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Macky Sall : Les signes de la fin Il refuse d'engager le Sénégal à quelques encablures de son départ

Macky Sall

 

La République en marche

Il refuse d’engager le Sénégal à quelques encablures de son départ

Un certain dogmatisme de fin de règne consacre la République chez un Macky Sall arrivé au bout du rouleau frappé d’humilité  : en refusant désormais de transiger au nom de l’État, le président de la République semble laisser à son successeur le droit d’engager le Sénégal dans les instances internationales.
Le dernier exemple en date est l’attitude du Sénégal devant l’arrêt de la Cédéao limitant le nombre des  mandats présidentiels à deux, dans les pays de la communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cédéao), vieille vision de juillet 2021 (10 et 11) remise récemment sur le tapis politique intérieur.
Déjà, en février dernier, Dakar s’était abstenue de voter les sanctions de l’Organisation des Nations-Unies condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie pour finalement dénoncer les conséquences de la guerre imposée à Kiev par Moscou devant l’ampleur de la vague  de migrants et la déstabilisation des certains pays européens. La différence d’interprétation entre le président et son ministre des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur ne manquait pas de sel : pour Aïssata Tall Sall, une telle attitude participait de la « diplomatie de souveraineté » cependant que le chef de l’État, nouvellement élu à la tête de l’Union africaine, pensait ne pas engager le continent en n’influençant pas les autres par son vote. Comprenne qui voudra.
La même ambiance prévaudra dans le refus du président de la République de faire bouger les lignes sur le report des Législatives du 31 juillet prochain, comme dans les autorisations de marches de formations insatisfaites des décisions à controverse sur les listes électorales menant aux joutes de l’été.
Macky Sall président a souvent été confronté à tort à l’opposant, dans des Var qui démontrent la sensibilité du pouvoir face à l’irresponsabilité de l’opposant d’autant plus opportuniste qu’il ne se voit pas au pouvoir ; ainsi le poursuivent certains engagements antérieurs sur l’égalité des chances pour tous, la moralisation de la vie publique par la reddition et la limitation de la durée et du nombre des mandats à la tête du pays. Imaginez alors la hargne des opposants actuels enhardis par une dynamique de changement née à la fois de la limite constitutionnelle (nul ne peut exercer deux consécutifs) et par une difficulté d’un pouvoir apparemment en perte de vitesse.
Mais Macky Sall veut prouver qu’il est encore là, même poussé vers la sortie depuis le 24 février 2019, à l’entame de son dernier mandat théorique. Il donne le change en multipliant les signes apparents de prolongation comme avec la Cédéao sur la passe unique de 2, les déclarations à l’emporte-pièce sur le…feu continu de sa présidence, encouragé sans doute par la médiocrité en face avec des coquins associés en Cour qui veulent s’abriter sous le manteau politique pour échapper aux poursuites judiciaires.

P. MBODJE