dernière page du rêve mêlé au soleil de Cayenne.
Magnifique est le verbe lire, magnifique est le verbe écrire : les deux forment l’élite de la récidive littéraire.
Les dés sont jetés pour dépasser l’infini, le passé de l’être – le passé des lettres- se lit dans la fumée blanche qui enveloppe les statues relevées, à la tombée de la nuit.
Rapa Nui : la nuit est-elle tombée, là-bas, au milieu de l’océan Pacifique ?
L’eau tremble et chaque goutte d’eau de pluie tropicale est transformée en obélisque…
«  Un Moai vient sauver le monde à Paris… »
Fort-de-France, Cayenne, Dakar : des villes se touchent, des mots fusent vers les quatre points (poings ?) cardinaux.
Remettre en jeu plusieurs vies dans une surface d’émotion aux couleurs de l’Afrique ?
Le verbe est capricieux, il est cousu de mots blancs et noirs qui virevoltent dans la mémoire traversée d’éclairs, chocolat ou café crème ?
Le lait versé dans le détroit de Gibraltar coule sur le front de terre qui sépare les siècles dissous dans l’eau douce…
Il faut avancer seul vers l’impossible lorsque le possible s’enfuit faute d’espérance.
Des mains rebelles pour des armes miraculeuses qui fendront la cuirasse des patiences honteuses…
Couleur safran, l’Inde est proche, la lumière jaune tombe sur la main noire des poètes…
Adieu Sédar, adieu Damas, adieu Césaire, la concordance des cœurs est le temps infini des poètes…

Vovo Bombyx
Paris le 17 avril 2009