GMT Pile à l'heure

La Ligne du Devoir

L’escalier métaphorique du cinéma Lieu de subjectivité

L’escalier, l’espace métaphorique dans le cinéma

 

Que symbolise-t-il

dans les films de genre ?

(Partie 1)

Des réalisateurs classiques comme Hitchcock, William Friedkin et François Truffaut ont longtemps fait appel à la subjectivité dans la réalisation en éduquant le regard, l’observation du cinéphile à travers le langage cinématographique. Dans une de leurs œuvres, chacun utilisait l’escalier comme motif cinématographique récurrent permettant des prises de vues singulières acrobatiques et même virtuoses. En soi, ils l’utilisaient aussi parfois pour révéler les personnages et les amener à se rencontrer ou à symboliser l’univers dans lequel ils évoluent.

 

Par Chérifa Sadany Ibou Daba SOW,
Cheffe du Desk Culture

 

Escaliers dans Exorciste de William Friedkin

En 1880, le cinéma d’horreur a fait ses débuts avec les réalisateurs comme le maître de l’angoisse Alfred Hitchcock, Georges Méliès, pionnier du cinéma d’horreur. Ces réalisateurs de films d’horreur ont longtemps exploité de multiples procédés pour produire un effet effrayant sur le spectateur. L’architecture par exemple, dont certaines, comme les escaliers, sont génératrices d’angoisse. Retrouver donc les escaliers à l’écran n’a rien de surprenant mais certains réalisateurs en tirent un parti judicieux. Construction architecturale constituée d’une suite régulière de marches, les escaliers permettent aux prodigieux réalisateurs de métaphoriser leurs personnages dans des situations intrigantes.

En effet, le motif sur les escaliers se justifie par des mouvements de caméra, aux plongées et contre-plongées, aux rencontres fortuites et succinctes. Ce qui leur donne une valeur scénique ou symbolique. William Friedkin dans « L’Exorciste », se sert des escaliers pour rehausser l’horreur. Hitchcock dans « Sueurs Froides », utilisait des travellings compensés pour sur-signifier le vertige avec une caméra au plafond.

Comment les réalisateurs de films d’horreur utilisent-ils l’architecture pour générer l’angoisse et la peur chez le spectateur ?

Dans « L’architecture et Film d’horreur », un mémoire de master de Anissa Le Scornet, il est expliqué que l’escalier est essentiel pour montrer la transition d’un plan à l’autre, augmentant la peur du spectateur ; la figure de l’escalier est une structure dynamique et fragmentée. Souvent, les escaliers sont des lieux de crises ; leurs effets isolent et confinent les personnages. Ce sont les arènes des tensions psychologiques, surtout dans les films d’Alfred Hitchcock. Dans « Vertigo » (1958) par exemple, la scène de l’escalier met en exergue la maladie du protagoniste  : pris de vertige, il perd son travail puis la femme qu’il aime. Il était incapable de descendre les escaliers pour la rattraper et empêcher son suicide. Dans cette scène, Hitchcock, avec les escaliers, utilise une technique de zoom innovante et vertigineuse en expérimentant différents mouvements de caméra. Ce qui symbolise sa narration.
Le motif de l’escalier a-t-il cependant attendu l’écran pour exprimer sa puissance suggestive et picturale ?.

Anissa Le Scornet, dans son mémoire, cherche donc à déterminer ce qui provoque la peur en termes d’espace et à caractériser les espaces présentés dans les films d’horreur. De quoi a donc peur le spectateur exactement ?, se demande-t-elle.