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La Ligne du Devoir

Monsieur le Président, gros comme le bras

L’enivrement du leader

La chronique de notre correspondant en France

Qu’ils s’appellent Déthié Fall, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, Aïda Mbodje ou autres, l’attribut ou épithète alloué au « Président de parti » a un relent encomiastique. Qui ose véritablement s’aventurer à convaincre sur un quelconque intérêt que pourrait constituer ces centaines de partis qui grouillent dans le landerneau politique ? Certainement pas un intérêt démocratique !

Les leaders qui font la politique sont tous bizarrement des « présidents » de parti, ce qui au fond et de façon caractéristique dénote leur perception despotique du premier rang qu’ils préfèrent occuper. Cette place primordiale reste très souvent inamovible. C’est donc rare de voir les patrons de partis accepter de jouer les seconds rôles ne serait-ce que dans le temps, ou accepter une direction collégiale afin que, par tour de rôle, chacun puisse diriger le parti durant un moment. La jalousie politique a de beaux jours devant nous. C’est pour cette raison que nous voyons des centaines de partis donner exclusivement aux présidents le droit de devenir les seuls aptes à prendre des décisions et, du coup, continuer de crâner à la tête du parti. Et dans ce cas d’espèce, l’égalité des chances n’est plus tout à fait respectée.
Au fond, les partis ou associations politiques n’enseignent pas assez suffisamment sur l’éducation et la formation des membres avec à la clé une conception de partage et surtout de non-hégémonie et de non-suprématie caractéristiques de césarisme.
Très souvent, à regarder la démarche ou à bien écouter les discours politiques concernant les mesures à prendre au niveau de ces divers groupements, le dérapage verbal, la précipitation remarquée, les erreurs rencontrées et les réponses à donner pour une meilleure orientation nous renseignent invariablement et de façon continue sur la prépotence totale du leader sur les autres membres. Ce qui engendre quelquefois des défections.
Contrairement au Sénégal où de nombreux partis politiques peinent à se faire identifier, une similitude totale gangrène les formations qui déclament en général leur camaraderie (socialistes), leur fraternité (libéraux), leur patriotisme (patriotes), leur idéologie (communistes) leurs sentiments ou leur doctrine (nationalistes) … etc.
Le constat le plus en vogue, c’est que les défections dans les partis politiques sont très souvent liées à l’arrogance ou au potentat du président du parti qui ne respecte pas souvent les résolutions sorties des assemblées générales. Aussi, les leaders agissent trop souvent de façon personnelle. Ils mettent la plupart du temps en exergue leur seule personne, plutôt que l’intérêt du groupe ou du pays.
Il y a des hommes qui croient à la politique, ou qui croient faire leur devoir de citoyen. Ce sont des patriotes ! Ils se battent pour leurs pays et pour l’avenir de leurs petits fils. Ces combattants méritent que leurs noms soient gravés dans les registres de l’histoire du pays.
Par contre, il y a des chefs de parti égoïstes. Ils sont imbus plus par leur « moi » intérieur que par la mission que le parti leur assigne. D’où, sur le terrain, le discours ne colle pas souvent avec la réalité.
C’est dire qu’au-delà de leurs discours, ils ne savent pas partager les responsabilités dans le parti, ou ne se considèrent véritablement pas comme indispensables.
N’est pas patriote, démocrate ou digne fils de ce pays qui veut !
Or, la politique vaut souvent un sacrifice ultime, bien évidemment quand on y croit.

Tidiane SÈNE,
Toulouse