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La Ligne du Devoir

Ousmane Ngom, le Maitre second

Portrait-Ousmane Ngom

L’homme qui devait
« seconder Wade »

« Si Karim Wade et Ousmane devaient tomber du troisième étage, c’est Ousmane que je capterais en premier »

La chronique de notre correspondant en France

Même étant élève vers les années 1974, il adhéra au Parti démocratique sénégalais (Pds) et se propulsa au niveau du Secrétariat national aux côtés de Serigne Diop, Abdoulaye Faye, Hamidou Seck, Mame Assane Gaye de Bargny, ainsi que beaucoup d’autres jeunes militants intrépides et décidés. Fougueux, pugnace, militant résolu, patriote, amical, studieux, véridique et revêche devant l’adversaire, le militant saint-louisien devenu avocat connaissait le Parti démocratique sénégalais mieux que quiconque.
Il avait passé toute sa jeunesse à accompagner le Secrétaire général national (Sgn) de son parti et à défendre ses idéaux. Il fit son bonhomme de chemin vaillamment et, très tôt, intégra le Secrétariat national avant de s’envoler en France juste après la Licence. Abdoulaye Wade disait de lui ceci : « Si Karim Wade et Ousmane devaient tomber du troisième étage, c’est Ousmane que je capterais en premier ». Abdoulaye Wade passait plus de temps avec Me Ngom qu’avec n’importe quel autre responsable du PDS. Leurs tête-à-tête quelquefois entre les deux hommes continuaient jusqu’au au-delà de minuit. Une telle complicité pouvait débuter très tôt le matin pour ne jamais se terminer. Ousmane qui, chaque fois qu’il quittait le domicile de Wade, pouvait être rappelé avant même qu’il n’atteigne son propre domicile. Abdoulaye Wade était tout le temps avec son jeune avocat plus qu’il ne l’était avec n’importe qui de sa propre famille.
Cela démontrait à quel point Abdoulaye Wade était attaché à son vrai deuxième fils spirituel après Serigne Diop qu’il a forgé et mis au-devant la scène politique à différentes stations, sauf à l’Assemblée nationale ou à la primature. Inadvertance d’un moment politique ou refus programmé dans la longue marche du Sopi ? Devenu bras droit, porte-parole, secrétaire national chargé des Affaires extérieures, puis numéro deux (No 2) de facto du parti et ministre dans tous les gouvernements où il a eu à travailler, Me Ngom était auprès de Fara Ndiaye, Badara Niang, Boubacar Sall, Serigne Diop et Abdoulaye Faye, l’homme de confiance attitré d’Abdoulaye Wade mais peut-être pas du PDS où il comptait beaucoup d’adversaires.
Mais Ousmane Ngom aussi, quoi qu’on dise, a rempli sa part de fidélité envers Me Wade en lui donnant toute son adolescence doublée de son compagnonnage. En France, il a reçu, hébergé et inculqué beaucoup de versets coraniques à son jeune frère Idrissa Seck. C’est dire qu’en bon arabisant discret, Ousmane Ngom est un adepte insoupçonné du Coran dont il ne se gargarise point. Vers les années 1980 à Paris, il a aidé à l’installation de la Fédération PDS de France avec Badara Niang, Mody Sy, Ousmane Sakho, Ndongo Mbaye, Lamine Fall, Abass Ndiour, Aminata Samb, Leila Brumier en me remettant une boite de conserve « d’air de France » que je humais pour aussi aller en Europe à chaque fois qu’il revenait de l’Hexagone.
À mon étude et chargé des audiences, je lui trouvais une audience pour deviser avec Wade à chaque fois que l’occasion se présentait… Beau vieux temps des années de braise ! C’est avec l’OTEFS, une organisation regroupant les travailleurs émigrés et étudiants sénégalais de France que cette structure a vu le jour. Sa chambre d’étudiant du 60 avenue de Charonne faisait office de la première permanence du parti, avant d’être finalement déplacée au Foyer du No 62, de la rue de Charonne à Paris.
Patriote résolu, Maitre Ngom a opté de faire sa carrière à côté de Wade. Il fit ses humanités au 7 rue de Thiong dès son arrivée à Dakar comme d’abord avocat stagiaire. Doctorant en droit, il s’inscrit au barreau de Dakar avec des confrères tels : Maitres : Makhfous Thioye, Massamba Ndiaye, Ibrahima Niang, Ousseynou Fall, Cheikh Khoureyssi Ba, Talibé Diop, Bidjélé Fall, Djibril War et d’autres. Animateur dans le journal « Takussan » auprès du grand sociologue spécialiste des phénomènes sociaux et journaliste de talent Pathé Mbodje, il dirigea le « Démocrate » et le « Sopi ». Ousmane fut aussi un des meilleurs présidents des groupes parlementaires du PDS. Il a eu, dans ses combats les plus épiques, à croiser le fer avec le redoutable philosophe, feu Abdourahim Agne du Parti socialiste, mais aussi à l’historien Iba Der Thiam ainsi qu’à tant d’autres ténors politiques du parti socialiste.
S’étant très tôt proclamé fermement le « bouclier » de Me Wade, Ousmane a toujours été aux côtés de ce dernier, jusqu’à cette malencontreuse histoire de 1978 dont l’origine émane d’une dualité féroce entre lui et Idrissa Seck séparant les responsables du secrétariat national en deux groupes, qui se regardaient extraordinairement en chiens de faïence. Même revenu « en disgrâce » dans le parti ou « recontacté » pour re-épauler le parti contre les dérives d’Idrissa Seck omnipotent, il n’a aussi jamais été promu président de l’Assemblée nationale encore moins Premier ministre dans les gouvernements qui suivirent. De tous les responsables qui ont existé au PDS, Ousmane Ngom a le plus gouté au « Diakan » (riz de prison) de « Rebeuss », à plusieurs reprises.
Toujours est-il qu’en son temps, à la question de savoir qui aurait le « meilleur profil » pour remplacer Abdoulaye Me Wade à la tête du parti, un nom était toujours murmuré de partout… Et le nom d’Ousmane  Ngom coulait de source.

Tidiane SÈNE,
Toulouse