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La Ligne du Devoir

Législatives-Wade fausse le jeu Il brise la dualité qui aurait pu donner la cohabitation

Législatives 2022

 

Le Pds tire les “Marrons”

du feu au propre

et sauve Benno

de la cohabitation

 

Abdoulaye Wade et le Parti démocratique sénégalais ont faussé  le jeu et brisé la polarité qui aurait pu donner la cohabitation à l’Assemblée nationale ; les résultats provisoires des élections législatives du 31 juillet rappellent étrangement ce qui vient de se dérouler en France où aucune formation majeure ne détient la majorité absolue. Ce qui laisse une marge de manœuvre au président Macky Sall sur le fil du rasoir. 

 

Engagé sur 2 fronts (Wallu et coalition Wallu-Yewwi), Me Abdoulaye Wade et le Parti démocratique sénégalais (Pds) gagnent en solitaire et en association, consacrant les Marrons au détriment des Verts qui ont enfoncé leurs candidats dans l’anonymat, en pensant que leur seule image sauverait la liste : doublement inconnu sur la suppléance en effet, Yewwi qui a refusé de donner sa chance au premier de la classe des remplaçants souffre aussi de la concurrence du Pds qui fait bande à part tout en gagnant grâce à Wade revenu in extremis au Sénégal et en grugeant une partie de l’électorat des Sonko et autres dont il les frustre. Ousmane Sonko avait adroitement travaillé sur une dualité Benno Bokk Yakaar-Yewwi Askan Wi qui aurait conduit à une cohabitation forcée à l’Assemblée, faute d’une majorité absolue tel que le laissent supposer certaines tendances observées depuis 2019.

Certes, en valeur intrinsèque, Yewwi Askan Wi prend largement le dessus sur le pouvoir coalisé et devient de ce fait le premier mouvement politique du Sénégal ; à l’analyse toutefois, la faible participation et le manque d’enthousiasme de la jeunesse lassent supposer qu’une société morale a rejeté le courant  arriviste qui s’y voyait déjà, comme avec Mélenchon en France quand le pouvoir joue sur la proximité et son bilan pour se tirer d’affaire. Au-delà d’une communication scabreuse, la jeunesse semble refuser une volonté de couvrir l’impunité n’est pas passée, bien qu’une partie des populations ait traduit un délitement social notable depuis les événements de mars 2021 : Goebbels qui s’est retrouvé aussi bien à gauche qu’à droite n’a pas réussi au-delà d’un certain délai de maturation sociale qui a dégrossi le mythe du complot propre aux hommes politiques.
À l’analyse en effet, pouvoir et opposition doivent alors  s’interroger sur la force juvénile qui les a aussi sanctionnés en refusant d’avaliser un jeu sans loi autre que le bon vouloir du prince ; ce refus des jeunes doit donc s’interpréter comme un appel à une nouvelle redéfinition de la démocratie sénégalaise.
Le poker menteur dans lequel vit le Sénégal politique se précise après le virement du 28 juin et les revirements et autres Combinazioni entre taupes, maquisards dans le Macky et autres audiences secrètes étalées sur la place publique  ; l’opposition et le pouvoir s’enfoncent de plus en plus, dans un jeu apparemment contrôlé par le pouvoir : pour renforcer la majorité présidentielle, on hume, fume et transhume, ce qui devrait se vérifier d’ici la fin de l’année.

P. MBODJE