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La Ligne du Devoir

Giles Sala, un ange noir de charme

Gilles Sala

L’Ange chanteur

de charme

Pour une fois, Wikipedia est battu : n‘y cherchez pas Gilles Sala. Pas la moindre ligne de cet auteur des pages culturelles de Bingo, le magazine du monde noir (1953 – 1991) et Awa, la revue de la femme noire. Les références musicales et la discographie noires étaient recherchées en ces temps-là. Il y était avec Moune de Rivel au sourire ravageur. Ousmane Socé Diop, le Révérend Ebongue Soellé et l’incontournable Paulin Joachim assuraient la ligne éditoriale.

Guadeloupéen né au Cameroun de mère pianiste et de père guitariste. Sa grand-mère était aussi musicienne et son grand-père chantait. Les parents du petit Gilles qui n’a que deux ans décident de s’en retourner à la Guadeloupe.

Il passe son adolescence à Pointe-À-Pitre. Passionné de chansons, il obtient d’animer une émission à radio Guadeloupe. Afin de poursuivre ses études, il vient à la Martinique s’inscrire à «  L’école des arts appliqués » ; ce faisant, il prend contact avec Anderson Bagoe et le Groupe folklorique martiniquais. Au bout de cinq années d’études et d’émissions radiophoniques, la guerre 1939-1945 terminée ; il quitte la Martinique en 1947 pour des études supérieures à l’école de la rue d’Ulm à Paris. La grande capitale foisonne de musiciens antillais et guyanais, Gilles est dans son élément. Il peut faire  « le bœuf » à l’occasion avec divers compatriotes.

Sa rencontre avec Ernest Leardee lui permet de faire son premier enregistrement  « Haïti Chéri » qui sera un immense succès. En 1948, il rencontre le clarinettiste Loulou Mogere ; ensemble, ils décident de faire un enregistrement au studio  « Music Monde » :  trois biguines et une mazurka sont sélectionnées :

Créole aux yeux si doux (du folklore antillais)

Ces zazous la (co-signé par Gilles Sala et Leardee)

Chouval cor lô cô tor (de Raymond Domiquin) et

Piment zouezo une mazurka de Mogere).

La voix de Sala est chaude et appréciée. Cela lui procure des offres d’enregistrements. Il en fera au total environ cent cinquante. Sa chanson fétiche s’intitule  « Kalou », une composition de Humberto Texera ; il voyage un peu en Europe. Durant un séjour en Allemagne, il compose et enregistre sur place deux titres  « Adieu mon rêve » et  « Te dire adieu ».

La fameuse chanson de Marino Marini, « La maman la plus belle du monde » a été aussi un de ses plus gros succès.

Dans le courant des années cinquante, il se rend en Afrique et séjourne à Dakar et à Abidjan. Cela lui ouvre des horizons nouveaux. Il s’implique dans la musique africaine et fait un énorme travail dans ce domaine. En 1983, il obtient une émission d’animation en direction de l’Afrique à  « Radio Europa 1 » devenue peu de temps après  « Radio Africa N°1 ».

Peintre, photographe, graveur, poète et autres, Gilles Sala a consacré sa vie à mettre en exergue la valeur de l’homme noir. Il a reçu plus de deux mille artistes.

Quelques-uns de ses nombreux succès :

Maladie D’amour – Un Air d’Hawaï – Blues Mélodie – Adieu Foulard – Marie Des Iles – Une Echarpe De Mousseline – La Voyageuse – Le Diable Est Dans Ton Cœur etc. toutes ces chansons furent chantées tant à l’Olympia, qu’a Bobino, à l’Alhambra (Maurice Chevalier) et dans nombre de cabarets.

(Aude Bagoe)

Les obsèques de Monsieur Gilles Sala (Alias le Chanteur de Charme, ancien animateur à Radio Guadeloupe, Radio Europa 1, Radio Africa N°1, Musicien auteur-compositeur-interprète, poète, peintre, producteur, photographe) décédé à l’âge de 90 ans le vendredi 9 décembre 2016 ont été célébrées le jeudi 15 décembre en Haute Savoie.

Nota : Avec alrmab.free.fr