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Les passerelles de la mer, de Dakar à Mumbaï…

Les passerelles de la mer,

 

de Dakar à Mumbaï…

La Porte du Troisième millénaire à Dakar serait-elle la sœur jumelle, dans l’espace géographique et non dans le temps vivant, de la Porte de l’Inde à Mumbaï (Gateway of India) ?

Emprunter une passerelle de la mer, invisible aux yeux des mortels, pour rejoindre Mumbaï, ce rêve suprahumain reste toujours à inventer…

Curieusement, après avoir découvert l’île de Gorée en 1444 (Dinis Dias), les navigateurs portugais ont découvert, en 1534, les Iles de Bahadur Shah, près de Mumbaï…

Gorée, Dakar, Mumbaï…

La ville de Mumbaï, en Inde, est située, comme la ville de Dakar, sur une presqu’île.

Parenté marine ou parenté génétique ?

La Porte du Troisième millénaire qui est constituée, en réalité, de trois portes, accueille, sur sa deuxième porte, une sculpture appelée ” Maam Boy ’’ (la mère).

Or donc, Mumbaï ou Bombay viendrait de la contraction de ” Mamba ’’ ou encore ” Maha-Amba ’’, nom de la déesse hindoue ” Mumbadevi ’’ et de ” Aai ” qui signifie ” Mère ’’ en marathi (une des langues pratiquées en Inde)

Une ” Mère ’’ relie les deux portes ouvertes, l’une sur l’océan atlantique et l’autre sur la mer d’Arabie.

Cette symbolique de la mère est forte- l’Afrique-mère -car la préhistoire nous enseigne que lors des migrations des ” premiers hommes ’’, le continent asiatique a été atteint, l’Inde en particulier et les Dravidiens qui se sont installés dans le Sud de l’Inde ont des origines africaines reconnues, y compris une parenté linguistique.

Les grandes civilisations dravidiennes étaient certainement parties du ” continent premier ’’, le continent africain, l’Afrique-mère…

Des traces d’écriture ont été découvertes dans les grottes du Tassili, dans le Sud de l’Algérie.

Les premiers hommes se déplaçaient à pied avant d’emprunter mers et océans.

Les grottes du Tassili ont révélé au monde, grâce au Français Pierre Lhote, en 1956-1957, les célèbres gravures rupestres du Tassili n’Ajjer (Algérie).

Le chemin emprunté par les hommes qui sont partis d’Afrique est passé par le Sahara, le Sahara des grandes civilisations, ” cinquante siècles avant les pyramides ’’ comme l’a écrit le conservateur du parc national du Tassili, Malika Hachid, dans son ouvrage savant (aujourd’hui épuisé), ” Le Tassili des Ajjers, aux sources de l’Afrique, cinquante siècles avant les pyramides ’’.

Les passerelles de la mer ont été empruntées par des cœurs volants mais elles ont été précédées par les “chemins de terre’’ ou les ” chemins de sable ’’…

Le choix du site de la Porte du Troisième millénaire donne encore à réfléchir, plusieurs années après son inauguration à Dakar, le 3 avril 2001.

En effet, la Pointe de Fann est située à proximité de celle-ci mais, surtout, des formes de vie y ont été révélées au néolithique, comme au Tassili, dans les fameuses grottes.

Qui envoyait des signaux à qui ?

Des liaisons intelligentes devraient enfin pouvoir être établies entre la mer et la terre ferme, en gardant toujours à l’esprit, que lorsque la mer avance, la terre recule…

La sculpture de ” Maam boy ’’ réalisée et posée sur la deuxième Porte du Troisième millénaire, représente celle-ci, le dos tourné à la mer, comme la sculpture du poète, posée au loin, face à la résidence baptisée ” les dents de la mer ’’ et qui est devenue le ” Musée Léopold Sédar Senghor ’’.

Pourquoi donc tournent-ils, ‘” Maam boy’’ et le poète des bolongs, le dos à la mer bleue ?

Les Portugais, navigateurs infatigables et poètes de toutes les mers, qui ont construit à Lisbonne, sur le Tage, le ” Pont du 25 avril ’’ inauguré le 6 août 1966, et qui ont découvert l’île de Gorée, savent qu’une ” passerelle de la mer ’’ pourrait relier, un jour, la Porte du Troisième millénaire à une île proche, l’île de Gorée.

Le mémorial Gorée-Almadies sera édifié à proximité de la Porte du Troisième millénaire et non loin de l’espace orienté vers le soleil, qui a accueilli, au mois de janvier 1999, l’exposition monumentale du non moins monumental artiste sénégalais, Ousmane Sow, intitulée ” La bataille de Little Big Horn ’’.

J’ai eu la chance voire le bonheur de visiter deux fois cette exposition qui a traversé l’Atlantique ; à Dakar, une première fois, ” face au soleil ” et à Paris, sur le Pont des Arts, lorsqu’il était minuit le 30 mars 1999…

Le Pont des Arts à Paris, la Passerelle du Président à Paris la Défense, la Passerelle de la mer à Dakar, capitale du soleil…

Mon nom est passerelle, pont et pyramide…

Des ” formes ’’ cachées existent sur le littoral, ” voir loin, c’est voir tôt… »3

Des formes ont jailli du plus grand atelier de céramique de l’Afrique de l’Ouest qui a existé, il y a quelques années, sur la Corniche Ouest, au village artisanal de Soumbédioune ; un atelier où officiait le maître incontesté de la céramique, Alpha Sow, qui a reçu en formation un artiste sénégalais célèbre, Souleymane Kéïta, le peintre du pays Dogon et de Gorée.

Grâces leur soient rendues.

Curieusement, Alpha Sow s’est retrouvé, après la fermeture de l’atelier de céramique du village artisanal de Soumbédioune, dans un autre village magique, le ” Village des Arts ’’ de Dakar, où la création artistique recommence tous les jours à zéro heure…

D’une passerelle à l’autre, la mer n’est jamais loin, la poésie non plus…

Les ” poètes de la mer ’’ attendent la dernière vague…

Celui qui t’empêche d’entrer, m’empêche de sortir ’’ écrivait il y a longtemps, Chams de Tabriz, de l’autre côté de la mer…

Dakar, Gorée, Mumbaï ou Bombay, un seul filet d’eau les relie…
Le néolithique parle

Vovo Bombyx,

Porte du Troisième millénaire
Dakar, 22 octobre 2022