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Nos ancêtres des Tirailleurs

Qu’est-il advenu des 21 soldats noirs

de la révolte bonapartiste de 1815 ?

Découverte par l’archiviste Julie Duprat, auteure de « Bordeaux Métisse » (Mollat 2021), cette histoire singulière a impliqué des soldats noirs de la « Compagnie des gens de couleur » en 1815 alliés à deux frères généraux de l’Empire, César et Constantin Faucher, pour mener une révolte bonapartiste à la Réole.

L’histoire commence en juillet 1815, dans le contexte politique des Cent-Jours, bref interlude durant lequel Napoléon Bonaparte tente de revenir au pouvoir après son exil. À la fin du mois de juillet, la monarchie est définitivement rétablie, ce qui n’est pas au goût de tout le monde, notamment des partisans de Napoléon, particulièrement nombreux parmi les anciens militaires. L’été est ainsi marquée par toute une série de révoltes dans tout le territoire français pour défendre le parti impérial.

Pour Julie Duprat, « Parmi, toutes ces révoltes, celle de la Réole a considérablement marqué les esprits et pour plusieurs raisons. En plus d’avoir été initiée par deux chefs jumeaux charismatiques, les frères Faucher, la participation d’Afro-descendants fut importante. Les frères Faucher, anciens militaires et cadres fonctionnaires impériaux, lancent le mouvement contre les royalistes et sont rejoints par Casimir Duclos, un artisan âgé de 46 ans, originaire de Sainte-Lucie, afro-descendant et ancien lieutenant du bataillon colonial. Il rallie derrière lui vingt autres Afro-descendants plus jeunes dont Varret, Bombance au statut précaire, originaires de Guadeloupe ou d’Haïti. Une seule exception notable est à relever : on retrouve parmi eux Louis Silvestre, né à Bordeaux ….. Outre leur statut de militaire, ce ralliement des Afro-descendants à l’Empire, malgré le rétablissement de l’esclavage en 1802, s’explique parce que Napoléon reste le principal opposant aux royalistes. Il est encore perçu comme défendant encore les idéaux républicains.»

Stationnés dans l’éphémère Compagnie des Gens de couleur, créée en mars 1815 à Bordeaux par Napoléon Bonaparte pour l’aider dans sa reconquête, ces soldats sont pour la plupart issus de la Guadeloupe et d’Haïti, colonies où, l’esclavage ayant été aboli par la convention révolutionnaire en 1794, nombre d’anciens esclaves se sont engagés dans l’armée.

Partisans bonapartistes, sans salaire depuis plusieurs mois, ces soldats noirs vont rejoindre la Réole où les frères Faucher sont en poste. Le 22 juillet, sous leur impulsion et celle de Casimir Duclos, leurs troupes lacèrent le drapeau blanc, symbole des royalistes, qui venait d’être exposé dans la ville. Pendant deux longues journées, pillages, et réquisitions des biens des royalistes se succèdent dans plusieurs communes alentours.

Arrêtés à Marmande, tous les soldats révoltés, noirs et blancs confondus, sont conduits à Bordeaux où ils sont jugés le 18 septembre 1815 par Tribunal de première instance. Ceux qui sont le plus durement jugés sont en fait les frères Faucher anti-royalistes qui sont fusillés le 27 septembre 1815. Parmi les 21 soldats noirs, Duclos, Varret, Bombance et Silvestre écopent de plusieurs années de travaux forcés ou de bannissement, tous les autres sont condamnés à cinq ans d’emprisonnement (Le dossier du jugement peut être consulté aux Archives Départementales de Gironde, 2 U 850).

Pour Julie Duprat : « Il est très clair que le tribunal a retenu plusieurs circonstances atténuantes pour ces Afro-descendants, considérant qu’ils étaient de simples suiveurs, plus motivés par des critères économiques que politiques

Et la chercheuse de conclure que cette histoire « illustre une fois de plus la progressive politisation des Afro-descendants métropolitains, qui ne s’arrête pas à la Révolution. »

Si l’épilogue de l’histoire s’est écrite à Bordeaux, c’est que la ville, à l’époque, dispose de nombreuses infrastructures administratives et judiciaires mais surtout reste le premier port colonial de France et la Porte d’entrée du Royaume où passent des milliers d’afro-descendants, majoritairement esclaves mais aussi de nombreux affranchis, à la recherche d’un monde meilleur que celui des plantations esclavagistes américaines.

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Le Noir vous va bien

Du contingent aux Tirailleurs

Le Bataillon des Pionniers Noirs est un régiment constitué sous le Consulat par arrêté le 21 floréal an XI (11 mai 1803) à Mantoue. Jusqu’en 1809, il est composé principalement de Noirs (soldats et quelques officiers) originaires des Antilles et anciens partisans de Toussaint Louverture. Mis au service du royaume de Naples en 1806, il est connu sous le nom de Royal Africain (en italien Real Africano). On peut estimer à un millier les Noirs qui servirent dans ce régiment.

Ces écrits de Wikipedia sont à différencier de : « Les soldats noirs de la République » de Pap Ndiaye dans le mensuel 337 de lhistoire.fr daté de décembre 2008.

Comment ont-ils été recrutés ? Et comment ont-ils été traités ? Symbole tour à tour vénéré et détesté de la République coloniale, les tirailleurs sénégalais sont devenus un enjeu de mémoire.
C’est en 1857, par un décret de Napoléon III, que fut créé le corps des tirailleurs sénégalais, à la suite des recommandations d’une commission militaire. L’objectif était de faciliter les projets de conquête.