France-Un Pm sous toute réserve Les possibilités s'offrent plus à Mélenchon qu'au pouvoir
Mélenchon Premier ministre
La « réserve» sur laquelle
mise Élisabeth Borne
ne permettra pas de
«dévaliser la banque»
La majorité sortante compte sur une réserve plus importante au second tour des Législatives, le 19 juin, pour éviter la cohabitation avec Jean-Luc Mélenchon.
La Négraille des îles et ceux qui recherchent leur dignité hexagonale pourraient cependant faire la différence, de même que le socialisme royaliste d’une société en guerre contre un président contesté dès son élection.
La République en marche débordée par la formation arc-en-ciel de Jean-Luc Mélenchon se console d’une réserve plus importante pour chasser le spectre de la cohabitation. À jeu égal avec la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes), Ensemble, la coalition du président Emmanuel Macron n’a pas réussi à « dévaliser la banque » comme en 2017. Ainsi, le syndrome Morsi qui a mordu Emmanuel Macron contesté à peine élu est une lecture claire d’un mandat renouvelé sans flamme le 24 avril dernier, pâle copie du score stalinien de Chirac devant Le Pen père en 2002 qui atténue d’autant l’aura du président français que 2022 n’a pas vérifié l’enthousiasme débordant de l’électeur de 2017 revenu de ses illusions dès 2018.
La différence dans l’attribution des sièges pour un pourcentage égal est curieuse (entre 275 et 310, selon les projections, contre 180 à 210 députés pour la Nupes) et explique sans doute les soupçons de manipulation formulés par Mélenchon & Co. Ce qui serait un précédent dangereux.
Celle qui est arrivée en tête dans la sixième circonscription du Calvados avec 34,32 attend probablement le second tour pour faire la passation avec Jean-Luc Mélenchon ; Élisabeth Borne compte sur la « présence massive » sur le terrain pour se refaire une majorité qui échappe pour la première fois à la coalition au pouvoir. Les Français ont sans aucun entendu le leader de la France insoumise appeler à l’élire Pm : les DOM-TOM ont pu voter Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, le 24 avril dernier, pire offense à l’absence d’alternative ; au-delà de la forte abstention des électeurs ultra-marins, le sort peu enviable des candidats de la majorité donne déjà un aperçu de ce que devrait été le second tour. Au demeurant, la « dynamique » observée depuis 2018, les soupçons de manipulation et les cultures urbaines sous-jacentes avec les Verts et Écologistes suggèrent Mélenchon Premier ministre avec l’appel du 19 juin. Surtout que les Républicains qui se veulent de l’adversité républicaine ne semblent pas encore se relever de la lourde chute de leur parti déchiré par les ambitions personnelles.
P. MBODJE